lundi 30 mars 2015

Point de vue

J'ai déposé au loin,
au sommet de la terre,
quelques petits cailloux.
A l'abri du soleil.

Puis à côté des pierres
une aile est apparue
lancée par un oiseau.
Comme attachée au sol.

Et un objet volant,
dont parlent les romans,
s'en vint se poser là.
A l'autre bout du ciel.

Par dessus le brun noir
de la terre ameublie,
j'ai confronté ma vue
à la réalité.

Un fin trait de feuillus,
qu'aéraient les moulins
pas loin de la futaie,
dominait les labours.




samedi 28 mars 2015

Pensée


J'ai croisé un matin,
face au vent, un torrent
à la force inconnue.
Des sommets ébranlés
par un tel déploiement
il a tout déversé
vers les sols méandreux.
Ce n'étaient que débris
de peines et de brisures.
Un regard observait
ces tourments de nature
n'osant imaginer
le pourquoi du carnage.

D'où donc peut provenir
une hargne si dure
envahissant ainsi
un pays fait de paix?
Comment se figurer
un dessein destructeur
quand rien n'expliquerait
la furie faite vie?
Que faire pour empêcher
ou peut-être endiguer
ce qui n'a pas de sens?
Un courant peut-il être?
C'était là ma pensée
tandis que je sentais
se calmer tout en moi
un fort moment d'angoisse.

jeudi 26 mars 2015

Un trait

Tout au fond un trait gris,
dressé comme un barrage
et noyé cependant
dans un ciel, un rivage.
Perdu dans la bruyère
un monde aqueux se verse
entre roc et mystère;
tout à coup un rai clair.
Perdu, seul, éventé,
un chardon dégénère
et vomit plus qu'espère.
Mes yeux éberlués
dégustent l'univers
 
planté là, un désert.

mercredi 25 mars 2015

C'est ça

 
Je trépigne au milieu d'un océan à sec. Je marche à l'aveuglette sur un filin mouvant. Je soupire en apnée un air ébouriffant. A force d'imposer des mots neufs à ma vie, des teintes inédites, des allées s'ouvrent là. J'ai soif d'une coutume qui me dirait 'c'est ça'.
 

La nouveauté est vie pour autant que j'y trouve et la voie et le sens.

lundi 23 mars 2015

Déflagration




A l'intérieur, tout au cœur,
impatiente et tourmentée,
la vie attend au goulet
la déflagration finale.

dimanche 22 mars 2015

Jouer du pipeau

Aller bien.
Etre bien.
Vivre l'esprit serein, un esprit détaché de tant de maux, des doutes. Le corps souvent fait mal et la douleur parfois isole, écrase et tue volonté et plaisirs. Mais pis que tout, l'esprit s'en vient éteindre l'âme et transformer la vie en malheurs intérieurs.




Aller bien.
Etre bien.
Apprendre à exister à côté des misères mais surtout habiter un corps qui m'est donné, étreint de ses souffrances et les considérer hôtesses malgré moi. Je ne peux ignorer leur force, leur amertume, le tort, et l'infortune.
Aller bien.
Etre bien.
Et vivre malgré tout, me choyer et m'aimer? Devenir un soleil au plein cœur de l'orage? Un ruisseau s'écoulant au sein de la fournaise? 

Aller bien.
Etre bien.
Etre moi, simplement? Puiser la force en moi, retisser mon chalut et récolter la vie qui me rendrait du cœur? Et jouer du pipeau pour sonner le rappel des énergies, des forces, oh, surtout du bien être?

vendredi 20 mars 2015

Eux


Papa était le chef et maman le suivait.

Je crois qu'il nous aimait et elle nous le montrait.
Quand lui délibérait, elle disait 'oui papa'.


Et si lui plaisantait, maman souvent riait.
Je les ai bien aimés tous les deux en leurs styles.
Je câlinais chez l'une, me protégeais chez l'autre.

mardi 17 mars 2015

Je


Je vivais.
Je l'ignorais.
Je ne l'ai pas vu venir.
Je ne voulais pas le croire.
Je le réalise avec contrariété.

