mercredi 30 janvier 2019

Lever l'encre


Au fin bout de la plume
soudain paralysée,
l'encre noire s'épaissit
et finit par ancrer
le délié des mots.
Je pris le capuchon,
revissai le stylo,
le posai sur la feuille ;
j'attendis, impatient,
de pouvoir lever l'ancre.


© andré elleboudt

dimanche 27 janvier 2019

Terre...ne




C'est un jour sans soleil

et les oiseaux se taisent.

Ils ne pressentent en rien

l'arrivée du printemps.

La clarté née du ciel

resterait un mystère

si depuis si longtemps

la science n'expliquait.

Mais ce clair de l'obscur

altère à sa façon

la joie qui simplement

voulait pour un bonheur

poindre si doucement.



Et la journée fut terne.

© andré elleboudt


jeudi 24 janvier 2019

Tempus

 
Comment donc le nommer ?
Ou de quoi l'habiller
tant il est propre à tous
et commun à chacun.
Long, lent, fugace ou moche,
espéré, craint ou mort,
à perdre ou à donner,
libre et pourtant si rare…
Nous n'avons pas de mot.

Le temps n'a pas de nom.

© andré elleboudt

lundi 21 janvier 2019

Ubuntro


Icono Experience Life

Déjà ils la subissent.



Depuis un très long temps.

Ignorent sa présence.

Pressentent le malaise.

Souvent, ils l'attribuent

à l'incurie, pour sûr,

des autres tout autour,

à la vie si injuste

ou aux lois qu'ils se donnent

car on l'a toujours fait.

Ils ne vont pas très bien,

ils oublient et prétendent

garder claire mémoire.

Ils ne sont pas très bien,

étranger à eux-mêmes ;

la fatigue terrasse

leurs énergies fugaces.

Cependant ils se battent,

poursuivent le chemin

nonobstant la rumeur.

Et puis, tout doucement,

le miroir se déforme.

Ils excluent de s'y voir.

A leurs côtés alors

les relations s'altèrent.

Eux aussi se détournent

d'une ombre qu'ils renient.

Bientôt ils seront seuls.

Le travail adulé

fera de nouveaux morts.



A trop avoir bossé

la vie les a quittés.

Ils avaient tout donné,

éblouis qu'ils étaient

par ce dieu insatiable.

Ubuntro.

© andré elleboudt

dimanche 20 janvier 2019

Capituler





"On vieillit, écrit-il,
à coup de capitulations.*"

On ne rajeunit pas
à coup d'infaillibilité.
J'ai vu bien des despotes
s'étrangler de LA vérité.
Beaucoup de cœurs simples
m'ont éclairé de leur bon sens.

© andré elleboudt


*Nicolas Dickner

vendredi 18 janvier 2019

Sous-titre


L'image de la télé s'adressa au sous-titre.
Pourquoi faut-il toujours que toi, tu contrefasses
les mots que je prononce en lettres italiques ?
Ma foi, je parle droit et ne demande en rien
que toute paraphrase s'incline en mon sillage.

O diable, que d'honneur, Madame mon image !
Je ne m'incline pas et tâche simplement
de voiler ton discours, car l'humain qui nous hante
se réjouit, crois-moi, de ce que quand tu dis
les mots de sa pensée, je permette à son cœur
de dire tout autre chose, c'est la nature humaine.

Il y a chez nos hôtes un poids, une mesure.
Tu es ce que lui dit, j'écris ce que lui pense.


© andré elleboudt

mercredi 16 janvier 2019

Enfer




Entouré
de ce vide
qui occupe,
insensé,
ce qu'il reste
de moi.
Paralysé
sans fin
à ne pouvoir
penser.
Immensément
perdu
en des terres
connues.
J'étais
comme un con
et je me demandais
vers quel endroit
aller,
quel chemin
emprunter.
Des regards
ne perçaient
plus jamais
les secrets
de mon être,
j'étais
un inconnu.
Quand les jambes
ou
les bras
immobiles
refusent
l'habitude
des jours
la vie
est malaisée.
Quand
l'esprit
vient à perdre
ses repères
et sa voix
la vie
est
un enfer.

