dimanche 30 août 2020

C'était quoi ma question ?

 

Il me dit "tu es vieux".

C'est un petit enfant

qui m'a murmuré ça.

On devient tous un jour

le plus vieux d'un cadet.

A cela, point d'issue.

Souvent l'autre question

"c'est quand que tu mourras".

A cela, point d'abri,

un jour, c'est sûr, mais quand ?

Elle dit "c'est quoi après ?".

Je réponds "après quoi ?".

"Oh, tu le sais bien" dit-elle.

Serait-on, là aussi,

d'un autre le plus mort ?

C'est l'âge de chacun

qui pose la question.

Puis la vie continue

chacun bien abrité.

Nos esprits créent des murs,

confortables remparts

affrontant l'inconnu.

Mais qu'on le veuille ou non

il est de ces questions,

orbites assidues,

qui meublent nos nuits noires

et qui jamais ne sont

assouvies. Rassurant…

 

'Ah mais oui dites-moi,

c'était quoi ma question ?'.

 

© andré elleboudt

mardi 25 août 2020

Intérêt... ou capital ?

C'est comme si on voulait, peut-être le veut-on,

ranimer illico tout cela qui nourrit

le monstre capital et le peu qui en vit.

Remplissez les charters et tous les avions

et tout ce qui rapporte... Comblez tous les Thalys…

Envahissez sans peur les centres commerciaux…

Complétez les écoles car il faut libérer

les parents travailleurs et les petites mains…

Venez vous dépenser mais sans jamais risquer

un pas sur le côté, le masque dételé,…

Venez, obéissez c'est vous qui sauverez

les Bourses et puis les banques et le GRAND capital… !

 

Mais surtout éviter, ne pas privilégier

tous ces petits commerces et les indépendants

fondant nos sociétés et ouverts aux contacts,

les salles de spectacles qui nous donnent à penser,

tous les stades et les sports voix de tant de transports,

tous les lieux de parole, de solidarités,

là où on peut se dire et qui souvent guérissent,

tous les réseaux sociaux, ceux qui sont bien réels

et repensent le monde, dans l'intérêt de tous…

 

Faites-en un réflexe, évitez donc ces là

où la vie des quartiers se fait mots et couleurs

où chaque création permet de se parler,

débattre et mesurer les enjeux de demain,

où l'ambiance des sports allume les passions

et crée le lien social,… Fuyez-les car c'est là

que se terre l'ignoble, l'hypocrite ennemie,

cette chose invisible dont l'unique dessein

est de tuer, horreur, les très grandes surfaces,

les moyens colossaux, l'anonymat douillet

des tenants convaincus, actionnaires convertis

du monstre Capital qui nous chérissent tant.

 

© andré elleboudt

samedi 22 août 2020

Obèse ? Etique ?

 

J'ai beau écouter, je les entends peu. Et peut-être pas. Ceux-là au(x) pouvoir(s). Nous sommes nombreux parmi tous les gens à nous demander de quoi un demain sera fait. Qui sait ?

Penser, préparer, qui va s'en charger ? On dit 'tout ira'. Et c'est quoi ce 'tout' ? D'où venons-nous et que s'est-il passé ? Ce qui aurait dû, qui n'a pas été ? Le ver dans le fruit, crises récessions, signes et surdité ? Et puis, et puis, et… Alors que fait-on ?

Dépendance et puis, surproduction et puis ? Le travail pour quoi, les emplois pour qui ? Économie, quoi, croissance, qui ? Ressources pour quoi, équité pour qui ? Le climat pour quoi, l'eau et l'air pour qui ? Les forêts pour quoi, les glaciers pour qui ? Humanité obèse, humanité étique ?

Tout ira-t-il bien ? Que dit le pouvoir et que prévoit-il ? Le pouvoir des gens ? Les talents des gens ? Les forces des gens ? les idées des gens ? Délire ensemble ? Lucides ensemble ? Le pouvoir des gens, sur quoi le fonder, comment exprimer sa force et son droit ? Quand se réveiller, quand se fédérer, piquer le vivant dormant en chacun ? Obéir et subir, avoir peur, errer ?

Retrouver la vie, lui donner un sens. Comment on va où, avec qui et quand ?

