lundi 30 octobre 2017

Doute



La goutte hésite.
Là, au bord du chéneau, elle ferait bien le grand saut. Mais tout en bas, rasant le sol, un régiment, la fourmilière déplace ses trésors.
Soit, elle s'écrase au sol, au terme de sa vie, éphémère et provoque un pogrom inouï… Soit…
On ne saura jamais la suite des pensées.
Aspirée vers l'avant, la voilà qui s'écoule dans le bec assoiffé d'un moineau de passage. Pendant ce temps, le régiment poursuit son chemin, laborieux, ignorant que bientôt, juste après l'apéro, un bec soudain goulu, jettera son dévolu sur un fourmillement de vie.

© andré elleboudt

samedi 28 octobre 2017

Apparences


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Le piano au loin.
L'automne à l'avant-plan.
Le bouilli cuit au feu.
L'errance du rameau sec.
Le cri noir du corbeau.
Il est assis, usé.

Le piano vieux, fugue.
Le vent comme un vieux train.
La vapeur des cuissons.
Les débris du vieux bois.
Le corbeau s'époumone.
L'esprit se ressaisit.

Le piano déraille.
C'est déjà le printemps.
Et l'odeur de raifort.
Le feu à chaudes larmes.
Le vieil oiseau blanchit.
Il se parle à lui-même.

Le piano aqueux.
Un ouragan de bruine.
Les oignons, la carotte.
Les débris en cendrée.
Le corvidé vaincu.
Et sa voix lui répond.

Le piano se tait.
L'hiver enfin paraît.
Le jus se paralyse.
Le feu sent le brûlé.
Les restes d'un plumage.
Bannir les apparences.

Il est assis, usé.
L'esprit se ressaisit.
Il se parle à lui-même.
Et sa voix lui répond.
Bannir les apparences.

© andré elleboudt

mardi 24 octobre 2017

Là ?




Elle est là.
Mais l'est-elle vraiment ?
Elle est là,
sans y être vraiment.
Elle est là
et elle n'y sera plus.
Elle a clos
fenêtres et volets.

Arpentant le néant, elle n'est déjà plus là.
Ce qu'elle a été fut, ce qui la fit s'enfuit.

Pourtant nous la voyons. Nous la reconnaissons.
La voilà qui s'égare. Et se vide des mots.
Son regard délabré se perd d'humanité.

© andré elleboudt

samedi 21 octobre 2017

Bataillons



Comme un lourd ciel d'orage
aux allures d'évadé,
le regard enroulé
dans un drap sale et noir,
j'avance dans la brume,
paralysé du cœur.
Dans l'aube somnolente
je l'ai ressenti là,
prêt à fondre sur moi,
sur ma vie, mes états.
Tant inapte à la joie,
je parsème ma vie
de rancœur et de rage,
de cendre et de limailles.
Je m'enfonce et tournique.
Quand s'empare de moi
l'armée de la détresse,
des bataillons de gel
inondent l'amitié,
les relations la vie.
Et je ne suis plus moi,
dominé que je suis
par l'incompréhension
d'être l'inexistant
de ma vie, malgré moi. 

© andré elleboudt

mardi 17 octobre 2017

Ventre rond




Elle parle de son poids.
Elle me parle du poids.
Du poids du ventre vide.

Je l'entends sans saisir
et crains de la trahir
en feignant d'entrevoir.

Il est ardu d'aimer
tentant de pénétrer
l'autre dans son mystère.

Elle a posé les yeux
sur mon visage anxieux.
Prends ma main et marchons.


© andré elleboudt

lundi 16 octobre 2017

Je ne connais personne...

Pendant ce temps-là,
ils comptent les tués en Somalie.
C'est loin d'ici, en Afrique.
Je ne connais pas de Somaliens.
Et vous ?

vendredi 13 octobre 2017

Faire le siège




Les chaises sont en cercle,
les invités sont là.
Ils se sont tous assis
et se sont regardés.
Au ras du sol, discret,
comme un liteau de givre
qui marque les espaces
aux confins de chacun.
Puis, quand enfin tiédis,
les mots se sont croisés
au-delà des visages ;
la vie s'est échangée.
Il faut bien peu de choses
pour que des solitudes
sans peur enfin s'éveillent,
se sentent reliées.

© andré elleboudt

mardi 10 octobre 2017

Ouh la la




Les gens sont compliqués.
Se croient-ils mal aimés
qu'ils en sont malheureux.
Ils se disent incompris
et deviennent agressifs.
Quand ils sont menacés,
c'est le conflit mondial.
Ils comparent et jalousent
puis parlent d'injustice.
Ils se taisent de peur
et se sentent isolés.
Ils voudraient tout gagner
et en sont mécontents.
Les gens sont compliqués.
Et moi aussi d'ailleurs…
Miroir, mon beau miroir,
dis-moi ce que je suis
et ne me déçois pas.


© andré elleboudt

vendredi 6 octobre 2017

Est-ce?


 
La voilà, en silence,
elle éveille l'émoi ;
il envahit le corps.

Elle fonde un univers
au vu ou à l'abri,
c'est comme un entre-deux.
Elle ne se saisit pas
de ceci ou cela,
elle approche puis se pose.
Elle est, déjà n'est plus,
elle habite l'ailleurs,
oui, c'est ça, elle effleure.
Elle murmure un état
qui me met hors de tout,
elle ne possède rien.
Elle tente d'exprimer
ce que rien ne peut dire,
ni le mot, ni la voix.
Elle s'empare en douceur
d'un monde sans lisière,
aux frissons éphémères.
Elle est sans opinion
mais pas sans conviction,
elle est inspiration.
C'est un temps hors du temps,
d'amour ou de tendresse,
hédoniste et ludique…

Caresse.

© andré elleboudt

lundi 2 octobre 2017

La mort choisie d'Anne BERT



Elle parle de sa mort, simplement et sereine.

Elle a choisi de vivre, de suivre son chemin
au plus loin qu'il ira. Son corps est accablé.

Elle parle de sa mort, un soir à la radio.

Quand ses mots et sa voix me parlent de ses choix
c'est la sérénité qui sourd et qui éveille
en celui qui l'écoute un bien-être étonnant.
Dans la brume du doute apparaît, délicat,
un rayon de lumière. Aux orages des peurs
succède la torpeur d'une nuit sans sommeil.
Jamais, insiste-t-elle, elle n'a vécu ce choix
isolée, solitaire. C'est la force de tous
qui fortifie la sienne. Leçon d'humanité.


Elle parle de sa mort imminente et choisie.

Et l'écho de sa voix emplit l'esprit d'un feu
de liberté sincère, gravement, jusqu'au bout.


© andré elleboudt

Astre

Aux abonnés absents depuis beaucoup de lunes le soleil, ce seigneur, fit subir aux humains la nuit. Révolution! ...