dimanche 27 novembre 2011

Quel seau!

Un seau trouvait sa vie pesante.
Lourde l'eau; lourds les grains; le lait!
Une bien longue vie à porter, supporter.
La vie tantôt plein, tantôt las.
Las de cette vie.

Oh, bien sûr
l'eau me désaltère et les grains
me nourrissent et le lait. Le lait!

Mais que peut faire un seau? Un saut?
Dans le futur, mais pour un seau
pas de futur, mais un présent
et sa vie n'est pas un cadeau.

Le seau fit un vœu et devint…

Il ne le sut jamais. Un seau
seul peut penser comme un seau, non?

mercredi 23 novembre 2011

Le narcisse et le chardon

Un narcisse en sa cour admirait la beauté de ses traits, de sa voix, négociant pied à pied de son utilité l’incontournable don.
Perdu loin, tout là-bas, au cœur du quotidien, luttant, suant, suintant, cherchant le mieux du bien un chardon s’activait, à s’en tout assécher.
Le rond miroir de l’un tranchait, il faut le dire, avec la feuille de paie de l’autre, sans médire ; mais l’un était l’élu de l’autre en l’occurrence.
Cultiver un jardin ne ressemble que peu à l’entretien frivole de son image ou mieux, être l’un est aisé quand l’autre doit se battre.
En ces temps redoutés ils s’en donnaient du mal à faire croire qu’être l’un n’était en rien banal tant  la gestion des choses signifiait de travail.
Au labeur quotidien les autres s’enfouissaient, obéissaient, trimaient et parfois rugissaient à payer fin de l’an les dettes de l’Etat.
Il faut bien avouer que les uns s’y prenaient avec art et passion pour se mettre aux chevets des autres qui toujours gonflaient le capital.
Les chardons s’asséchaient et les narcisses en fleur étalaient les pétales et se gonflaient le coeur en leur chambre habités par des egos dorés.
Certains jours quelques autres se disaient indignés mais les uns, c’est vite fait, savaient alors montrer combien l’effort est voie de salut, de futur.
Et la vie reprenait, le chardon se rongeait ; le narcisse en beauté patiemment attendait que les autres à nouveau l'élise et puis voilà.

samedi 12 novembre 2011

Cueillette

C'est une mélodie
que je rejoue sans cesse;
artiste ou malhabile,
risquer qu'une note blesse
l'ensemble et l'harmonie.
Artiste et malhabile.

C'est fixer un miroir,
y perdre ton regard,
et nous retrouver nus
vulnérables et fragiles.
Un boulier mis à nu,
un bonheur qui babille.

Une croche légère
rendant l'air étonnant,
une main qui attend
que le poing se libère.
Le pardon vient à poindre
au cœur de nos misères.

Un geste, presqu'un soupir,
en douter ou y croire ?
Un rictus, un sourire,
un mot qui porte à croire
qu'au delà du miroir et de la mélodie
un chemin fait envie.

La haie des mots comptés,
l'ornière des pas qui coûtent,
barbelés des écueils;
l'audace devient bonté,
le regard devient route,
de la main je te cueille.

A en peindre de rouge

A en peindre de rouge
l'écho du vide en moi,
à chanter italiques
les syllabes coupées,
penser qu'en plein orage
disparaît l'encre blême
et que le son plombé
épanouit l'étau
du mal et des misères.
Etre mal et peiner.

L'écorce dira bien
l'absence de la sève
et la peau traduira
du corps tous les mystères.
Savoir qu'au ciel frileux
apparaît la joie frêle
et que la voix radieuse
épanouit le cœur
malgré tous les hivers.
Avoir mal, espérer.

jeudi 3 novembre 2011

Prendre Helvétie pour un land terne

Un gros chat des ruelles coulait des jours heureux au coin d’une poubelle pas très loin de Montreux. Il était né un jour de quatre vingt dix-neuf sous un tas dans la cour d’un immeuble tout neuf. Sans accent et très bien il parlait un mélange d’allemand, d’italien, un vieux patois romanche.

A deux, trois pas de là vivait un fier caniche, à la moustache en friche, jeune et beau Travolta. Une pointe d’accent rendait son ton plaisant ; ce chien avait, pour dire, tout pour plaire et séduire.

On l’appelait Migret, un surnom un peu fou dans un pays ou tout doit être au moins parfait. Le chat ventripotent se prénommait Dailleurs, personne ne sachant s’il avait frère ou sœur.

« J’ai bien peur, il me semble, qu’à nous tu ne ressembles. En mon pays, sais tu, tout se sait, rien n’est tu. Chez nous, sol d’abondance, tout n’est que tolérance pour autant que chacun ne diffère d’aucun. Voilà pourquoi, mon chat, j’opère des contrôles. Je sais ce n’est pas drôle mais cela c’est mon rôle. »

Migret n’ajouta rien à ce qui pour Dailleurs ressemblait aux malheurs de tristes citoyens.

« On a beau être riche, on n’en est pas moins chiche, à trop se protéger on devient névrosé. On use d’arrogance avec tant de constance qu’on coule au fond d’un lac ou s’échoue en ressac. Tu es un beau caniche, ta terre un paradis, mais tu souffres pardi d’un mal qui te défriche. A trop te vouloir être tu deviens éphémère. A quoi sert-il de naître si pour toi c’est pour n’être. »

Dailleurs fit ses bagages vu qu’on lui dit « Dégage !».

Où il crèche, on ne sait, mais on le dit pénard coulant des jours heureux au coin d’une poubelle. Migret a le cafard de tout tant contrôler. On dit sa vie cruelle,  il serait malheureux.

A chacun de choisir ce qu’il veut devenir.

Astre

Aux abonnés absents depuis beaucoup de lunes le soleil, ce seigneur, fit subir aux humains la nuit. Révolution! ...