C'est un bourgeon
joyeux. A l'abri du poirier, le printemps généreux lui donne des idées. Je m'en
vais, se dit-il, exploser par milliers les raisons de ma joie. Le poirier le
connaît, il sait son enthousiasme. Aujourd'hui il le craint.
Sais-tu mon bel ami
que cette année ta joie, ta générosité devront se mesurer. Tu ne peux
toussailler qu'au seul creux de ma branche !
Les pensées du
bourgeon aussitôt se font noires. Le jardin… avorté sans la frivolité et sans
le goût sucré de mes délicatesses. Quelle en est la raison, dis-moi la vérité.
C'est qu'il est
envahi par une obscure peste qui tue sans distinguo, toutes celles et tous ceux
qui inhalent et inspirent, soupirent ou qui reniflent et soufflent sans
vergogne. Le jeu de ce poison est de s'insinuer, de partager, baigner chaque
perle de mot, les pincées de paroles, les soupçons de débat tenus entre chacun
puis de filer ailleurs poursuivre ses razzias, ses raids et de tuer tout ce
qu'il peut trouver.
Le bourgeon sur-le-champ
referme sa pérule, tient conseil à l'interne et décide, évidence, d'attendre
que ça passe, bien à l'abri chez lui.
Il est bien ce
bourgeon murmura le poirier. A printemps contagieux, pénates calfeutrés.
© andré elleboudt
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