Dire,
en même temps se taire.
De quelles libertés pouvons-nous disposer
pour dire et pour écrire afin de formuler
le cœur d'une pensée qui observe la vie ?
L'expression libérée qui permet de tout dire,
le sens et son contraire, en totale ignorance,
ce n'est pas du tout ça qui un jour m'a frappé.
Il me semble aujourd'hui que tout ne peut se dire
sans risquer l'échafaud pour trop de franc-parler ?
Faudra-t-il tout lisser, utiliser sans faille
un bla-bla ciselé pour ne rien signifier ?
Être pour mais pas trop, oser désapprouver
sans contrer ni choquer, dire l'humanité
mais taire les couleurs, risquer la différence
sans parler des croyances, parler de différences
mais pas d'appartenances, prendre parti pour l'un
tout en encensant l'autre et puis surtout, toujours
oser s'affirmer soi si possible en silence…
C'est un autre univers sans bronze et sans boulon
qui doucement émerge inventant en finesse
la liberté de dire, d'écrire et de penser,
de chanter, de filmer mais en ne disant rien
qui viendrait déranger et pis, désobliger.
Étrange faculté que cette liberté
de dire, d'en même temps
se taire.
© andré elleboudt