mardi 30 juin 2020

Dire et se taire

Dire,

en même temps se taire.


De quelles libertés pouvons-nous disposer

pour dire et pour écrire afin de formuler

le cœur d'une pensée qui observe la vie ?

L'expression libérée qui permet de tout dire,

le sens et son contraire, en totale ignorance,

ce n'est pas du tout ça qui un jour m'a frappé.

 

Il me semble aujourd'hui que tout ne peut se dire

sans risquer l'échafaud pour trop de franc-parler ?

Faudra-t-il tout lisser, utiliser sans faille

un bla-bla ciselé pour ne rien signifier ?

Être pour mais pas trop, oser désapprouver

sans contrer ni choquer, dire l'humanité

mais taire les couleurs, risquer la différence

sans parler des croyances, parler de différences

mais pas d'appartenances, prendre parti pour l'un

tout en encensant l'autre et puis surtout, toujours

oser s'affirmer soi si possible en silence…

C'est un autre univers sans bronze et sans boulon

qui doucement émerge inventant en finesse

la liberté de dire, d'écrire et de penser,

de chanter, de filmer mais en ne disant rien

qui viendrait déranger et pis, désobliger.

 

Étrange faculté que cette liberté

de dire, d'en même temps

se taire.


© andré elleboudt

dimanche 21 juin 2020

Folies

J'ai lancé ce matin

aux extrêmes étoilés

la balise alanguie

des fièvres amoureuses

qui depuis tant de temps

me brûlent du dedans.

 

Ouragans et tempêtes,

embruns sucrés, salés,

eaux de vie

et mers d'huile

torrentuaient en moi.

 

Catamarans joyeux

au corps de nos tumultes,

nos mots d'amour déversent

deux vies et des tourments,

des folies à foison.

© andré elleboudt

 

mardi 16 juin 2020

Métaphore



Un jour, inattendu, mon corps se rebiffa. Simplement il disait 'ça va, j'en ai assez'. Surpris, ma décision ne tarda pas : debout ! Je fais face à l'ennui. Et puis j'en viens à bout. Ce n'était qu'un moment. Je vais bien en sortir.

Mon corps m'avait parlé ; je l'avais ressenti sans même l'écouter. J'avais exagéré. Et de mois en années, de ruades en maux j'ai tout redémarré. Je me suis affalé. Ce sera un moment. Je vais bien m'en sortir.

Surchauffe du bonheur, surdité du vouloir et passage obligé au triste cabinet, contrôle des excès et rêves contrariés. J'ai bien dû m'arrêter, enfin me raisonner. Ce n'était qu'un moment. Je devais m'en sortir.

Et de semaines en mois, de chutes en faux pas, la chimie en appui. Mais je tombe quand même. Mère chimie s'agite et trébuche et se tait. Abîme d'impuissance, symptômes inconnus. Ce sera un moment. Je vais ressusciter.

Très vite alors les mots y perdent leur latin. Volonté muselée : résilience se fige, courage se dissout ; le corps, ma vie, mon cœur manipulent l'esprit et l'âme qui s'assèchent. Ce n'était qu'un moment. Comment vais-je en sortir ?

Et des années durant, tout dut être pensé, il fallut tout peser, doser et négocier afin de rebâtir la mécanique en or de mon corps détraqué, saccagé à jamais. Et j'en étais la cause. C'était un long, très long tourment. Désolation.

Un matin, au repos forcé, fuit, détesté j'ai vu dans mon état, comme une métaphore : la terre qui fulmine de tant être blessée, contrariée, asséchée, détraquée, saccagée. C'était la faute à qui ?

C'était à ce moment, aujourd'hui, maintenant.

© andré elleboudt

lundi 15 juin 2020

Vicieux

C'est la sidération d'un petit truc vicieux

qui m'a fait découvrir un silence inouï.

 

Les sons de nos matins, le silence des mots

musiques de l'ennui soudain rythmaient le temps.

 

Bien plus que tout cela, il est un bain de tons

qui viennent titiller le pavillon des vies.

 

C'est le chant de l'oiseau bâtissant son printemps

au seul souci choisi du rythme des saisons.

 

Alors je me suis tu non pas lassé de mots

mais curieux des instants que d'autres racontaient.

 

Et bien loin de débats, des je-sais mieux que toi,

des j'ai-raison c'est tout, j'ai relu l'agenda.

 

Courir après l'urgence, m'écraser de il-faut ?

Je me suis arrêté et je me suis parlé.


© andré elleboudt

mercredi 10 juin 2020

Nue

Elle est si belle. Vraiment. Nue dans l’obscurité, perdue là entre tant de beautés éthérées, inaccessible et douce elle semble subjuguer. Elle est paix absolue. Si j’osais la toucher j’imagine un bonheur pareil à l’infini et, croisant son regard, je m’y perdrais grisé. Sur sa peau pas de pli, un univers parfait emplit ses courbes lisses. Il n’est pas de limite à sa beauté subtile exposée à chacun au risque d’abîmer. On la dit généreuse, je le crois volontiers, mais elle est délicate et son charme fugace nous la rend éphémère.

Des mâles, un jour de feu, ne l’ont pas ménagée ; en hommes enfiévrés ils l’ont ensorcelée, charmée puis possédée.

Et ce jour-là la terre s’est surprise à trembler, nue dans l’obscurité.

© andré elleboudt

vendredi 5 juin 2020

Ce matin


Ce matin il pleuvait.


Les idées, les questions

suspendaient leurs éclats.

Et j'aimais cet état,

la paix des aiguillons.


Ce matin il pleuvait.


© andré elleboudt

mardi 2 juin 2020

Autrement


On dirait un tunnel, la lumière y est douce faite d'ombre et de calme, de soleil et de vie.

Tout au fond une porte.

Entre les deux, l'espace comme un aimant m'attire.

Un couloir se dérobe et malgré moi j'y cours.

Sur un mur, oubliées, des lettres maladroites "reconstruire une vie autrement".

Autrement…


© andré elleboudt

Astre

Aux abonnés absents depuis beaucoup de lunes le soleil, ce seigneur, fit subir aux humains la nuit. Révolution! ...