lundi 30 septembre 2019

Marmite


J'ai passé des mois
et des années
à tâcher de me construire,
à tenter de me situer dans la grande marmite.

Mes parents, leurs recettes,
l'école est ses préceptes,
la vie, ses pichenettes
m'ont ouvert voies et certitudes.
Derrière ses croquignoles
la vie a aussi tôt fait
de me persuader
que rien n'est vérité.

Les remous de la marmite ont avalé rêves et projets.
Les ressacs ont ouvert des hublots de bonheurs.
Je me suis permis l'audace de vivre au jour les jours.

© andré elleboudt

mardi 24 septembre 2019

Vous pensez...


Il est mort.
Il n'est pas le premier
ni ne sera le dernier.

Mais à y bien penser
son grand âge
le tenait pour
éternel,
comme les neiges
du même nom.

Et bien non !

Il est mort.
Ne sera pas le dernier.
Le glacier morfondu
voilà, a disparu.
Adieu beauté.

La montagne est en deuil.
Désemparée, la terre
interroge les astres.
Mais ils ferment les yeux.
Vous pensez, à leur âge
on en a vu bien d'autres…


© andré elleboudt

vendredi 20 septembre 2019

Hors la loi


Car les fruits de l'amour, quatre pousses encore frêles,

occupaient tous ses jours, sa vie et bien des nuits.

Elle donnait, irriguait de vie et de chaleur

parfois trop, parfois mal, ces esprits en carence.

Elle suscitait en eux douceur et chaude paix.

Mais eux devenaient eux et rejetaient, virils,

ses peurs et ses remords, les angoisses et l'amour.

Un jour ils l'ont quittée, poussés par les questions

qu'elle ne pouvait résoudre ni même par amour.

Chacun s'en est allé. Elle n'a pas supporté

ce vide et l'a comblé en se mettant à boire

comme elle avait aimé: sans mesure et sans loi.

© andré elleboudt

mardi 17 septembre 2019

Opiniâtre


Il avance paisible,
perpétuel nomade.
Connecté au vivant
il écoute le monde,
antennes déployées.

Son chemin est hasards,
il tourne ou s'en retourne
puis va de proche en loin
sans bruit et sans rumeur,
avance et disparaît.

Je le retrouve ailleurs,
mais serait-ce bien lui.
Je l'observe curieux ;
étonné je me dis
quelle opiniâtreté !

L'escargot, là au sol,
jamais il ne recule…

© andré elleboudt

mardi 10 septembre 2019

Où ?


Où pourrait-il bien être
le lieu où je serai
à l'abri des revers ?

Où je verrai sans fin
le soleil de l'été
me couvrant des rayons ?
Où je boirai sans soif
les liqueurs automnales
m'habillant de langueurs ?
Où je fondrai sans peur
sur les neiges du temps
contemplant mes hivers ?
Où, posant sur ma vie
les boutons d'agapanthes,
je survivrai, en paix ?

© andré elleboudt

jeudi 5 septembre 2019

Civilisation ?

Le monde est une histoire.
Le monde et son histoire,
c'est un peu course folle.

Folie monumentale,
civilisationnelle,
planétaire et cruelle.

Deux mires, un triomphe.
L'objectif est atteint.
Ou un monde est éteint.

L'égalité, jamais,
n'aura le dernier mot.
Deux titans sont de trop.

La civilisation,sacre de l'absolu, éloge des ténèbres.

© andré elleboudt

dimanche 1 septembre 2019

Miroir noir

Le ruisseau d'eau joyeuse
qui coule à la rivière 
doit-il perdre l'espoir 
d'être encore un peu lui ? 
Sinon que devient-il 
s'il n'est plus jamais lui ? 
Il ne sera non plus 
distinct de la rivière 
qui aura bientôt fait 
de tout le digérer. 
Il ne sera dès lors 
ni lui ni la rivière. 
C'est un peu le néant, raconté aux enfants. 
Voilà le malheureux 
destin de celle ou de celui 
qui veut tant aimer l'autre 
qu'il n'est plus rien de lui. 
Il se perd en chemin, 
ne se reconnaît plus. 
C'est un peu le néant raconté aux amants. 
Puis soudain voilà que 
le ruisseau se débat, 
déborde et découvrant 
un pré se fait goulotte, 
petit lac et vallon, 
il s'est réinventé. 
C'est un peu le néant, raconté aux vivants.
A être trop miroir, 
on se perd dans le noir.
© andré elleboudt

Astre

Aux abonnés absents depuis beaucoup de lunes le soleil, ce seigneur, fit subir aux humains la nuit. Révolution! ...