Et partir en courant, à grands pas, bout de souffle, attiré vers un là que je ne connaîtrais que par indiscrétion. Ebloui tout à coup, obscurci par la course, mes pas me porteraient vers un monde inconnu que je découvrirais par un coup de hasard.
Enfoncé plus avant dans l’univers inquiet des regards en présence, je me dirigerais vers un soleil mielleux m’attirant sans raison. Mais qu’est-ce que la raison quand le cœur prend le large et avance à tâtons ému par tant de leurres ?
J’ouvrirai mon regard à la page à écrire, j’aiguiserai ma joie au tranchant de son rire. Car je verrai un être ou sera-ce un peut-être que je distinguerai plus que ne connaîtrai, ne faisant plus confiance qu’aux feux, qu’aux apparences de ce déjà paru aux pieds de l’inconscience.
A moins que ce ne soit aux traits des circonstances que je vouerai mes pas au suc de ta présence ? Car ce sera de goûts, de saveurs et de jougs dont il sera question au nœud de nos chemins. Tu te révéleras soudain et sans appel, je me réveillerai vivant et hors d’haleine.
Et je t’enlacerai et je t’embrasserai, je te dirai je t’aime...
J’ai vu des larmes sur tes joues, larmes de pleurs,
larmes salées au goût de peur et ta rancœur
a bafouillé des mots de rage et sur tes joues
j’ai vu de larmes s’écouler.
J’étais assis, j’ai regardé.
Ta peau est balafrée par les assauts glacés des frappes débridées de l’imbécillité ;
tes doigts se sont fermés sur des joies abîmées par des bâtards déchus aux rêves dépassés.
Aux crêtes des forêts j’ai vu soudain flotter la hargne nationale éculée et débile
de sergents de kermesse ivres de préjugés, inventeurs obsédés de la haine facile.
J’ai vu des larmes sur tes joues, larmes de pleurs,
larmes salées au goût de peur et ta rancœur
a bafouillé des mots de rage et sur tes joues
j’ai vu de larmes s’écouler.
J’étais assis, j’ai regardé.
Si l’aujourd’hui des cons façonne ton demain, je crains que toi, gamin ne tienne entre tes mains une folie plus folle, une arme plus fatale, connerie érigée en vertu capitale,
qui ferait croire aux hommes que la terre natale ne peut être souillée, que ce serait fatal ;
adviendra un matin aux ardeurs féodales et sonnera le glas et vaincra la canaille.
J’ai vu des larmes sur tes joues, larmes de pleurs,
larmes salées au goût de peur et ta rancœur
a bafouillé des mots de rage et sur tes joues
j’ai vu de larmes s’écouler.
J’étais assis, j’ai regardé.
Au fond de moi résonnent secs et durs, inutiles, les coups fous des canons des armées imbéciles ;
si nous restons assis, se lèveront les vils, dans notre indifférence le fascisme fleurit.
Arrêtez d’rigoler ! Vous me faites étouffer. Des jeunes filles à l’autel, mais vous vous méprenez. Le service de l’autel est à ce point crucial qu’il faut, mais attendez, des hommes, c’est capital. Des filles pour le service, d’accord, de sacristie pour les fleurs et les nappes et aussi les broutilles, mais pour le sacrifice, il ne faut que des fils ; de bonnes et belles familles, cinq enfants c’est un plus, un papa aux affaires et la maman d’office at home et au fourneau pour la bouffe mais pas plus. Ce qui est féminin se conjugue, mais bien sûr, au mode impératif quant aux mâles, dont je suis, ils œuvrent, c’est ça un fils. Tiens, quand j’étais petit, j’étais enfant de chœur, que j’écrivais sans « h », oui, j’étais enfant de cœur. Cela me fait penser que le « h » oublié ne pouvait signifier que seul l’Homme en possède. Sinon, imaginez, quelle humanité laide si les femmes hors du chœur, de cœur étaient privées.
Un bébé en habit habitait un bateau. Alors que sa tantine tentait de teindre un thon, un coup sourd en son sein sonna sec et soudain s'étendit le tonton au sol sali de sang. Le bébé ébahi bêla si bêtement que sortit du sari de la tante étonnée un totem étourdi de tant être damné d'avoir tué tonton. Si tu tues tu te tais.
Il m’arrive parfois au détour d’un matin de croiser en chemin une horrible sorcière. Horrible mais pas laide, disons plutôt vilaine au regard asséché, aux rides venimeuses de tant de nuits de fiel, de journées sans câlin. C’est la vie qui transforme en ces êtres difformes les destinées banales de ces femmes pisseuses et mauvaises et menteuses dont les airs compassés feraient croire à un con qu’elles sont la bonté même. Ces êtres malheureuses manipulent les mots, les paroles et les mines ; n’allez pas croire amis que chez elles le blanc est blanc en vérité ! C’est un douteux mélange de gris comme effacé. Il n’y a plus de ton, simplement des essais de couleurs délavées qui amplifient, miroir, le vide d’un cœur mort. Ces mangeuses de joie vous feraient avaler n’importe quel été en dénonçant, grands dieux, n’être qu’en février. Méfiez-vous, passants, de ces femmes fatales, vous deviendrez coupables de leurs perversité. Retenez que ces dames ont des amis nombreux, tous ces gens qui un jour ont cru leurs charités.