jeudi 28 mai 2015

Vérité



Car quoi? C'est vrai enfin, les pensées ne sont que des pensées. C'est l'esprit qui gigote et s'affaire, il s'occupe et se prend pour le Nobel et puis me laisse avec tout ça végéter, ruminer, me casser la santé. 
Ô, cerveau prétentieux qui croit manipuler ma faible volonté! Je voudrais te dompter mais je devrais plutôt t'observer de côté, ne pas m'imaginer que tu es vérité!

dimanche 24 mai 2015

Inventer


 
En regardant autour de moi la vie du monde et ses ébats,
je pensais à demain matin et ce qu'il resterait de nous.
J'apprends, des mots d'un grand savant, la mort probable des humains
ces grands génies à l'esprit fort, bien incapables de contrer
les conséquences inévitables de tant de gestes de folie.
Ils avaient oublié, idiots, une évidence, un simple égard
celui de respecter la vie.

De tous les êtres autour de nous, l'humain, vêtu de prétention,
semble ignorer les lois banales de la survie, de la constance.
Pourtant la vie à ses côtés dit à souhait, c'est un truisme,
que pour régir la règle est bien de s'adapter, s'acclimater.
L'être humain est le seul vivant qui pour durer doit s'ajuster.
Et l'homme, plutôt que concorder, a décidé de modifier
le monde et ses altérités.

Mais voilà que la mer, les monts, les forêts, l'air et des vivants
considèrent, et ils ont raison, que cela est impertinent.
Un matin tôt ils les assignent, ils les sermonnent, ils les fustigent;
l'humanité est condamnée: c'est le climat qui va changer!
L'humain se prend pour dieu le père et sûr de son bon droit s'entête.
La suite n'est pas encore inscrite au panthéon de la folie.
A nous, ma foi, de l'inventer.

samedi 16 mai 2015

C'était un lendemain


Je suis mort un matin sans trop savoir pourquoi.

Ce qui faisait ma vie, soudain, m'est devenu
étranger et alors j'étais seul et perdu.
Le sol que je foulais, les voix que j'entendais,
l'univers, les repères qui m'étaient familiers
n'éveillaient plus mes sens, ma mémoire me cherchait.

Je suis mort un matin, c'était un lendemain.

Il m'a fallu un jour et je crois plus encore
pour prendre possession du nouveau territoire.
Je ne possédais rien tant tout était divers,
différent de l'avant, cet avant que j'étais,
qui me sécurisait, pacifiait, que j'aimais.

Et aujourd'hui encore, je vis avec ce moi
qu'un jour j'ai délaissé pour habiter celui
qu'à ce jour je deviens, fais être et reconnais.
Escapade insolite, périple saisissant
que perdre un peu de moi. Destinée singulière
de devenir un autre pourtant vêtu de soi.

jeudi 14 mai 2015

Bleu pâle



Entre pâle bleuté et gris clair irisé, 
je marche seul, perdu dans la brume du cœur, 
cherchant du bout des doigts un mot, 
une chaleur à poser là; faire à l'amour un nouveau-né.
Au tournant d'un regard, fugitive pensée, 
de marcher sans y voir, le chemin est au cœur; 
un pas, une foulée qui deviendraient lueur, 
oser risquer un mot qui se ferait sentier.
Quand marchant plus avant, le brouillard est levé, 
imaginer un nom, lui dédier la saveur, 
qui depuis ce matin invente des couleurs, 
image floue, l'amour que tu as éveillé.
C'est ton corps, c'est ton goût qui se sont dessinés, 
c'est le fil de tes yeux, tes mots comme une ardeur 
venue éclabousser l'univers endormi, 
c'est toi.

lundi 11 mai 2015

Plaisir


J'étais assis, curieux,
au pied de ce mystère
tous les sens en éveil.
 

Que signifiaient ces traits
unissant l'invisible
en un pont de couleurs?
 

J'ai laissé les questions
et puis, ouvrant les yeux,
j'ai goûté mon plaisir.

dimanche 10 mai 2015

Longtemps

Cela fait si longtemps,
que le jours et les nuits ont oublié les mots.
De mois ou bien d'années comme un jour sans humeur.
Ta mémoire égarée ne m'a plus fait vibrer.
Et soudain aujourd'hui je pense à toi, maman.
Que de choses à te dire, de nouvelles et de faits
et tant de mots, de noms que les pages d'un livre
seraient bien illusoires pour te faire l'état
de ma vie loin de toi.
A midi, un dimanche, après tant de silence
à jamais tu t'es tue.
Et voilà qu'à cette heure, je perçois étonné
que tu t'en es allée.
Etrange jeu d'esprit qui fait jaillir un soir
l'évidente lumière.
La perte d'une mère.

jeudi 7 mai 2015

Sorcière


Il m’arrive parfois au détour d’un matin
de croiser en chemin une horrible sorcière.
Horrible mais pas laide, disons plutôt vilaine
au regard asséché, aux rides venimeuses
de tant de nuits de fiel, de journées sans câlin.
C’est la vie qui transforme en ces êtres difformes
les destinées banales de ces femmes pisseuses
et mauvaises et menteuses dont les airs compassés
feraient croire à un con qu’elles sont la bonté même.
Ces êtres malheureuses manipulent les mots, les paroles et les mines ;
n’allez pas croire, amis, que chez elles le blanc est blanc en vérité !
C’est un douteux mélange de gris comme effacé.
Il n’y a plus de ton, simplement des essais de couleurs délavées
qui amplifient, miroir, le vide d’un cœur mort.
Ces mangeuses de joie vous feraient avaler n’importe quel été
en dénonçant, grands dieux, n’être qu’en février.
Méfiez-vous, passants, de ces femmes fatales,
vous deviendrez coupables de leurs perversité.
Retenez que ces dames ont des amis nombreux,
tous ces gens qui un jour ont cru leurs charités.
 

Etonnant, direz-vous, que sorcier signifie tant et tant d'autres choses.
Et pourtant...

dimanche 3 mai 2015

Azimut



Je voudrais t'inventer un bateau tout de feu
naviguant, tête en l'air, vers une île, un non lieu.
Te donner, étourdi, un océan de joie,
puis divaguer tous deux au cœur de toi, de moi.
J'aimerais dessiner tout là-bas un nuage
et accoster, fiévreux, sur un sol sans rivage.
Eclater le loquet de nos cages et voler,
éblouis, éperdus, aux ciels azimutés.
J'oserais varapper aux sommets de ta vie,
traverser les abîmes de tout ce qui nous lie.
M'abandonner, rivière, aux secrets des taillis,
aux volutes des sens, me détendre au pays.
Je me ferais potache au lycée de ton corps
révisant les matières, étudiant les accords.
Et devenir orfèvre, manipulant, expert,
les cimeterres épris par tes courbes solaires.

Que bafouillent les mots, qu'explose mon émoi,
quand parfois je me mets à me parler de toi.

Astre

Aux abonnés absents depuis beaucoup de lunes le soleil, ce seigneur, fit subir aux humains la nuit. Révolution! ...