samedi 31 décembre 2016

Pinceau

A force de rêver et parfois d'esquisser
nos pinceaux fatigués ont failli tout lâcher.
Ils ont besoin de vous, de plein de gens debout
pour cacher ce mildiou qui rend le monde fou.

Le mildiou violence, guerre et intolérance
et ce mildiou méfiance venin de tant d'errances.
Nos pinceaux se déplument, ils perdent du volume
et crient plein d'amertume "le monde a un gros rhume!"

Unissons nos pinceaux et tous colorions l'eau,
enluminons le beau, bariolons les pipeaux,
emmitouflons de fleurs les larmes de nos peurs,
barbouillons au marqueur nos doutes ravageurs.

Et si sur le bureau somnole un vieux pinceau
prenez un papier blanc et peignez, là, en grand
vos vœux au jour de l'an! Allez, soyons vaillants…


Christine et André

© andré elleboudt

jeudi 29 décembre 2016

Givré, peut-être un peu...



Ce matin-là d'hiver, posé sur mes deux pieds
je regardais au loin le brouillard se lever.
Accroché aux nuages, le givre grelottait
pendant qu’au sol, transi, un oiseau me guettait.
 
Que veux-tu demandais-je et pourquoi me toiser?
Ma présence, à ce point, risque-t-elle de tuer ?
Crains-tu tant mon regard, te suis-je un camouflet?
Aurais-je eu trop d’audace? Tel n’était mon souhait.
 
Ouvrant alors le bec, l’oiseau me regarda.
Je branchai mon regard au silence du pas,
le suivis, oubliant de vêtir mon corps nu.
Il me sauta dessus, m’égorgea et me but.
 
Etre nu comme un ver, seul, au cœur de l’hiver
c’est risquer de mourir. Il faut bien se vêtir.

© andré elleboudt

lundi 26 décembre 2016

Plumage


Elle me dit je suis lasse.

L'encre noire épaissit
mon trait et mes rondeurs
se font raides et bancales.
Je veux me réjouir.
J'aimerais sur papier
décrire et commenter
la vie habituelle,
sa petitesse heureuse
que trop souvent j'oublie,
ses moments de tendresse
passant inaperçus.
J'aimerais sans forcer
griffonner, déguster
la simple idée de dire
'je suis bien' et c'est tout;
le bien être de faire
ce que j'aime, voilà tout.
Réaliser aussi
qu'être bien n'est pas rien,
simplement apprécier
un geste ou un regard.
Ressentir l'émotion
comme un bouillon de lave,
m'imaginer emplir
le creuset du fondeur.
Renoncer de vouloir
pour enfin recevoir,
et ne plus décider,
simplement accueillir.
Qu'au fond de mon esprit
rayonne sans tension
le soleil de la joie
qui attendrit le signe.
Et je me sens sourire,
le métal s'attendrit.
Je redeviens plumage.



@ andré elleboudt

jeudi 22 décembre 2016

Humanité


Il y a ceux qui rament,

qui suent et puis s'écroulent.

Et puis tous les battus,

les frappées, harcelées,

violées, ignorées.

Et tous ceux qui se croient

maîtres de l'univers,

s'empiffrant des misères.

Et aussi les grimpeurs

des murailles des nantis
,
abattus sans procès.

Et encore les sans tout,

les sans rien, les sans joie,

les sans toit, sans futur.

Et puis tous les humains

escaladant sans peur

mais dans le mauvais sens

l'escalator du temps.


© andré elleboudt

dimanche 18 décembre 2016

Moi aussi

J'ai entendu souvent.
Je l'ai vu quelques fois.
J'ai subi je le crois.
Ils se font face et crient,
éructent et brutalisent;
dès la victoire acquise,
ils rangent l'attirail,
partent sans regarder
au sol le sang séché.

Leurs traits sont déformés,
les bouches comme un cloaque
et en main les matraques.
ça c'est le quotidien
des haines et des refus
de l'autre comme un pus.

Bien plus couards et veules,
certains se cachent au chaud
sur les réseaux sociaux.
La noirceur erre en paix,
blesse et fauche à l'envi,
c'est facile et gratuit.
L'humanité expire;
local ou planétaire
le venin se libère.

Oh oui, tout n'est pas mal.
Mais la verve est au dur,
au fort, aux forts en gueule.
J'ai vu près de la gare
sur un mur gris tagué:
"j'aime l'humanité".

Moi aussi.


© andré elleboudt

vendredi 16 décembre 2016

Bang!

Le mur du son passé
je pensais, libéré,
conquérir l'univers.

Les pieds posés à terre
dans un coin du cosmos
je me brise la cosse.

Je fonce et vire et vis,
je découvre un taillis
d'où s'écoule sereine
une voix qui sans peine
me convainc que la vie
est tout sauf hystérie.



© andré elleboudt

mercredi 14 décembre 2016

Quoi?

"Quel temps fera-t-il?"
"J'ai mal au pied droit."
"C'est quand les soldes?"
"T'as vu le prix?"
"Y-a rien à la télé."
"Les crevettes vont augmenter."
"Fédéraliser ou pas?"
"Le tunnel est encore fermé."
"Qui présidera la commission parlementaire?
"Le bus est encore en retard."
"Et le train, toujours."
"Vous partez où cet été?"
"La deuxième voiture coûte cher."
"Interdire le Round Up?"
"Les carottes n'ont pas de goût."
"Et les tomates non plus."
"Y-a plus d'ketchup."
"Il est moche le sapin."
"Pfff, encore penser aux cadeaux."
Et pendant ce temps-là,
Alep…

© andré elleboudt

mardi 13 décembre 2016

Qu'on se le dise...

Je ne sais pas trop
ce que je veux dire.

Faut-il ne rien dire
ou dire malgré tout?

Je sais: ne rien dire!
Ça au moins c'est dit.

© andré elleboudt

vendredi 9 décembre 2016

Lumière

C'est bon de vivre et plus,
si bon d'être avec toi
quand par un matin clair
tu es là en lumière,
ton regard d'univers
invitant à l'émoi,
au partage et bien plus.


© andré elleboudt

lundi 5 décembre 2016

Q





Abandonné, là, par hasard,
un très vieux banc frissonnait, tard,
blanchi, fourbu, sec, écaillé,
au hasard froid d'un soir d'été.

Il connaissait bien malgré lui
le heurt bourru du cul humain;
patient, il accueillait, félin
le doux, l'austère et le trop cuit.

Il chérissait le toucher franc
du troufignon câlin, entier
de la pucelle qui, s'asseyant,
revigorait le jujubier.

Le morne parc aux sons amers
se réveilla dubitatif.
Comme un seul homme les bancs austères
chantaient, dansaient très créatifs.

Les bras tendus, le bois goulu
encourageait les jolis culs
à le toucher sans calculer!
Un vrai festin, lubricité.

Quand vous verrez un banc paumé,
proposez-lui d'y inviter
un popotin tout en rondeurs.
Vous lui rendrez de la couleur.

© andré elleboudt

Astre

Aux abonnés absents depuis beaucoup de lunes le soleil, ce seigneur, fit subir aux humains la nuit. Révolution! ...