mardi 27 juin 2017

Pas de saison, pourtant?


Elle est jeune, lui âgé.
Le projet de sa vie,
la solidarité.
Son quotidien des jours,
à l'abri du passé,
vivre heureux malgré tout.
Elle a suivi des cours,
engagée, convaincue,
assimilant ce qui
cultivait l'idéal.
Il a suivi son cours
usé et bienveillant
acceptant sans broncher
le raidillon fatal.

Ils se sont retrouvés
aux hasards des couloirs,
elle habillée de blanc,
lui de ce qu'il lui reste.
Dans les bureaux d'en haut
on leur a imposé
d'équiper tous les vieux
de culottes en papier,
super fort, hermétique,
car on ne sait jamais.

Il voulait refuser,
elle feignait d'ignorer
mais ils furent attrapés
elle a dû se plier.
Le distingué vieil homme
s'est senti rabaissé
dans son humanité.
Incontinent, non pas.
Et elle était blessée
de devoir humilier
ce monsieur, d'écraser
ses restes d'idéal.

C'est la vie aujourd'hui.
Il vaut mieux écraser
un papy oublié,
et désillusionner
un jeune et ses pensées
afin d'équilibrer
la comptabilité. 

© andré elleboudt

samedi 24 juin 2017

Etre d'un pays




Je suis allongé, las.
Le corps au repos, lent.
Je me crois retiré
mais je ne le suis pas.
Des mélodies déjà
circulent et se percutent.
Elles parlent de langueurs,
déversent des ardeurs
quand d'autres mots trapus
pogotent à qui mieux mieux.
Minuit sonne et alors,
surprenant mon esprit
endiablé malgré lui,
s'invitent des assauts
aux gouts marqués de fleurs,
de pomme et de citron.
Mon corps est habillé
d'or pâle et mes papilles
soudainement s'éveillent.
Je le sais et pourtant,
je me surprends toujours
à me laisser porter,
oh, que dis-je, emporter
par ce faible tenace
à laisser s'étioler
par ma douce goulotte,
assoiffée, exigeante,
le filet délicat
d'un bon vin de pays.


© andré elleboudt

jeudi 15 juin 2017

Coitement




Ça ressemble peut-être
à un doux bruissement
au cœur d'un vallon frais.
La faille dans le pré vert
amplifie sans à-coup
le tendre cours de l'eau.
Un seuil inattendu
fait chuter de peu haut
le petit flot discret.
Soudain entre deux flancs
le creux se fait brumeux
et l'eau gamberge coite.

Quand tes mots tout à coup
se perdent en mon esprit,
il les offre à mon cœur
et l'ivresse amoureuse
s'épanouit alors.
La fleur du nénuphar.

© andré elleboudt

lundi 12 juin 2017

Dear father...








Une émission radio me fit penser à l'homme
souvent là dans ma vie. Je le découvre encore.
Papa était un tsar, on ne discutait pas.
Pour moi aussi, une star ; je n'imaginais pas
sa vie comme un dédale de bonheurs et de morts
enfouie et secrète, pages vierges d'un album.

Pareil à tous les hommes, tu étais les saisons,
pas simplement Untel, plutôt diversité.
Dans mon esprit d'enfant, tu étais calembours,
le savoir et la loi et puis surtout l'humour.
Et quand le temps apaise les mémoires d'âpretés
me restent le bonheur, les sourires trublions.

Tu avais, disait-on, un grand sens de l'humour.
Jeux de mots, facéties, critiques ou punitions ;
enfant il m'a fallu parfois bien réfléchir
pour m'assurer pouvoir obéir ou sourire.
Alors je devinais ; ça dépendait du ton.
Ce jour une émission m'a expliqué l'humour.

Et j'ai pensé à toi qui me faisais tant rire.
Découvrant l'interview, je crois, j'ai mieux compris.
L'humour, cet explosif, fait voler en éclats
le réel ou la vie et toi, tu faisais ça.
Souvent tu surprenais et me laissais groggy.
Rire afin d'oublier, papa cachait le pire.

Papa avait construit un système de défense
qui lui permit de vivre au cœur de l'indicible.
Papa était marcheur sur les sentiers de crêtes
avançant sans tomber : au bout du balancier,
en équilibre instable, l'humour et la survie,
la misère et la chute. Vous avez dit choisir ?

© andré elleboudt

© andré elleboudt

lundi 5 juin 2017

Je déménage




Je cherche patiemment dans l'annuaire local
le nom d'un artisan; c'est un déménageur.
Chez moi tout va très bien, je me sens satisfait,
l'esprit de la maison me convient et je crois
mon bonheur quotidien est réel. Je suis bien.
Je voudrais déloger, oh oui, tout va très bien
avec ma belle au mieux, je suis vraiment heureux.
Je voudrais déloger. Le jardin, les voisins,
le calme et les oiseaux, mais oui, tout va très bien
Je voudrais déloger, mais, allons, comment dire,
je voudrais m'éloigner du sûr, de l'évident,
de ce qui est certain et qui très doucement
rend la vie plate et terne, habituelle et quiète.
Mettre en suspend la vie mais sans rien y casser,
juste évoquer un temps autre chose, autrement.
Quand le déménageur a su l'objet de ma demande,
il a ri haut et fort, se tapant sur les cuisses.
Il me dit "Mais monsieur, profitez de l'instant!".


© andré elleboudt

Astre

Aux abonnés absents depuis beaucoup de lunes le soleil, ce seigneur, fit subir aux humains la nuit. Révolution! ...