Expulser

Il faut les expulser car ils vont menacer notre sécurité. Tous ces enfants sont nés chez nous puis ont quitté leurs maisons, entêtés, pour se battre et lutter pour un monde enragé. Ils se sont mesurés, quelques-uns sont rentrés. Il faut les expulser car ils vont menacer notre sécurité. Ces quelques mots lancés donnent vite à penser.
-    Notre sol est sacré, on ne peut tolérer qu'il soit violenté!
-    Mais peut-on l'empêcher? Notre pays n'est pas un îlot isolé.
Un jour, tous nos élus, enfin, beaucoup d'élus ont voté, assurés, qu'il fallait empêcher ces fous de nous toucher et aussi de tuer au loin, là-bas, chez eux. Seraient-elles hermétiques les frontières en Belgique?
-    Et si on déclarait à ces illuminés la guerre et son tonnerre. On résoudrait ainsi bien des difficultés.
-    Mais la guerre pour quoi faire?
-    On la fera la guerre, forts, en coalition.
-    La guerre, mais pour quoi faire?
-    Il faut bien les faire taire!
-    Depuis plus de vingt ans on se bat sur les terres, les sables d'Orient, vingt années pour quoi faire?
-    La guerre il faut la faire car on est solidaire. On la fera la guerre, bien sûr que c'est misère! Mais sans pertes sévères. Seuls tous ces hérétiques seront tués, magique. 

Quant aux hommes et aux femmes et aux petits enfants qui seront abattus nos fleurs et nos pensées, nos mots, nos monuments leur seront destinés. Par solidarité.

Sans savoir

J'avance
sur un sentier
de crête,
entre deux
infinis
aux deux côtés
de moi.
Mes pas
sont assurés
et quand l'esprit
cafouille
ma volonté reprend
le contrôle
du chemin.
Vivre
c'est un peu ça;
avancer
certains jours
sans savoir.

Générosité

Quel sens as-tu,
générosité
si, voulant me donner
je me casse le nez?
Mais que signifies-tu,
générosité
si, pensant me donner
je me lasse, épuisé?
Et quel goût as-tu,
générosité
si, en fin de journée
je me casse, dépité?

Méditerranée

Méditerranée, toi du milieu des terres,
quand donc hurleras-tu la folie de nos indifférences?
Méditerranée, toi au milieu des hommes,
quand donc aborderas-tu les quais de nos indécences?
Méditerranée, toi la mer du milieu,
quand donc inonderas-tu les ports de nos insouciances?
Méditerranée, toi la mer du demain,
quand donc saborderas-tu les cales de nos absences?
Méditerranée, toi la mer de l'espérance,
quand donc briseras-tu les barrages de nos violences?
Méditerranée, toi la mer de nos vacances,
quand donc lèveras-tu les brumes de nos consciences?

Con-puter

Je suis resté sans voix
car mon vieux computer
s'est planté ce week-end.
Le malheureux gaillard
a perdu ma mémoire.
Je le vois, son disque erre.
Et moi qui lui confiait
mes choix et mes idées!
Mais sur qui donc compter?

David, Steven, James

La main
sûre et déterminée.
L'esprit
dur et contaminé.
L'homme
agenouillé,
humilié.
David, Steven, James.
Les mots
se taisent.
Inhumanité qui rend toute parole vide.
David, Steven, James.

Voilà

Te voilà qui reviens.

Déjà je sens monter
en moi une impatience.

Il y a peu de temps
que tu t'en es allée
et pourtant mon bonheur
est en joie. Te revoir.

A l'oeil

Dans un creux du soleil, j'ai rencontré ton œil,
fantassin de ta vie, sentinelle alanguie.
A l'abri d'un nuage, tu tournais, là, les pages
du roman de l'histoire qui nous fit être un soir.
Le goût et les odeurs attablés en nos cœurs
devenaient les balises de nos voies indécises.
Ce que je conjuguais au passé décuplait
nos forces et nos envies. C'est le présent, la vie!