vendredi 27 mars 2020

Il est bien ce bourgeon...


C'est un bourgeon joyeux. A l'abri du poirier, le printemps généreux lui donne des idées. Je m'en vais, se dit-il, exploser par milliers les raisons de ma joie. Le poirier le connaît, il sait son enthousiasme. Aujourd'hui il le craint.

Sais-tu mon bel ami que cette année ta joie, ta générosité devront se mesurer. Tu ne peux toussailler qu'au seul creux de ma branche !

Les pensées du bourgeon aussitôt se font noires. Le jardin… avorté sans la frivolité et sans le goût sucré de mes délicatesses. Quelle en est la raison, dis-moi la vérité.

C'est qu'il est envahi par une obscure peste qui tue sans distinguo, toutes celles et tous ceux qui inhalent et inspirent, soupirent ou qui reniflent et soufflent sans vergogne. Le jeu de ce poison est de s'insinuer, de partager, baigner chaque perle de mot, les pincées de paroles, les soupçons de débat tenus entre chacun puis de filer ailleurs poursuivre ses razzias, ses raids et de tuer tout ce qu'il peut trouver.

Le bourgeon sur-le-champ referme sa pérule, tient conseil à l'interne et décide, évidence, d'attendre que ça passe, bien à l'abri chez lui.

Il est bien ce bourgeon murmura le poirier. A printemps contagieux, pénates calfeutrés.

© andré elleboudt

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