jeudi 28 mai 2020

Inféconde obstinée


Elle se refuse.
Obstinée.
Cultivant le blanc ou le néant.
Elle n'est pas nihiliste, disciple d'abstinence.
Elle se refuse.
Inféconde.
Et s'en va se noyer dans l'océan profond d'un transparent silence.
Les jours ne la contentent, plus rien ne la sustente.

A trop tout observer, à voir et regarder
son pennage s'essouffle, y ruine son panache.
Elle n'est plus que la touffe du ressenti létal
qu'elle ne peut défrayer.

© andré elleboudt

samedi 23 mai 2020

Fais pas chier...

On dit que le pergélisol fond vite et puis parfois libère…
On dit que l'air permet de vivre et puis parfois nous asphyxie…
On dit que l'eau nous rafraichit et celle des tsunamis…
On dit que le vent… oui mais les ouragans dévastent…
On dit qu'une glace… oui mais les glaciers fondent et…
On dit qu'il faut avoir les pieds sur terre… oui mais elle s'érode…
On dit qu'il fait bon autour d'un feu de bois… oui mais les forets brûlent…
-Oui mais vous savez, tout cela c'est ce qu'on dit !
-Et ça vous fait quoi ?
-Oh, vous savez moi… C'est bientôt les vacances, alors… Vous verrez, ça ira !
-Oui mais le tourisme de masse, ça pollue non ?
-Moi je connais un petit coin, tout préservé, sans trop de touristes !
-Et sans pandémie ?
-Oh, fais pas chier à la fin. L'homme est le maître, non ? On trouvera toujours bien un moyen d'en sortir, non ?
-Vous croyez ?
-… pourquoi demandez-vous ça ?
 
 
© andré elleboudt

mardi 19 mai 2020

Superposition

Un mémorable instant, collision de pensées,
grand écart entre joie, présent, passé, soleil,
nuage et spleen. Chaos des sentiments, du temps.
C'est un moment confus quand se mélangent, épars,
mémoires et lendemains, nuits, jours, soirs ou matins.
L'aube de l'un, lumière; l'après de l'autre, embu.
C'est la vie qui se fait et c'est le merveilleux
qui allume en l'esprit la flétrissure du temps
le rendant nostalgie et goûtant le flétri.
Celui-là est parti et la voici qui vient.
La naissance et la mort, dualités de vies,
contradictions du coeur, paradoxe des âges,
entre l'être et l'été, entre hiver et printemps.
Rencontre de hasards, rendez-vous de parcours.

© andré elleboudt

jeudi 14 mai 2020

Vieux jeune ? Jeune vieux ? Qu'être ?


Un matin confiné,
j'ai découvert, surpris
que oui, je m'ignorais.
Je ne savais pas tout
du tout ce que j'étais.
Vieux.

Délicate attention.
Ce matin-là, ému,
j'apprenais malgré moi,
les infos m'apprenaient
que j'étais devenu
vieux.

J'avais déjà compris
que, les années faisant,
je voyageais gratis,
on me cédait sa place,
car les gens me voyaient
vieux.

Mon émoi fut plus grand
quand ce jour j'entendis
que l'âge servirait
à choisir les guéris
sur les lits d'hôpitaux.
Jeunes.

Ainsi donc les années
devenaient l'occasion
de choix et de raison,
s'inventait le slogan :
résister jeunes, mourir
vieux.

Je peux bien concéder
que la force est aux jeunes,
que l'avenir aussi
mais je m'ignorais vieux,
car je m'imaginais
jeune.

Je me sentais pourtant
encore jeune et fécond,
pour me changer soudain
en passé, dépassé,
évité, confiné,
vieux.

Mais je vous le confie,
comme un secret précieux,
ma recette éprouvée
c'est une fois par jour
saluer ma jeunesse.

© andré elleboudt

samedi 9 mai 2020

Equitable


Dans le cerveau des uns, des chiffres et puis des chiffres
qui de savants calculs en brumeux algorithmes
bâtissent leur demain.
Dans le cerveau des autres, des chaines et puis des chaines
qui de liens chaleureux en riches connivences
construisent un lendemain.
Et nous en étions là, l'intersection de choix :
les tables algorithmées, les tables de débats.

Une tablée des deux ?
Qui sait une équi-table ?

© andré elleboudt

Astre

Aux abonnés absents depuis beaucoup de lunes le soleil, ce seigneur, fit subir aux humains la nuit. Révolution! ...