Un matin de l'automne quand tout se mollifie
avant de s'enfoncer dans la tourbe du temps,
je suivais du regard une goutte de bruine
traçant avec chaleur sa route vers en bas.
Un brutal coup de frein interrompit la course.
Elle se mit à penser, car oui, la goutte pense
et surtout réfléchit la lumière et la vie.
Je me sens, se dit-elle, au début d'un hiver.
Mon histoire entamée au sommet du carreau
vient de plus loin là-haut, de tout là-haut si haut.
L'orage se prépare et je me verrais bien
devenir tsunami. Je ne serais que force.
Il suffit de vouloir, d'ameuter, de convaincre
toutes mes sœurs au ciel qui glandent et se chagrinent
d'être les invisibles, arides du climat.
Il nous faudra nouer nos humeurs et nos rages
pour être ce torrent qui fera notre force.
Et alors on verra sur la terre et au ciel
que même tout petits, faibles et inoffensifs
nous pouvons inventer, bâtir nos utopies.
Je rêvais, assoupi. Soudain, émoustillé,
il me sembla tenir une clé pour demain
faisant de nos histoires un moment de l'Histoire
qui bâtirait demain en ce que nous voulons.
C'est simple malgré tout. Malgré tout.
© andré elleboudt