A l'horizon d'un ciel ouvrant sur l'inconnu,
le bateau naviguait de hauts fonds en récifs.
La mer, en flots furieux, faisait tordre la
nef,
le bruit et ses échos assombrissaient les
cœurs.
La côte puis ses repères devenaient impassibles
tant la pluie et ses brumes paralysaient la
vie.
La carène et le pont ne formaient qu'un seul
lieu,
le feu de mât, muet, devenait transparent.
Soudain le gouvernail s'emballa, se brisa.
Sans pilote et sans cap, on lança les canots.
Ce fut chacun pour soi. L'esprit de corps
défunt
tua les matelots et dispersa les biens.
Seuls les forts, les habilles s'endormirent
aux rivages
abimés, mutilés, ignorants du destin.
Et le rafiot sombra.
La
tempête passée,
l'aube claire, apaisée, questionna le futur.
Hier portait demain comme une ode au bonheur.
Tout est là aujourd'hui déconstruit et sans voix.
Le vent, porteur naguère de tant de démesure
Tout est là aujourd'hui déconstruit et sans voix.
Le vent, porteur naguère de tant de démesure
s'en vint souffler aux cœurs des survivants
troublés:
"C'est pas pour rien, l'humain, je t'avais
averti.
A trop tirer dessus le fin fil s'est cassé.
Il est temps de penser à la terre, à ses dons,
à moins que de mourir."
"Mourir? Et pourquoi donc?"
© andré elleboudt