Voilà le temps qui passe. Le temps passe et s’efface.
Et cette vie qui va. La vie va et se tasse.
Le soleil est parti et puis la lune aussi,
les heures et les secondes et ce rien qui survit.
Jamais je n'avais cru que les temps de la vie
seraient indélicats ou bien mauvais joueurs.
Je croyais en la loi d'un bonheur absolu.
Je me voyais vainqueur aux sommets éthérés
de la vie, de ses joies; je gravissais sans peine,
sans doute et sans effroi les pentes dangereuses
en ne doutant de rien, ni de quoi que ce soit.
On avait préservé, au creux de la tendresse,
ce moi, tout petit d'homme, "Dieu, que rien ne l'abime,
et que rien ne l'effraie ou pis ne le détruise!"
Et j'étais devenu au fil du temps qui passe
un être humain joyeux, insouciant, amusé.
Je suis sûr cependant qu'au cœur de ceux qui m'aiment
c'était belle manière d'élever en ce sens
le fruit de leur amour. Aimer c'est protéger.
Puis me voilà ici, au beau milieu de moi,
emberlificoté de misères et de paix,
tétanisé de peur, engoncé de bien-être,
tant envahi de moi que je ne sais qu'en faire,
opinant pour ceci sans trop savoir pourquoi,
et renonçant à ça car ça ne se fait pas,
regardant les yeux secs un monde à la dérive,
observant les humains s'en venir et aller
s'étripant, se tuant, se parlant ou s'aimant
pour les mêmes raisons, pour des dieux ou pour rien
simplement pour crier "j'ai raison et toi tort",
les autres dont je suis restant là, spectateurs,
commentant la dérive du temps, des sentiments.
On dit que tout fout l'camp, beh c'est bin vré ma fwoa…
La maladie... une cour intérieure que je veux, mécréant, transformer, un défi, en jardin d'agrément... et je n'y parviens pas...
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