jeudi 29 octobre 2020

Malgré tout

Un matin de l'automne quand tout se mollifie

avant de s'enfoncer dans la tourbe du temps,

je suivais du regard une goutte de bruine

traçant avec chaleur sa route vers en bas.

Un brutal coup de frein interrompit la course.

 

Elle se mit à penser, car oui, la goutte pense

et surtout réfléchit la lumière et la vie.

Je me sens, se dit-elle, au début d'un hiver.

Mon histoire entamée au sommet du carreau

vient de plus loin là-haut, de tout là-haut si haut.

 

L'orage se prépare et je me verrais bien

devenir tsunami. Je ne serais que force.

Il suffit de vouloir, d'ameuter, de convaincre

toutes mes sœurs au ciel qui glandent et se chagrinent

d'être les invisibles, arides du climat.

 

Il nous faudra nouer nos humeurs et nos rages

pour être ce torrent qui fera notre force.

Et alors on verra sur la terre et au ciel

que même tout petits, faibles et inoffensifs

nous pouvons inventer, bâtir nos utopies.

 

Je rêvais, assoupi. Soudain, émoustillé,

il me sembla tenir une clé pour demain

faisant de nos histoires un moment de l'Histoire

qui bâtirait demain en ce que nous voulons.

C'est simple malgré tout. Malgré tout.

 

© andré elleboudt

dimanche 25 octobre 2020

Kermesse

Dirais-je moulinet ? C'est un peu de cela.

Serait-ce un carrousel ? Non ce n'est pas la fête.

Je prends le tourniquet, ses pointes hérissées.

Je laisse le manège, ses odeurs de kermesse.

 

A tant tourner en rond, le quotidien du mal

se fait vertigineux, le défilé saoulant

des issues salutaires fait de moi un pantin.

Cependant je les vois m'invitant à la pause.

 

C'est la ronde des maux, ce cerceau arrogant

qui corrode les forces, efface toute issue.

On peut s'accoutumer de l'ivresse des tours,

un jour ils ne s'arrêtent et deviennent débauche.

 

Et le labeur servile se fait vaine besogne

puis sotte dépendance. Ce jour-là tout s'arrête,

le courage se meurt, la volonté, blafarde,

remet son tablier. L'être se fait néant.

 

La fougue d'en sortir se liquéfie, inepte,

les forces alors s'enivrent à ne pouvoir mener.

C'est le rien qui devient saveur du quotidien.

C'est ballot de s'user pour édifier le vain.

 

© andré elleboudt


lundi 19 octobre 2020

Glacé

Comme un gâteau glacé, un centre d’intérêt, 

il rassemblait la vie. Tout le monde l’aimait.

Là on le grignotait et là on se goinfrait.

La vie avait le goût d’un gâteau partagé

sans trop s’interroger sur le sens de cela.

Selon son appétit chacun était joyeux

geignant ou pas content, râleur ou apaisant.

 

Le moisi apparut un matin de printemps.

Il fallut bien du temps pour piger la saveur

de cette virago jusqu’alors inconnue.

Les humeurs et les goûts, les mots et les outrances,

les cris, les remontrances, tout ce qui fait farine

aux moulins des natures déchaina les génies

cachés au fond de nous. Chacun savait, c’est sûr.

D’autres doutaient, fléaux. Tous ceux qui survivaient

avaient bien des idées, hurlaient des décisions,

des comportements sûrs, une vie large ouverte

ou des portes fermées. Le moisi s’étalait

les bras verts et suspects. Le glacis se brisait.

Le gâteau répandait le doute et ses misères,

le quotidien plongeait dans le chacun sait quoi,

et le moi je sais mieux. On regardait ceux-là,

riait de ces idiots, avait flingué les cons.

 

Pourtant, lui il savait. Pourquoi ne pas quérir

le fond de son savoir, la saveur de sa science ?

Il mourait de répondre. Personne ne mandat

ses avis, sa sagesse. Il est resté chez lui

en pariant, insolent, sur la fin de ceci

et même de ceux-ci. Un matin il se dit,

m’avait-on consulté ! Crétine humanité.

J’étais là, allongé, au soleil opalin

du salon outillé, étendu, apaisé,

peut-être un peu berné, sur un lit, entouré

de ces gens qui savaient…  qu’on ne peut pas frimer,

se vanter, s’esclaffer, baver ses mots aux vents

imaginant savoir, pourtant ignorant tout.

 

Lit médicalisé.

Certitudes entubées.

Son ego intubé.

Ah mais si, il savait… 

 

© andré elleboudt

jeudi 15 octobre 2020

Bêtes questions...

-       Ça sert à quoi un parlement ?

-       À représenter les citoyennes et les citoyens qui ont élu leurs représentant(e)s.

-       Pourquoi les représentant(e)s sont-ils/elles choisi(e)s ?

-       Parce que les citoyen(e)s pensent que les élu(e)s les représenteront bien.

-       Et comment les élu(e)s savent-elles/ils ce que les citoyen(ne)s veulent ?

-       Arrête de poser des bêtes questions veux-tu ?

 

© andré elleboudt


vendredi 9 octobre 2020

Je l'aime

Ce mot je l'aime.

 

Je l'ai toujours aimée. Je la voudrais présente au cœur de toutes et tous, ou du plus grand nombre.

Certains ne l'aiment pas et cela me fait mal.

Car j'ai aimé penser que la tolérance est une qualité fondamentale, le 'ce sans quoi'.

J'ai beau m'en assurer, m'en convaincre, un petit tic tic facétieux éveille ma pensée à l'image du monde.

Peut-on tout tolérer ? J'aimerais le croire. Mais si l'intolérant met en péril la possibilité de la tolérance ? Alors le tolérant se perd et avec lui la tolérance.

 

Ce mot je l'aime.

Et je veux bien admettre qu'être tolérant mène parfois à ne pas tolérer l'intolérance.

 

© andré elleboudt


mercredi 7 octobre 2020

Sacrelotte

La forêt n'est pas juste du bois

et l'arbre objet d'admiration.

La fleur n'est pas juste belle

et le bouquet matière à décoration.

L'abeille n'est pas juste un insecte

et l'essaim transporteur de pollen.

L'humus n'est pas juste le sol

et la terre occasion de cultures.

L'homme n'est pas juste un usager

et l'humain producteur à l'envi.

 

Finalement,

celui qui se dit au sommet de la tour

serait bien celui-là qui vient tout désunir.

Pourquoi, sacrelotte,

un homme en vient-il à se croire

tout permis ?

 

© andré elleboudt


jeudi 1 octobre 2020

Sec

Assis là,

plein d'espoir,

il jetait ses filets.

 

Il en voulait au monde,

mais à quoi bon ?

 

Il jetait ses filets

dans un ruisseau

à sec.

 

© andré elleboudt

Astre

Aux abonnés absents depuis beaucoup de lunes le soleil, ce seigneur, fit subir aux humains la nuit. Révolution! ...