© andré elleboudt

vendredi 11 janvier 2019

Saloon



Au cœur d'un vieux saloon
oublié de beaucoup
s'use un pourri crachoir
qui ne goute plus rien.
On en viendrait, me dis-je,
à ne plus y penser
sauf en temps de néant.
Étonnant, dira-t-on,
que le néant soudain
donne vie aux crachats.
Quand tout va, grands soleils,
de bave et de crachats
il n'est jamais question.
Quand le temps est au lourd,
alors, du fond des voix
surgissent des aigreurs,
des mots et des pensées
assassines et bien plus.
Mais le bas du crachoir
ne garde rien pour lui.
Celui qui y vomit
son cœur et sa rancœur
les reçoit au visage
par la bave et les mots
des ballots du saloon
qui sont, puants oracles,
autant ceux qu'on haït
que ceux que l'on vénère.

© andré elleboudt

mardi 8 janvier 2019

Etiage




Nous étions, elle et moi, nous ignorant du cœur.
Les mots nous désertaient, nos regards se croisaient,
nos pas accompagnaient le silence des âmes.

Oh, bien sûr, les soupirs narraient la discrétion
de nos ressentiments. Car chacun, à son tour,
chuchotait le secret du fiel accumulé.

Nos mots habituels s'étaient perdus, feutrés,
retenus puis muets dans l'écheveau idiot
de l'incompréhension. Etiage verbal.

Il est de ces silences que même l'ouïe fine
ne pourrait percevoir, pointiller, translater.
Il faut bien d'autres sens pour percer le secret
du mal-être de deux qui, à force d'aimer,
ont oublié cet art de parler, de se dire.

© andré elleboudt

samedi 5 janvier 2019

Un(e)


Une voix,
puis une sensation.
Un timbre,
puis une mélodie.
Un décor,
puis une douceur.
Une ambiance
puis une sérénité.
Un espace
puis une paix.
Un univers,
puis une solitude.
Un être,
et un bonheur.

© andré elleboudt


mardi 1 janvier 2019

Présidents ?


 
J'ai ouvert le dico et l'ai tout retourné.
Oui, oui, j'ai tout fouillé et je n'ai pas trouvé
le mot que je cherchais. C'est un peu compliqué
tant il porte en son sens le tout et son contraire.
Le blanc et puis le noir, le diapré, l'uni,
l'accueil et le repli, le pâle et le foncé,
le droit et le devoir, le pouvoir absolu,
démocraties bidons, dictatures travesties,
ou lois liberticides aux allures placides,
des parlements soumis, des médias baillonnés.
Tout ceci et tout ça, sans sembler y toucher.

Je me sentais soucieux, je ne trouvais le mot
qui me dirait, sans faille, le sens de tout cela.
Et c'est un dictateur, qui se dit défenseur
des droits de son pays et de ses habitants,
qui dans un long discours, m'a éclairé un jour.
Il a utilisé ce sens que je cherchais.
Illibéralisme !

Viktor et Jaroslaw, néothéoriciens,
d'expliquer que chez eux démocratie se meurt.
Il faut que les élus reçoivent du bon peuple
lors de vraies élections, le pouvoir absolu,
seul moyen, selon eux, de rendre l'élection
l'inaliénable seuil du couloir souverain
menant enfin, au vrai, au seul gouvernement
ami de la patrie, de la virginité
que seule la nation offrira désormais
à tous les citoyens qui méritent cela.

La justification semblera nébuleuse.
C'est le prix à payer pour pénétrer au cœur
du génie politique de quelques présidents.

© andré elleboudt

Astre

Aux abonnés absents depuis beaucoup de lunes le soleil, ce seigneur, fit subir aux humains la nuit. Révolution! ...