Bertha

Le gel un jour, cinglant,
manqua de correction
s'adressant à Bertha
suggérant que celle-ci
ne remplissait l'office
de refroidir la terre
mettant, dès lors, un terme
à sa gelante charge.

La déesse du froid
n'apprécia que fort peu
l'arrogance du gel
le jugeant gringalet
face à son feu glaçant.

Le gel en fut vexé
et voulut démontrer
son pouvoir gélifiant.
A trop vouloir prouver
il en devint bouillant.
C'est ainsi que depuis
on parle de gelée
de pomme ou de framboise.

© andré elleboudt

Jungle bell

La jungle…
initiale
où,
probablement,
quelque chose comme la vie commença
et qui se dénature
en jungle…
finale
où,
certainement,
quelque chose comme l'accueil échoua
et
tant pis pour ces indus,
tristes descendants
d'une humanité
primordiale.

Fesses

Il ne s'agit pas tant
pour être bien sur terre
de simplement bien naître.
Un chemin reste à faire
qui ne dépendra pas
de maman ou papa.
Au cœur des qualités
dont nous sommes dotés
des sentiers s'ouvrent à nous.
Il s'agirait alors
de naître et de renaître
au fil du temps, sans cesse,
de cultiver son être,
de se bouger les fesses,
de se vouloir demain.

© andré elleboudt

Meurtre

J'ai manqué tard hier
le train de la marée
des hautes eaux du soir.

Les marins au repos
avaient abandonné
les coursives et les quais.

Ni presse, ni annonce
ne m'avaient informé
du meurtre de la mer.

La police aux abois
et les gens en émois
enquêtaient à tout va.

De sondages en recherches,
au fil des jours, des mois
on loupait sa dépouille.

Quand soudain loin à l'est
un sanglot s'écoula:
la mer est morte! Aral!

© andré elleboudt

OGM

Un potiron dodu
s'amouracha un jour
d'une verte courgette.
Sur la chaude croisette
d'un potager ventru
s'élança leur amour.

S'enflamment les courbettes,
les regards assidus,
les poncifs de la cour.
Il est bon qu'on se jette
dans les bras de l'élue,
c'est ça aussi l'amour.

Et soudain tout s'arrête.
Ogm reconnu.
Funeste désamour.

© andré elleboudt

Maître

C'est au son du pipeau
qu'un nuage apparu
dans un ciel gris d'enfer.
Il annonçait aigri
la fin d'une aventure.
Une histoire écrasée
par d'humaines misères,
un récit concassé
par d'humaines folies.

Car chacun désormais
resterait prisonnier
aux abords de chez lui.
Chacun vivrait enfin
à l'abri du commun,
chacun maître chez lui
enfin tari des autres.

 © andré elleboudt

Cadran

Par un instant si bref
à faire sourire l'éternité,
entre deux pas, deux pieds
suspendus hors du sol, légers,
caché sous les aiguilles
du cadran d'une horloge usée,
le temps, illuminé,
vaquait insoucieux mais contrit
de se sentir filer
incapable d'y rien changer.


© andré elleboudt

Désarmé

Un tout petit morceau,
petit morceau de vie
s'ajoutant à la vie
comme un simple brin d'air
accompagnant l'inspir
faisant la goulée d'air
comme un pas en chemin
petit bout de sentier
construisant le voyage
comme un mot dont les sons
mélodiaient patiemment
la phrase et tout son sens
comme un regard ému
se posant désarmé
sur l'être que l'on aime…


© andré elleboudt

Lien

Dis, quand un lien se noue
à quoi cela tient-il?
Aux amours, aux familles,
aux amitiés diverses
ou même aux séductions?

Dis, pourquoi certains liens
se tissent-ils pour toujours
quand d'autres se délitent
et que d'aucuns survivent
sans plus d'affectation?

C'est le mystère diffus
des liens entre chacun.
Un goût d'éternité,
la saveur d'un trop peu?
Et puis, allez savoir!

© andré elleboudt