samedi 30 septembre 2017

Elle tremblait d'horreur



Dans la rue des poubelles
se promenait un rat.
Il était populaire,
asocial, impudent.
Le bas de son visage associait, menaçant,
son menton et ses lèvres qui s'exprimaient, toxiques.  
Son regard était gris et vraiment pertinent
celui qui percerait l'insondable secret.
A l'abri des pupilles vivait un univers
fait d'ombre et de lumière, de rejets, de périls.
On devinait des formes, ressemblant à des bêtes,
peut-être des humains, un halo mortifère.
C'est alors qu'on passait au travers des deux yeux
et explosait l'effroi, se brisait le miroir.
Car le regard du rat était un vieux trumeau
dont le tain délavé reflétait le réel,
dégrisait à jamais les esprits infantiles
de femmes et d'hommes idiots abrutis par les mots
du rongeur en habit.
Dans la rue des poubelles
pourrissaient des humains.
On était sur la terre
et elle tremblait d'horreur.

© andré elleboudt

jeudi 28 septembre 2017

Je m'écris mes cris




Si le papier du corps
était millimétré,
il serait plus aisé
de le cartographier
afin d'y situer
le mal et ses misères.
Le cahier de l'esprit
est, quant à lui, ligné
et je peux y noter
ce que dit la souffrance
des hargneuses errances
d'un corps désabusé.
On situera les feux,
on décrira la rage.
Mais en fait à quoi bon
s'il s'agit de survivre ?


© andré elleboudt

mardi 26 septembre 2017

Ah, je ris...




Divagation de voix,
bavardage du son,
envolée enrouée,
le castrat ahanait
solitaire et plaintif
au cœur de l'odéon
aux ruines romantiques.

Sur un pavé moussu
un oiseau le fixait
s'égosiller en vain.
Beau joueur cependant,
il applaudit, gentil,
sans cœur ni ironie
le pasticheur imbu.

© andré elleboudt

jeudi 21 septembre 2017

Salut


 
Il lui disait je t'aime
comme on parle du temps ;
beau soleil aujourd'hui.

Elle disait moi aussi
comme un bon appétit
juste avant le repas.

Ils se disaient on s'aime
comme on frappe à la porte
et qu'on n'ouvrira pas.

Ils se sont dit salut
comme on dit au voisin
en partant le matin.

© andré elleboudt

vendredi 15 septembre 2017

Impie




A l'enfer des oiseaux
j'étais pie et impie.
Tôt matin j'étais l'un.
Et de nuit, parfois l'autre.
Au grand livre des mots,
la pie en connait mille
et ma foi plus encore.
Les mots de mécréances
sont aussi pour l'impie
en nombres et grands plaisirs.
La pie est un oiseau,
l'impie n'est volatile
tous deux en sont marris.

Il se para de plumes.
Aussi beau qu'un ara.
Elle s'habilla de peau
et se fit illusion.
Quand il fallut causer
la pie ne put piper
qu'un discours inaudible
et à son tour l'impie
tâcha de jacasser,
ce fut bérézina.

Aux fins de vouloir être
un autre et de paraître
l'un et puis aussi l'autre
trébuchent et puis s'affalent.

© andré elleboudt

lundi 11 septembre 2017

Aphrodisiaque




Elle attendait la main
et puis surtout les doigts.
Silencieuse et paisible,
pâle et vierge à la fois
elle présumait, je crois,
que bientôt surgirait
l'habituelle attaque.

De son côté la main
et puis surtout les doigts
conversaient irascibles
tous les sens aux abois.
Et soudain claque un doigt.
La magie s'éveillait,
enfin aphrodisiaque.

L'esprit et ses folies,
l'émotion et ses filles,
tous se mobilisèrent.
Et les mots surgissaient.
La page, elle, jubilait.

© andré elleboudt

samedi 9 septembre 2017

vie...




Debout, revigoré.



Le regard égaré.

Le cœur hypnotisé.

Arc-en-ciel de pensées.

Ni émoi, ni égards.

Accroché à la vie.

Existence en sursis.
Années ou décennies.

Bifurcations, arrêts.

Lasciveté des aubes.

Sommets rêvés, perdus.

Etendues de plaisirs.

Littoraux alanguis.

Cavernes indolores.

Secrets des fonds de failles.

Lubricité des mots.

Résurgences de paix.

Egarements fiévreux.

Vertiges du futur.

Délectation d'amour.

Aphonie de l'effroi.

Contusions des débats.

Témérité des âges.

Erotisme du don.

Audaces de l'ivresse.

Angoisses des demains.

Insomnie des paresses.



Tout ça qui fait la vie.

© andré elleboudt

mercredi 6 septembre 2017

Juste un brin


 
Il se traîne, âme en peine,
il erre et puis divague.
Cependant il est né.
Lui aussi, c'est un homme.
Et je pourrais dire elle.

Le monde est grand ouvert,
ils sont perdus, ils errent.
Cela fait des années,
et peut-être bien plus,
qu'ils peinent et se rudoient
essayant de trouver
un espace, une place
où rejoindre les autres
et être reconnus
enfin en tant qu'humains.

Car ils ne sont personne
s'ils ne peuvent exprimer
ce brin d'humanité
qui crée l'identité
qui prouvera enfin
leur propre vérité.


© andré elleboudt

vendredi 1 septembre 2017

Voie sans issue



J'apprends que tu vas mal,
que tu es au plus mal.
Déjà ces mots éveillent
en moi une atonie.
Je suis loin des merveilles
que nous donne la vie.
Tu m'écris que ta fin
t'est devenue réelle ;
que même étant rebelle
tu te sens pris au lien
qui forcément, dis-tu,
te ravit à tes pas.
Ce n'est plus un tracas,
ce serait le tribut
de ton humanité
qui aujourd'hui se tait.
J'apprends que tu as mal,
jamais vécu si mal.


© andré elleboudt

Astre

Aux abonnés absents depuis beaucoup de lunes le soleil, ce seigneur, fit subir aux humains la nuit. Révolution! ...