dimanche 29 mars 2020

Premiers


Deux voix féminines.
Comme un débat. Comme en débat.
Et pour moi une leçon. Comme à l'école, une leçon de choses : à partir du concret, faire acquérir une idée abstraite.
Elles parlent de la crise, la crise sanitaire. Et tous ces gens touchés, nous le sommes un peu tous.
Tous ces gens concernés. Ils seraient moins nombreux. Tous les impliqués qui risquent, évidence, bien plus que tous les autres réunis.
Ce sont tous les indispensables, les inévitables, les essentiels, les nécessaires, les ceux sans quoi, les ceux sans qui. Ceux qu'on ne voyait plus guère, ou plus assez, ou qui à force d'exister là où ils sont, finissaient par ne plus être vus. Des invisibles peut-être.
Invisibles existences. Destins que l'on dirait communs, dans des métiers que certains diraient normaux, subalternes, sans vrais pouvoirs sinon celui d'être là quand et où on leur demande, de faire ce qui leur est demandé au mieux. Parce que c'est leur métier finalement.
Et soudain une évidence ils sont nombreux et elles sont nombreuses. Tant de gens qui pourraient se dire absents et qui pourtant sont là. Parce que cette leçon de choses se termine pour moi par cette évidence, cette idée abstraite : que ferais-je sans ces invisibles, ces femmes – si nombreuses et peut-être majoritaires – et ces hommes, ces souvent mal rétribués, que serions-nous sans elles, sans eux.
Tous les métiers sont importants. Certes. Et nous apportons chacune et chacun notre part à la communauté humaine. Mais certaines, certains sont plus indispensables que d'autres. Clarté d'une évidence que je finirais par oublier, esquiver, mettre de côté. Ce sont tant de personnes qui chaque jour jouent (?) ces rôles d'incontournables invisibles tellement présent(e)s auxquel(le)s nous devons plus encore en ce moment.
J'ai noté tous ces métiers de femmes et tous ces métiers d'hommes qui chaque jour rendent nos vies possibles, ça en fait un paquet ! Je vous invite à faire le test. Il est révélateur. Si vous avez le temps supprimez les métiers un à un et voyez ce qu'il advient de la société si on les supprime… J'ai listé tous ces lieux de mon quotidien où, habituellement, je rencontre ces femmes et ces hommes, et j'ai été surpris. J'ai fait la balance femmes / hommes et j'ai été stupéfait de constater comment se répartit cette balance (oui, je sais, tout le monde ne peut pas faire tout et c'est heureux).
Après toute leçon, il y a un devoir : mémoire et revendication. Parce que demain, il nous faudra nous battre avec les moyens propres à chacun pour que tous ces métiers retrouvent une valeur qu'ils n'auraient jamais dû perdre tant ils sont premiers. En commençant par une bien indispensable, inévitable, essentielle, nécessaire et juste gratitude.

© andré elleboudt

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