samedi 28 décembre 2019

Festin


Le repas se passait.
Un repas de famille.
Les parents et leur fille,
son mari et leur fille.
Tout a l'air détendu,
tourne autour de l'enfant.
Les pauses sont nombreuses,
le tabac, les vapottes
et aussi les parlottes.
Le grand beau-fils s'en va
et emmène avec lui
la fillette candide.
Et la fille, la maman,
la maman de l'enfant
raconte à ses parents
que le rose noircit,
que la vie part en vrille.
Un silence s'ensuit.

Et le papa, le vieux
dit à sa femme coite
"veux-tu encore du vin?"

© andré elleboudt

dimanche 15 décembre 2019

Epopée


La marche se fait longue.
Téméraire, indolente,
qui, d'avancées légères en retraites amères,
de chutes et d'abandons en succès entêtants,
en font une épopée.

Délaie-t-on le bonheur dans l'ardeur de l'effort,
pour irriguer, tonique, les sentes de la vie ?
L'angoisse et ses sueurs et les perles de peur
se mêlent au brassage d'une vie qui se vit.

Le chemin qui s'impose vient déliter parfois
la mire de l'effort. Esquinter, ravauder.

Et puis quand, de sursauts
en coups de rein fébriles
l'éclaircie revigore,
quelques mots de l'esprit
abreuvent le réel :
tu ne peux échapper
à celui que tu es,
mais, certes, tu pourras
accoster résolu
au havre de ta quête.

© andré elleboudt

mercredi 11 décembre 2019

Epluchage

C'est pas moi, pensait-il.
Ce que je fais je n'ai pas en m'en blâmer
si d'autres le perçoivent mal, le pensent mauvais, le goûtent mal.
Il ruminait.
Un malheur, quoi ! Ces humeurs, des rumeurs.
Ce n'est pas moi, dit-il.
Mon passé, mon présent,
personne ne peut le juger, l'interpréter, le condamner.
Il remâchait.
Un jour de grand hasard, il se met à considérer sa bien triste humeur.
Fatigué, épuisé de porter les habits trop étroits, bavant des humeurs de tant d'autres et puis d'errer entre les murs de leurs tribunaux !
Je n'ai rien à en foutre, hurla-t-il.
Mais, à force de couper, rompre, brûler les racines de ces maux, elles se renforçaient et rejaillissaient sans cesse.
Si, se dit-il, les racines se renforcent sous terre, pourquoi d'autres rhizomes ne pourraient-ils pas se nourrir dans l'humus de mes réflexions ? Quelques radicelles se pointèrent, apportant un écho neuf de ce qu'il pensait être qui ne ressemblait pas, mais pas du tout, à ses états d'âmes affligeants.
Longtemps, très longtemps il éplucha ce qui l'engonçait, coriace comme une seconde peau.

Ce n'est pas l'accumulation des préceptes que l'on nous a inculqués qui protège du risque de vivre, c'est l'affranchissement de tout ce qui nous a construit et dont on n'a plus l'usage. La mémoire est juste un rappel, pas une injonction.

© andré elleboudt

mercredi 4 décembre 2019

Train-train


On peut être chez soi, y cultiver la terre
ou même y observer l'herbe verte qui pousse,
voir passer un humain, curieux d'horizons neufs
ou de quêtes nouvelles au bout de son chemin.

Depuis la nuit des temps d'aventureux chercheurs
sans être belliqueux ont aimé découvrir.
Ils ont croisé ici des gens cueilleurs de baies,
d'autres qui s'ennuyaient tant ils se ressemblaient.

L'humanité, qui sait, s'est peut-être enrichie,
transformée, révélée en refusant ennui,
ignorance et train-train en allant voir ailleurs.
Puis se mettre à penser, imaginer, risquer.

Il est vrai que parfois un risque peut tuer,
on voit aussi, je crois, des gens mourir d'ennui.

© andré elleboudt

Astre

Aux abonnés absents depuis beaucoup de lunes le soleil, ce seigneur, fit subir aux humains la nuit. Révolution! ...