Je suis devenu fragile.
Je me croyais fort.
Je suis fragile.
Je le sens.
Je le vis.
Je résiste.
Je m'expose.
Je m'en porte mal.
Je n'en trouve d'issue.
Je suis fragile et l'écrivant
je deviens quelqu'un d'autre.
Je suis un autre.
Je rame.
Je suis.

Je veux être.

lundi 16 mars 2015

Sacré soleil...



C'est une impression floue,
pâleur d'un noir étrange.
Ce matin le soleil
s'est habillé en lune
mais craignant la critique
il s'était maquillé
en blond soleil levant.

samedi 14 mars 2015

Ciel!


Le ciel est tiraillé 
entre le bleu, le gris.
Il ne sait que donner 

la pluie ou la gaieté.
Je me dis qu'être ciel 

n'est pas une mince affaire.
Essayer de rejoindre 

les vœux-ci, les vœux-là.

vendredi 13 mars 2015

Est-il?


Est-il dans les pas du tout autre un chemin de traverse?
Est-il dans la main du très haut une voie de salut?
Est-il dans la voix du puissant un cri de liberté?
Est-il dans la vie du très grand un sang de conversion?
Est-il dans l'esprit souverain un air de renaissance?
Mais où serait cet ailleurs si ce n'est là, en moi?

mardi 10 mars 2015

Matin


La brume à peine emporte les ombres de la nuit.
 Dans un instant tout blanc se dévoile, tel un sein, l'ombre frêle d'un clocher. Au plein coeur du brouillard, on entend criailler le chant d'un être étrange et la nature se tait, curieuse, hospitalière. Quand le matin, soudain, hisse gaillardement les couleurs d'un jour neuf, un rai jaune irisé fait de l'ombre à la lune qui, abattue, s'en va vers un plus tard obscur dont on ne sait le chant. Les bruits et les odeurs éveillent au cœur du temps la narration joyeuse d'un aujourd'hui tout cru.

samedi 7 mars 2015

Nimroud


C'est un scandale! Honteux!
Ils ont osé casser, détruire et supprimer notre trésor commun.
L'humanité en art tuée sans rémission par ces humains, folies,
qui biffent de la terre les témoins millénaires des civilisations.
Des pierres sont minées, des gravures envolées, à jamais, tout jamais.
Un peu plus loin, là-bas, les mêmes imbéciles ont biffé de la vie,
par centaines et milliers, des femmes et des enfants, des hommes à tout jamais.

Est-ce moins grave pour l'histoire de perdre des humains?

Les mots dans les journaux choisis pour nous parler
des atteintes et dégâts à notre patrimoine
me blessent et me bousculent: joyaux vandalisés,
destructions scandaleuses. Inestimable et fou.
Les mots utilisés au sujet des humains
réfèrent trop souvent au nombre, à l'âge, au sexe
des victimes fauchées. Des humains simplement.

Des vous,
des moi,
mais bon!

jeudi 5 mars 2015

Au sol


Quand je l'ai vu au sol, que je l'ai ramassé, jamais je n'aurais cru que cela pouvait être. Je l'ai pris dans la main, l'ai ouvert lentement. Mon regard s'est ancré dans un fleuve de mots. Mes yeux se sont enquis de ce qu'ils pouvaient faire, et j'ai tout toléré: libérez-vous, roulez!
Alors j'ai pénétré dans un monde inconnu. Mon esprit a flippé, pendant des heures, la nuit. Quand je l'ai ramassé, ce livre, oublié là, pouvais-je imaginer qu'il allait m'étancher?

lundi 2 mars 2015

Irrépressible

J'ai tiré sur un fil léger mais bien solide. Au bord de celui-ci, des pensées très futiles car sans doute improbables, inutiles. C'est moi qui trop souvent suscite et puis subis ce geste irrépressible et cependant malin d'inventer des raisons de me faire douter, de trouver un moyen d'être si tourmenté que ma sérénité s'emmêle et puis bafouille. Ce processus est fort d'imaginer le vide habité de raison et ce, suffisamment, pour accabler le jour et saloper la nuit.

Astre

Aux abonnés absents depuis beaucoup de lunes le soleil, ce seigneur, fit subir aux humains la nuit. Révolution! ...