mardi 27 août 2019

Noé, bis...


A l'horizon d'un ciel ouvrant sur l'inconnu,
le bateau naviguait de hauts fonds en récifs.
La mer, en flots furieux, faisait tordre la nef,
le bruit et ses échos assombrissaient les cœurs.
La côte puis ses repères devenaient impassibles
tant la pluie et ses brumes paralysaient la vie.
La carène et le pont ne formaient qu'un seul lieu,
le feu de mât, muet, devenait transparent.
Soudain le gouvernail s'emballa, se brisa.
Sans pilote et sans cap, on lança les canots.
Ce fut chacun pour soi. L'esprit de corps défunt
tua les matelots et dispersa les biens.
Seuls les forts, les habilles s'endormirent aux rivages
abimés, mutilés, ignorants du destin.
Et le rafiot sombra.
La tempête passée,
l'aube claire, apaisée, questionna le futur.
Hier portait demain comme une ode au bonheur.
Tout est là aujourd'hui déconstruit et sans voix.
Le vent, porteur naguère de tant de démesure
s'en vint souffler aux cœurs des survivants troublés:
"C'est pas pour rien, l'humain, je t'avais averti.
A trop tirer dessus le fin fil s'est cassé.
Il est temps de penser à la terre, à ses dons,
à moins que de mourir."
      "Mourir? Et pourquoi donc?"

© andré elleboudt

vendredi 23 août 2019

Oui ou ... noM


S'interrompt ma lecture. Brutale comme une auto
surprise malgré elle par le rouge d'un feu.
On ne sait ni de qui et non plus le pourquoi.
Simplement quelques mots. Quand on écrit, dit-il,
il est bon de savoir comment soi on s'appelle.
Quelque chose du genre qui soudain m'interroge.

Car il est vrai ma foi que le nom de famille
raccroche à une histoire, à ses faits, hauts et bas.
Nos familles en sont riches et notre histoire aussi
singulière et unique, révélée, devinée.

Et puis vient le prénom, souvent le fruit passion
de deux noms réunis, les noms de nos parents.
Se conjuguent alors les histoires complices,
les passés inouïs qui fondent le prénom.

Ainsi donc quand la plume s'anime et puis féconde,
elle n'est pas le seul don de l'auteur qui s'épanche.
Elle est l'encre enrichie de tant et tant de mots
aux folles origines, aux teintes inconnues,
aux blessures entr'ouvertes, aux joies épanouies,
aux douleurs inédites parce que jamais dites.

Reposant le stylo je me mets à penser.
Et puis soudain un doute. Je croyais être libre.



© andré elleboudt

dimanche 18 août 2019

Fruitgace

Rayonnante au printemps la fleur nous irradiait
du bonheur d'exister. Mais le fruit impatient
eut tôt fait de ravir à la fleur ses faveurs.
Valeureuse et tenace la graine tempêta
puis changea de visage, de forme et de couleur.
Un long été brulant ajouta ses éclats
au fruit déjà joli. Quelques mains impatientes
assiégèrent au verger le pommier généreux.
Puis tout s'accéléra. Du jardin aux cuisines
le chemin est bien bref. La pomme compota.
C'est le pain qui alors, tapissé de bonheur,
enchanta les papilles des enfants et des grands.

Éphémère voyage du printemps à l'automne.

© andré elleboudt

mercredi 14 août 2019

Italie

Quand ils ont décidé un jour au Parlement
d'édicter une loi interdisant l'humour,
on n'imaginait pas que, ce faisant, les hommes
figeaient les évidences, bouclaient les certitudes,
paralysaient les lèvres, clouaient aussi les langues
désabusant ainsi toute l'humanité.

Le rire s'en alla, errer la gorge sèche
sur les terres rigides d'inflexibles rigueurs,
d'austérités extrêmes. Et le rire jaunit.

© andré elleboudt

vendredi 9 août 2019

Grands airs


Le vent en ses éclats soudain prend ses grands airs
et débordant de vie envahit mon humeur.
Pourquoi donc accepter que de folles ardeurs
perturbent mon bonheur? Je me suis préparé
à vaincre mes langueurs et le voilà, retors,
qui me pousse aux torpeurs tant sa force fait peur.
Je regardais béat les infos météo
en m'enfonçant oiseux au fond du canapé. 

© andré elleboudt

Astre

Aux abonnés absents depuis beaucoup de lunes le soleil, ce seigneur, fit subir aux humains la nuit. Révolution! ...