samedi 25 février 2017

Couleurs folles











Dans son grand atelier,
il tissait de longs draps,
des nappes et des mouchoirs,
des manteaux, des drapeaux…
Ah non, pas de drapeau.

Son atelier joyeux,
aux murs nus, lumineux,
était orné de fleurs,
les fraiches du jardin,
la floraison des plantes.

Il était réputé
pour la qualité fine,
la couture élégante,
le tombant des matières,
le fini et la grâce.

Mais était mécontent,
chaque jour un peu plus.
Bien sûr le fil écru
faisait sa renommée.
Son insatisfaction.

Distrait, un soir sans joie,
il renversa un vase,
les fleurs, l’eau, les pétales.
Fâché et ronchonnant
il alla se coucher.

Sa joie et son émoi,
le lendemain matin,
en découvrant soudain
le mariage élégant
des soies et des pétales!

La couleur s’étalait
dans les fibres et les trames.
Et du brut élégant
sortaient les vagues folles
des couleurs débridées.

© andré elleboudt

jeudi 23 février 2017

Printemps



La jonquille s’inquiétait
bien au chaud à l’abri
du bulbe protecteur.
Bien sûr il faisait nuit
et pourtant elle voyait.
Ou mieux, elle ressentait
qu’un printemps se pointait
peu enclin à fleurir,
à donner des couleurs
aux grilles de fin d’hiver.

Et ce qu’elle pressentait
n’était que moisissure,
comme si sur terre soudain
la vie prenait le goût
du rance et du souillé.

Elle ne pouvait, chétive,
savoir qu’à la surface
l’usage ou la marotte
était aux turpitudes.
Des humains en effet
confondaient à l’envi
les lois de la nature
et le sens de l’éthique :
le corrompu est soit
multiplier la vie,
trahir un idéal.

Ils étaient corrompus,
se croyaient floraison.
Ils disaient abondance
et sentaient le pourri.
Quelle triste renaissance.
Le printemps approchait.
Le sous-sol s’agitait.
Mais bulbes et oignons
refusaient d’imiter
la confusion humaine.

A l’élysée des fleurs
la corruption est vie,
promesse de beauté
à être et partager.
Des humains l’oubliaient.


© andré elleboudt

dimanche 19 février 2017

Facétie




Enceinte, au galbe franc,
belle et ensorcelante,
dominant de ses traits
tout ce qui l’entourait.
Ample et déterminée,
les regards admiraient
sa force et sa beauté.

Enceinte et cependant
objet de violence,
d’attaques, de  meurtrissures.
Sa beauté et sa force
impressionnaient au loin,
assurée, insolente,
rien ne lui résistait.

Les mots sont facéties
Ce que l’esprit en dit
nous raconte, selon,
les récits de nos vies,
les récits de nos guerres.

© andré elleboudt

jeudi 16 février 2017

Elle dansait


Adossée au mur blanc,
elle dansait seule et nue
au rythme du silence.
Le soir le vent pourtant,
s’engouffrant dans la rue
venait troubler sa danse.

C’était en bafouillant
qu’alors cette ingénue
s’excusait, comme en transe.
La nuit finie, soufflant,
bref et sans retenue,
il l’éteignit. Errance.



© andré elleboudt

mardi 14 février 2017

Encre douce


Inaugurer le temps à l’abri du passé.
Te dire et murmurer les mots à inventer.
T’écrire à l’encre douce.


Apprivoiser mes pas au timbre de ta joie.
Epoumoner mon être au toucher de tes doigts.
Conjuguer mon amour au présent de ta vie.


Enraciner ton goût au limon de mon corps.
Accrocher ton regard au fil de mes silences.
Etaler tes couleurs sur la toile de mes nuits.


Dessiner ton visage au refrain de mes heures.
Harmoniser mes peurs aux rives de tes yeux.
Ecrire à l’encre douce l’essoufflement des mots.


Etonner nos désirs aux accidents du cœur.
Inséminer nos nuits des attentes des jours.
S’écrier nos ardeurs aux parfums de nos cours.


Inaugurer le temps à l’abri du passé.
Redire et murmurer les mots à t’inventer.
T’écrire à l’encre douce.



© andré elleboudt

vendredi 10 février 2017

Tout à coup




Le blanc gisait, étale,
entre bleu et vert doux.
L’azur était brisé
d’un trait pâle et violent.
Des ondoiements laiteux
donnaient quelque relief
à ce devant terreux.

Le regard, tout à coup
tiré de sa torpeur,
interrogea l’espace.
Un tiret s’éveilla
et, quittant le feuillet,
s’en vint paisiblement
se poser sur ma joue.

La nature est si belle
qu’il faut parfois un choc,
incroyable ou taquin,
pour allumer en moi
l’étincelle du beau,
le flash de la finesse,
le soleil dans le ciel.

© andré elleboudt

mardi 7 février 2017

La porte!



L'ouvrir ou la fermer,
accueillir ou jeter,
reconnaitre ou nier,
murailler ou s’allier?
Valeur ou nullité,
supérieur ou égal,
nabab ou nabot,
attention ou mépris?
Chaleureux ou distant,
autolâtre ou altruiste,
généreux ou mesquin,
couard ou audacieux?


Ne dit-on pas souvent que la porte sera
grande ouverte ou fermée sur le monde et la vie?

Pour ouvrir ou fermer
on peut glisser un verbe,
un nom, un adjectif
dans un trou de serrure.

Alors qu’elle soit cochère,
vitrée, pleine ou bâtarde,
à claire-voie ou fenêtre,
fermons-la quand nous prend
l’envie de diviser;
ouvrons-la si on pense
que les mots nous rassemblent.

© andré elleboudt

samedi 4 février 2017

Nue



Elle est si belle. Vraiment.
Nue dans l’obscurité,
perdue là entre tant
de beautés éthérées,
inaccessible et douce
elle semble subjuguer.
Elle est paix absolue.
Si j’osais la toucher
j’imagine un bonheur
pareil à l’infini
et, croisant son regard,
je m’y perdrais grisé.
Sur sa peau pas de pli,
un univers parfait
emplit ses courbes lisses.

Il n’est pas de limite
à sa beauté subtile
exposée à chacun
au risque d’abîmer.
On la dit généreuse,
je le crois volontiers,
mais elle est délicate
et son charme fugace
nous la rend éphémère.
Des mâles, un jour de feu,
ne l’ont pas ménagée;
en hommes enfiévrés
ils l’ont ensorcelée,
charmée puis possédée.
Et ce jour-là la terre
s’est surprise à trembler,
nue dans l’obscurité.

© andré elleboudt

jeudi 2 février 2017

Dilemme

Il ne faut pas confondre
consentement mutuel
et concession à perpétuité.


© andré elleboudt

Astre

Aux abonnés absents depuis beaucoup de lunes le soleil, ce seigneur, fit subir aux humains la nuit. Révolution! ...