mardi 30 mars 2021

Et la vie

Il doit y faire bon vivre. S'asseoir en paix, là-haut.

La terrasse aux grands vents qui ouvrent l'horizon.

 

C'est une maisonnette pas bien grande c'est sûr,

inondée de soleil qui se met à jouer.

J'aimerais y rester quelques jours, quelque temps

et me poser amène puis regarder au loin,

libéré de mon faix, ce qui se passe en moi.

Doucement ressentir le chaud de tes menottes

qui me parlent de toi, silences iodés.

Alors nous retrouver absorbés par le vague,

s'habiller de lumière, s'enrober d'infini

pour enfin retrouver tous ceux qui nous ont faits,

celles et ceux bien avant, tous ceux qui nous suivront

et qui leur survivront, indécis au lointains.

 

C'est une maisonnette, peut-être un peu plus grande

qu'elle ne m'apparaissait. L'herbe de la colline

qui surplombe la mer est verte et l'océan 

si bleu et libéré qu'on le croit amoureux. 

Il semble désirer dégriser les parois 

de tant d'étés passés. Assis sur la terrasse, 

entourés d'inconnus nous nous faisions un film. 

Et nous les découvrions, ceux d'avant, d'aujourd'hui 

et tant et tant d'après. C'est une maisonnette. 

Elle s'ouvre sur la mer. L'herbe y est volontaire. 

Et la vie

 

© andré elleboudt 

 


Andrew WYETH (1917-2009)

Kent house 1971


mercredi 24 mars 2021

Deux voies

Se balader en ligne est source de pensées.

Le vent du numérique transporte les idées.

C'est bonheur aujourd'hui, les lignes sont ouvertes.

La liberté de dire, d'échanger est offerte.

Souvent le flot des news vient me déconcerter :

vouloir comprendre un fait serait le justifier,

réfléchir autrement s'appellerait trahir.

Subsisteraient deux voies : s'indigner, compatir.

Le champ de la pensée devient peau de chagrin.

Les mers de l'émotion cernent tous nos chemins.

Débattre est dénoncer, exclure voire bannir,

chacun veut affirmer, souvent sans réfléchir.

L'enjeu du grand marché des mots, de la pensée

est bien de cultiver le droit de questionner

et de se refuser le pouvoir de sanction.

Parler avec passion, construire avec raison.

 

© andré elleboudt


jeudi 18 mars 2021

Jamais. J'aimais.

 

Se combler de l'espace, de ses touts, de ses riens.

Se délecter du neuf, inédit, insoumis, être bien.

 

Ne pas s'interroger. S'étonner. S'abreuver.

Ne pas imaginer. Saisir, prendre et gouter.

 

Enfin réaliser que tout peut être beau.

Enfin percer le vent, aussi comprendre l'eau.

 

Poser sur les étoiles un doigt, peut être deux.

Poser dedans ses mains deux doux baisers fiévreux.

 

Vivre comme jamais.

Vivre comme j'aimais.

 

© andré elleboudt

dimanche 14 mars 2021

il

Je me sais douloureux. Depuis longtemps déjà.

Le sommeil de mon corps était douce illusion.

Je me suis réveillé. Non, lui s'est réveillé.

Et il m'a éveillé. Et je n'ai plus été.

Si. Mon corps en souffrance et ma vie en errance

ont perdu les repères, abîmés par les maux.

Mon esprit perturbé par le mal incessant

s'est mis à dé-penser, mes idées à trôler,

mes choix à hiberner et mon âme à sombrer.

Je devenais objet, un symptôme, un patient,

j'objectivais ma vie pour qu'enfin on la traite.

Et lentement mon je changeait, se frelatait,

je devenais un il et je me confondais.

 

© andré elleboudt

jeudi 4 mars 2021

Invitation

C'est une invitation. A se fondre, à se perdre.

Serait-ce une ruelle, le bras d'une rivière ?

Un point d'obscurité appelle le regard.

Ce doit être un chenal, pris entre murs et bois.

Une forte bâtisse habillée d'ocre sale

affronte de hauts troncs sur la rive velue.

Un matin qui se lève. Au printemps. Tout est paix.

Enivrés de douceur et de sérénité,

les doigts ont raconté le bonheur d'être là.

Je me suis invité, ai ôté mes chaussons,

lentement comme en rêve et, posant quelques pas,

je me suis enfoui dans le parfum subtil

de l'huile de la toile. Mes yeux ont raffolé.

 

© andré elleboudt 

 

Henri Le Sidaner
 


Astre

Aux abonnés absents depuis beaucoup de lunes le soleil, ce seigneur, fit subir aux humains la nuit. Révolution! ...