vendredi 28 février 2020

Eux aussi

Le temps passe.
Il va.
Vite.
Nos vies,
que l'on dit libres,
vont plus vite encore,
folles comme Éole.
Une fois désœuvrées elles posent une question.
C'est la question du sens,
pas le sens où l'on va mais bien
celui de l'être, de l'être de chacun,
celui aussi du faire.
Et à ce moment-là, le silence s'impose.
Il parle de regret et parfois d'amertume,
il raconte des rêves de début, de sommet.

Les autres nous observent
et nous voyant filer
s'enfouissent
eux aussi.

© andré elleboudt

dimanche 23 février 2020

Planer


Je t'écoute.



Je pense bien mesurer la force de tes mots.



Je le crois, tu m'écoutes.

Je crois que tu mesures l'ampleur de tous mes mots.



Comme si je voulais,

comme une rassurance, s'expriment en moi ces mots

"le silence dissipe les doutes

que laissent planer les mots*".



J'aime ces mots, d'un être de mots,

un islandais,

Jón Kalman Stefánsson.

© andré elleboudt

jeudi 20 février 2020

Paradoxale ?

Le pommier du jardin
est fâché, contrarié.
Son voisin, le poirier,
reste droit, c'est tout lui.
Le cerisier se tait
rumine et ça se voit.
La vigne perd son bois
sec et mort, arraché.
Et dans le potager
la mâche, les bettes aussi
se rassemblent et font face.
Le vent, je crois, s'amuse
de tout ce qu'il déchaîne
et se montre tyran
s'imposant aux sujets.

La nature est puissante
dans tout ce qu'elle excite,
provoque et qui détruit.
Et tout ce qu'elle s'afflige
ne semble l'ébranler
Puissante et sans rancune…

© andré elleboudt

samedi 15 février 2020

Chevauchée


Je me suis posé là,
ai chevauché ma plume
et j'ai vidé mon sac.
C'est fou ce qu'on accable
du poids du quotidien
le cabas de nos vies.

Se poser, bon d'accord
mais après on fait quoi ?
En rangs droits et serrés
les réflexes forçaient
les portes de l'esprit.
Toujours penser à faire
alors qu'à cet instant
je tâchais de dé-faire.
Je découvre ma vie
et ses contradictions.
Ma vie est ainsi faite,
de faire et de défaire.
S'il s'agit de défaire
je suis l'explorateur
pensant aller là-bas
se retrouvant ici.
Ce jour encore j'ignore
ce lieu là où j'allais.

© andré elleboudt

dimanche 9 février 2020

Bonbon brouillon

Du brouillon de mon cœur
encombré de ses riens
s'élève, éther et doux,
un nuage à ton nom,
un fin trait de bonheur,
l'émotion d'un mot fou,
la douceur d'un bonbon.

Et soudain je suis bien.

© andré elleboudt

vendredi 7 février 2020

Couché, là,

je m'écrivais

et cela m'apaisait.

© andré elleboudt 

dimanche 2 février 2020

Tramway


Je tremble du dedans comme si au fond de moi sommeillait un volcan voulant cracher au loin mes maux, mon être et tout pour enfin vivre en paix. Vivre sans trop penser, sans trop me maîtriser. Comme si vivre n'était que me laisser aller. Longtemps j'ai existé à ce rythme illusoire. J'ai ramassé un jour un tel coup au visage que ma paix fut détruite et bien des habitudes dont celles de vivoter et, pire, d'être hébété. Dans un étang poisseux j'ai voulu surnager en préservant, obtus, ce mode de penser, de survivre et, debout, m'imaginer un homme.

Des mots puis des pensées ont réhabilité en moi l'humanité en cessant de gober que mes pensées menaient mes choix, ma volonté. Il m'a fallu du temps, beaucoup d'humilité pour cheminer en paix en découvrant, surpris, que vivre est exister par-delà les pensées et les ruminations et loin du ressenti qui m'avait investi et salopé mes jours.

Et petit à petit, observant mes pensées, je commence à trouver force et lucidité pour vivre et côtoyer ce qu'avant je voulais vaincre et puis contrôler. Mes limites m'habitent. Les supprimer serait me couper de moi-même, m'asphyxier, me casser? C'est ce que je faisais voulant les maîtriser. Aujourd'hui, par à coup, je vis et me tolère. Et d'autres jours encore tristesse et asthénie font revenir hier.

A l'arrêt du tramway sur le dos du billet j'ai écrit "vers ailleurs". En construisant, me dis-je, un autre itinéraire sans halte obligatoire, simplement sur demande, je croiserai peut-être douceur envers moi-même et joie d'être au présent.

© andré elleboudt

Astre

Aux abonnés absents depuis beaucoup de lunes le soleil, ce seigneur, fit subir aux humains la nuit. Révolution! ...