 

© andré elleboudt

mardi 18 août 2020

C'est peu dire

Quand ils se laissent aller,

c'est peu dire que les vents

sont, au gré du gaillard,

typhon, brise ou mistral,

zéphyr, bise ou vents fous...

Ainsi, la météo,

qui n'est pas, on le sait,

la science très exacte

des humeurs du climat

donnerait des leçons

d'orgueil et de savoir

à mon esprit grégaire.

 

La douleur est, je crois,

un vrai microclimat

capable en un instant

de prendre ou de donner.

De prendre du bonheur

en donnant du tourment,

de donner un boulet

en prenant l'euphorie,

de prendre la chaleur

en donnant la brûlure,

de donner les épines

en prenant le parfum.

 

A prendre et à donner,

ma météo détruit.

M'a-t-elle câliné

que je vais le payer.

 

© andré elleboudt


jeudi 13 août 2020

Inhabité

Fatigué, cafardeux,

égaré, détaché,…

ces cadeaux de la vie

la rendent inhabitée.

On dit la maladie,

on dit le caractère,

on dit la génétique,

on dit et les on-dit

n'aident pas à loger

au dedans de ce corps

qui divague et délire.

Pourquoi donc répéter

cela qui ne va pas,

dont on sait le chemin,

les ravins, les abîmes ?

Que reste-t-il alors

que se terrer pour mieux

se taire et s'ébouler ?

 

© andré elleboudt

lundi 10 août 2020

Débat

 

Échanges d'arguments, de réponse en question, un débat se construit.

Et parfois le ton monte. Le silence s'abat. Le débat tourne court.

Je le crois, je le dis. Je le pense et persiste. Et le débat s'abîme.

J'oubliais, on est deux. Les frimas se partagent. Puis le débat hiberne.

Chacun s'est accroché. On n'a pas écouté, préparant nos réponses.

 

Je me dit qu'il vaut mieux parfois avoir la paix

plutôt que de vouloir avoir le dernier mot.

 

© andré elleboudt

jeudi 6 août 2020

Hubert

 

C'est un chercheur. Patient. Parfois il cherche en vain.

Mais il cherche et alors réfléchit et s'informe,

sollicite et suppose, imagine et pressent,

découvre et n'est pas sûr, demande des avis,

revoit son opinion,  publie et prend le risque

qu'alentour on enquête, vérifie, analyse.

C'est la règle du jeu. La science est ce chemin,
varappe de questions, probable en dévers.

Peut-être l'oublie-t-on.

 

Je pense à notre quotidien, le quotidien de tous.

Au défilé des jours nous sommes tous aussi

confrontés aux questions, aux doutes, aux certitudes,

aux fausses certitudes : éduquer un enfant,

plus de sel que de poivre, audaces politiques,

du round up au jardin, frites à l'huile, pas de frites,… ?

Notre nouveau voisin, devenu ordinaire,

le Covid chaque jour nous baigne malgré nous

dans tous ces jeux d'idées.

 

C'est un savant barbu qui me donne à penser.

Il voyage souvent aux Reeves des planètes.

Sa marque de fabrique ? Un fort accent d'ailleurs.

Il suggère une piste. Il nous faudra, dit-il,

apprendre au quotidien à côtoyer le doute

et aussi éviter tout le prêt-à-penser

débilitant l'esprit. 

 

© andré elleboudt

dimanche 2 août 2020

Un vrai plaisir de bouche

Il y a le regard. Comme unique rempart contre un pâle mutisme.

Deux yeux qui tâchent au mieux de délayer les mots enfouis sous le coton.

 

Le jeu est incomplet car bien plus que le dire nos lèvres signifient

le non-dit de nos mots, mimant et grimaçant, forçant aussi le trait.

 

Mais on ne les voit plus et, seules, nos oreilles, dans un rôle inouï,

se trouvent aux avant-postes du repas quotidien, du menu des bavettes.

 

Quand tomberont les masques éloignant ce minus qui virusse nos vies,

renaitra un plaisir,un vrai plaisir de bouche, le langage des lèvres.

 

Penser les lèvres closes. Se les mordre en doutant. Les pincer de mépris.

Se dire en souriant. Rêver la bouche ouverte. Enfin parler sans mot.


© andré elleboudt

Astre

Aux abonnés absents depuis beaucoup de lunes le soleil, ce seigneur, fit subir aux humains la nuit. Révolution! ...