samedi 27 février 2016

... à la joie



Au loin on entendait le son particulier du glas de nos contrées.
Ce messager maussade annonçait-il encore de funestes nouvelles?
Il sonnait, résonnait et chacun s'inquiétait, de qui s'agissait-il.
Curieux, le sacristain s'en vint et, confondu, découvrit un clocher
désert, inattendu. Du bourdon aux clochettes, le carillon ému
regardait, ahuri, le glas s'abandonner en sombres bercements.
Pourquoi fallait-il donc qu'il ne soit l'émissaire que du triste et du noir?
Lui aussi aimerait se dandiner de joie, tanguer d'alléluia.
Si un jour vous passez par-devant une église, que sortent des mariés
sous les volées joyeuses d'un campanile aux anges, arrêtez, écoutez.
Les unes vous diront qu'il est doux de s'aimer. Et si vous percevez
un peu de nostalgie, c'est le glas qui prend part à cet hymne à la joie.

© andré elleboudt

samedi 20 février 2016

Curieux





C'est un état curieux celui d'être incertain.
Il contient en son nom le sûr et le douteux.
Endurer son emprise c'est être suspendu
entre deux univers, subissant un vent fort.
Osciller indécis, balancer dépourvu
et toupiller ignare au cœur même de sa vie.
Cependant il arrive que vivre en cet état
est peut-être bien mieux que péter d'assurance…



© andré elleboudt

lundi 15 février 2016

Génocide




















Un champignon un jour
trouvait sa vie banale.
Il se sentait petit
et souffrait en silence
par la faute turpide
de ceux qui, bien plus grands,
le couvraient d'un ombrage
et humectaient ses nuits.
Il se prit à penser
qu'un lever de soleil
serait bien plus goûteux
que ces rosées frigides
et qu'à midi un jour
il espérait bronzer.
Ces grands arbres sérieux
se prenaient pour des dieux
et leurs feuilles en automne
frigorifiaient son lit.
Il se mit à rêver
que d'aucuns outillés
viendraient les mutiler
et couper de la sorte
leur sifflet d'arrogance.
Ainsi fut fait; tombés,
les arbres libéraient
la lumière et la vie.
Le champignon, heureux,
louait l'intelligence
des humains aux outils.
Mais bien mal lui en prit
car soudain la clarté
aveugla les fongus
qui après l'un, les autres
séchèrent et puis moururent.
La vie était partie,
les arbres abattus,
les champignons rôtis.
Mais de ce génocide
nul ne connut l'auteur.


© andré elleboudt

samedi 13 février 2016

Marais



C'est l'union indécise de l'eau et de la terre,
comme un large marais. Et pourtant pas vraiment.
Le fluide évasif vit libre du solide.

Les vagues sont joyeuses, le bruissement chantant.

Et par dessus cela les herbes et les joncs
racontent le plaisir de trembler aux vents doux.
Puis quand tombe le soir ce qui apparaissait
nature fragmentée devient monde curieux.

Ce sont les bruits alors qui distinguent les corps
et que s'envolent au ciel l'eau, la terre en concert.


© andré elleboudt

vendredi 5 février 2016

Vélo

Résultat de recherche d'images pour "vieux pédalier"


Je poussais mon vélo
ignorant où aller.
J'aurais aimé pourtant
pédaler loin devant.
Mon esprit avançait
et mon corps immobile
s'inquiétait de l'histoire.
Etait-ce bien sérieux?
Comment donc barouder
avec des chairs inertes?

C'est alors que la chaine
emballa les pédales,
mes mollets pétrifiés
se mirent à cavaler.
Et mon humeur coquine
expliqua à mes membres
que parfois le trafic
de l'être est surprenant.

A trop philosopher
le corps vient décider.


© andré elleboudt

Astre

Aux abonnés absents depuis beaucoup de lunes le soleil, ce seigneur, fit subir aux humains la nuit. Révolution! ...