dimanche 23 mai 2021

A nous

A ces gens que nous sommes

manquera-t-il toujours

ce petit quelque chose

qui permettra enfin

d'être heureux, pleinement ?

Il pleut, fait orageux,

il neige et fait glissant.

Les terres s'assèchent

et fondent les rivières.

Les voisins sont bruyants

et les élus feignants.

Les enfants nous fatiguent,

les grands-parents radotent.

C'est notre société

qui erre et qui va mal,

les réfugiés paumés,

les services au public

desservent et c'est tragique,

puis l'état de nos routes,

et ceci et cela…

Chronos nous regardait

et pensait en secret

"flinguez-vous ou fuyez,

râlez ou ruminez, …

quand je serai passé

vous pourrez regretter,

invoquer, supplier

parfois même rêver,

moi je serai passé.

Déjà on est hier.

 

© andré elleboudt


dimanche 16 mai 2021

Le fond du pot

Le monde est menaçant

se dit un matin tôt

l'enfant du fond du bois.

Je n'ai pas peur de moi

mais des autres plutôt.

Ça en devient lassant.

 

Mais tu n'es qu'un enfant

lui dit le vieux Ghetto,

l'ermite ou 'Petit Pois',

c'est son surnom je crois.

C'est pas très rigolo

m'a soufflé sa maman.

 

Ce n'est pas suffisant

pour courir les bistrots !

C'est fou tout ce qu'il boit.

Toujours être aux abois

et se sentir de trop,

n'être rien qu'un passant.

 

Son monde est menaçant.

N'entendre que des mots

de haine, être hors-la-loi.

Et je me plaindrais, moi,

au chaud dans mon maillot.

J'en deviens malveillant.

 

Ainsi parlait l'enfant,

léchant le fond du pot

tout au loin dans son bois.

A tant penser à soi

il oubliait le lot

de tant de gens, oui, tant.

 

© andré elleboudt

vendredi 14 mai 2021

Trou dans le toit

Il m'arrive parfois

d'entrer dans un trou noir.

Celui de ma mémoire,

comme un trou dans le toit.

 

Goutte à goutte, en douceur,

grands effets, confusion.

Comme écrire un brouillon

sur un tapis de fleurs.

 

Échange interrompu,

gène et désagrément,

face à face impromptu.

Je m'enraye, impatient.

 

Je cherche le repaire

de ces pensées vitales.

Émetteur éphémère,

je n'ai plus le signal.

 

Je note sur papier

des plans et des tactiques,

pour masquer et pallier.

Grotesque et puis tragique.

 

L'esprit qui exaltait,

rétrécit et combat

ce que le mal rongeait.

Penser à petits pas.

 

© andré elleboudt

samedi 1 mai 2021

Total éther

L'Histoire nous surprend quelque peu chaque jour.

Le quotidien nous dit l'inattendu, le gris,

l'ensoleillé, l'heureux, le moche et le très laid

puis la folie humaine nous apporte son lot.

Si l'Histoire n'était que faits inattendus

venant nous bousculer, nous, crédules rêveurs :

la crise ou l'imprévu, l'incertain, l'inconnu.

Alors face à cela, on se bichonne au dur,

au certain, au crédible, manière de briser

ces murs de l'ignoré, innommé, inédit.

On rêve ce faisant d'un destin immobile

où l'Histoire serait nos songes apaisés,

le cortège sans fin de nos pas engourdis.

 

Se dégourdit alors dans les couloirs feutrés

l'inclination poisseuse à l'ordre, à la maîtrise.

Émergent du pâteux des esprits inspirés

qui sèment dans nos champs endormis et en friches

les semences toniques du "Je pense pour toi…,

Je veille sur tes biens…, Je ferai tout pour vous… !"

Je dis totalitaires ces volontés douteuses

déguisant en sauveurs drones et caméras,

cybersécurité, laissez-passer, visas.

Rassuré et radieux, assuré d'un futur

où tout sera certain, l'homme heureux à venir

se couchera le soir conscient de son bonheur

au confort sédatif dans un total éther

où penser sera vain et s'en faire inhumain.

 

 

© andré elleboudt

Astre

Aux abonnés absents depuis beaucoup de lunes le soleil, ce seigneur, fit subir aux humains la nuit. Révolution! ...