Je tremble du
dedans comme si au fond de moi sommeillait un volcan voulant cracher au loin mes
maux, mon être et tout pour enfin vivre en paix. Vivre sans trop penser, sans
trop me maîtriser. Comme si vivre n'était que me laisser aller. Longtemps j'ai existé
à ce rythme illusoire. J'ai ramassé un jour un tel coup au visage que ma paix
fut détruite et bien des habitudes dont celles de vivoter et, pire, d'être
hébété. Dans un étang poisseux j'ai voulu surnager en préservant, obtus, ce
mode de penser, de survivre et, debout, m'imaginer un homme.
Des mots puis des
pensées ont réhabilité en moi l'humanité en cessant de gober que mes pensées
menaient mes choix, ma volonté. Il m'a fallu du temps, beaucoup d'humilité pour
cheminer en paix en découvrant, surpris, que vivre est exister par-delà les
pensées et les ruminations et loin du ressenti qui m'avait investi et salopé
mes jours.
Et petit à petit, observant
mes pensées, je commence à trouver force et lucidité pour vivre et côtoyer ce
qu'avant je voulais vaincre et puis contrôler. Mes limites m'habitent. Les
supprimer serait me couper de moi-même, m'asphyxier, me casser? C'est ce que je
faisais voulant les maîtriser. Aujourd'hui, par à coup, je vis et me tolère. Et
d'autres jours encore tristesse et asthénie font revenir hier.
A l'arrêt du
tramway sur le dos du billet j'ai écrit "vers ailleurs". En
construisant, me dis-je, un autre itinéraire sans halte obligatoire, simplement
sur demande, je croiserai peut-être douceur envers moi-même et joie d'être au
présent.
© andré elleboudt