Deux voix
féminines.
Comme un débat.
Comme en débat.
Et pour moi une
leçon. Comme à l'école, une leçon de choses : à partir du concret, faire
acquérir une idée abstraite.
Elles parlent de la
crise, la crise sanitaire. Et tous ces gens touchés, nous le sommes un peu
tous.
Tous ces gens
concernés. Ils seraient moins nombreux. Tous les impliqués qui risquent,
évidence, bien plus que tous les autres réunis.
Ce sont tous les
indispensables, les inévitables, les essentiels, les nécessaires, les ceux sans
quoi, les ceux sans qui. Ceux qu'on ne voyait plus guère, ou plus assez, ou qui
à force d'exister là où ils sont, finissaient par ne plus être vus. Des
invisibles peut-être.
Invisibles
existences. Destins que l'on dirait communs, dans des métiers que certains
diraient normaux, subalternes, sans vrais pouvoirs sinon celui d'être là quand
et où on leur demande, de faire ce qui leur est demandé au mieux. Parce que
c'est leur métier finalement.
Et soudain une
évidence ils sont nombreux et elles sont nombreuses. Tant de gens qui
pourraient se dire absents et qui pourtant sont là. Parce que cette leçon de
choses se termine pour moi par cette évidence, cette idée abstraite : que
ferais-je sans ces invisibles, ces femmes – si nombreuses et peut-être
majoritaires – et ces hommes, ces souvent mal rétribués, que serions-nous sans
elles, sans eux.
Tous les métiers
sont importants. Certes. Et nous apportons chacune et chacun notre part à la
communauté humaine. Mais certaines, certains sont plus indispensables que
d'autres. Clarté d'une évidence que je finirais par oublier, esquiver, mettre
de côté. Ce sont tant de personnes qui chaque jour jouent (?) ces rôles d'incontournables
invisibles tellement présent(e)s auxquel(le)s nous devons plus encore en ce
moment.
J'ai noté tous ces
métiers de femmes et tous ces métiers d'hommes qui chaque jour rendent nos vies
possibles, ça en fait un paquet ! Je vous invite à faire le test. Il est révélateur.
Si vous avez le temps supprimez les métiers un à un et voyez ce qu'il advient
de la société si on les supprime… J'ai listé tous ces lieux de mon quotidien où,
habituellement, je rencontre ces femmes et ces hommes, et j'ai été surpris.
J'ai fait la balance femmes / hommes et j'ai été stupéfait de constater comment
se répartit cette balance (oui, je sais, tout le monde ne peut pas faire tout
et c'est heureux).
Après toute leçon,
il y a un devoir : mémoire et revendication. Parce que demain, il nous faudra
nous battre avec les moyens propres à chacun pour que tous ces métiers
retrouvent une valeur qu'ils n'auraient jamais dû perdre tant ils sont premiers.
En commençant par une bien indispensable, inévitable, essentielle, nécessaire
et juste gratitude.
© andré elleboudt