mardi 21 juin 2022

Faux pas

Faut-il être parfait pour fabriquer sa vie ?

Faut-il que notre plume calligraphie nos jours ?

Faut-il que notre main cisèle sans bavure le marbre des années ?

 

Et si nos maladresses disaient tout de nos vies ?

Et si nos désarrois racontaient nos toupets ?

Et si nos embarras fleuraient bon le vent fou d’un orage en été ?

 

Notre vie serait-elle entachée à jamais ?

Notre vie crierait-elle à l’échec ou au drame ?

Notre vie devrait-elle éclater de santé pour sembler féconder ?

 

Il est de ces naissances qui tremblent et qui bredouillent et qui soudain éprouvent l’ivresse des sommets au risque du faux pas.

 

© andré elleboudt


mercredi 15 juin 2022

Savoir

C’est quoi l’avant de nous ?

De celles et ceux, un jour

qui nous ont faits, portés,

élevés, éduqués

et jetés dans la vie

à l’insu de nos sens ?

 

On ne sait pas grand-chose

de tant de vies passées,

silencieuses à jamais.

Quelle somme d’amour,

quel bagage de dons

ont fait ce que nous sommes ?

 

Que de mots étouffés,

que de tristesses tues

habitent nos silences.

Et que de bonheurs fous

de projets audacieux

couvent nos impatiences.

 

Il est là cet avant

où j’aimerais entrer

et à jamais perdu

dans la friche des vies,

dans le terreau du cœur.

Vanité de savoir.

 

© andré elleboudt


mardi 7 juin 2022

histoires

J’aime bien les histoires.

Celles qui font rire

et celles qui étonnent

ou même qui font peur.

Et puis la grande Histoire

qui fait et qui défait

le quotidien des hommes.

Celle que nous faisons

et que nous subissons

ou gonfle nos poitrines.

 

Des livres entiers racontent.

 

L’histoire personnelle,

toquades de chacun,

entrailles de chacune

que l’on dit, que l’on tait,

que l’on vit ou surfait,

écrites au quotidien

à l’encre des vaillances,

à l’eau de nos silences,

celles qu’on oubliera

ou qu’on s’inventera…

 

Avec quelles étoffes

habillons-nous nos jours,

à l’abri de quoi donc

cachons-nous nos faiblesses,

riches de quelle ardeur

parlons-nous de l’hier

et de quel héroïsme

colorons-nous nos mots ?

 

Quels sont donc ces outils,

ces matériaux divers

qui construisent nos vies,

les hauts-faits et le reste ?

Je me disais cela

en entendant ces mots

et toutes ces histoires

que l’on raconte un jour

au sujet de la vie

de tous ceux qui s’en vont.

 

© andré elleboudt


jeudi 2 juin 2022

Bribes

Un mur.

Démesure face à moi.

Volage, inattendu.

Souvent je m’en suis plaint.

 

Pauvre de moi, apitoiements intimes.

 

Facilité aussi.

Et l’esprit empêché, interdit de maquis.

Exclu du vrai débat à mener tout en lui.

J’ai mal, j’en suis malheureux, j’en ai assez.

Je n’irai jamais mieux.

J’arrête.

Tel est le triste jeu

de la plainte qui force mon courage

à déposer la charge.

 

Pauvre de moi, résignation, échec.

 

Et c’est ce même moi

qui rame et qui surnage,

qui accepte la noyade

à quelques pas d’une rive,

d’un incertain rivage de paix.

Car le supposé bien de mes lamentations

annihile mes forces

pourtant prêtes tout là-bas, tout au fond de moi

à répondre à l’urgence

de la vie.

 

Avoir mal cependant être bien

de ces instants de vie

bribes de vrais

petits bonheurs.

 

© andré elleboudt


Astre

Aux abonnés absents depuis beaucoup de lunes le soleil, ce seigneur, fit subir aux humains la nuit. Révolution! ...