lundi 30 novembre 2020

l'un et l'autre

 

Singulier

n'est pas pluriel.

Singulier

est propre

même s'il est sale.

Singulier

c'est soi

même si ce peut être

coton, laine ou…

mais c'est soi

indubitablement.

Singulier

se doit d'exister

sinon il n'y aurait

de pluriel.

On peut affirmer

que l'un

n'existe sans l'autre.

Singulier

est une chance

pour tous les autres

qui ne le sont pas.

Bien sûr,

les autres sont singuliers,

chacun pour soi.

Si donc

on est le soi

que l'on doit être

puisque singulier

et les autres aussi,

alors le pluriel

existe

grâce à

la seule existence

de soi.

 

Réjouissons-nous !

malaisé certes

mais être singulier

favorise la pluralité.

Et

ça

c'est l'humanité.

 

© andré elleboudt

lundi 23 novembre 2020

Congé

 

Visage.

Un visage.

Le visage.

Son visage.

Blanc.
Mais pas vraiment.
D'un blanc mêlé de peu de gris.

La peau.

D'un éclat comme jamais.

Les traits forcés.

Une douleur qui ne se dirait pas.

La souffrance, oui.

Plus que la douleur.

Les lèvres.

Asséchées.

Desséchées.

Ânonnant.

Pour tout le dire.

Dans un presque silence.

Les paupières.
Entre l'éveil et le sommeil

Sur sa peau.
Comme une rosée tellement plus lasse que celle du matin.

Son souffle qui hésite entre fuite et détours.

Et sa vie qui s'en va.

C'est ainsi que j'ai vu la mort.

Sa mort prendre place en son corps blême et moite.

Le silence.
Car je ne peux parler.
Simplement être là.

Prendre la main.

Peut-être.

Ce n'est déjà plus elle.

Son regard pressent mon trouble.

Doucement.

Lentement.

Tristement

Inévitablement.

Prendre congé.

 

© andré elleboudt

jeudi 19 novembre 2020

Et puis

Comme un déraillement de forces et de masses.

Comme un ferraillement.
C'est un son étalé, échappé du dessous.

Une énergie de front poussée d'on ne sait où,

rassemblant ses armées

pour un déferlement

aux issues inédites,

à chaque fois tenace.

La mer.

 

Comme un débarquement à la force, à l'audace.

Un affranchissement.

Sans un son mais craché, désespéré et fou.

Une énergie, un pont menant on ne sait où,

affrontant les marées

vers un demain absent

aux espoirs interdits,

à chaque fois vorace.

L'exil.

 

C'est le chant de la mer

que reprennent en chœur

sur des rafiots d'horreur

aux cales meurtrières

des humains oubliés

qui voulaient exister.

 

La mer s'est avancée ne domptant ses humeurs.

Des hommes fascinés réclamant un bonheur.

La mer. L'exil. Et puis.

 

© andré elleboudt


dimanche 15 novembre 2020

Chronique

Elle a des traits de nuit, des atours de nuits noires

mais semble préférer la lumière et le jour.

On la dirait faiblesse, manque de l'essentiel,

dont les chemins secrets ont de quoi déprimer.

Sa compagnie fidèle est toute lassitude,

comme un poids sur le point de couler au mitan

du labeur en brisant une envie de tenir.

 

Quand elle m'emprisonne, la peine, à chaque fois,

se fait condamnation au cassement des joies.

C'est un abattement, c'est un arbre en automne

cherchant, désespéré, des raisons de fleurir.

 

Vient la mélancolie, sœur des sèches épreuves.

Le soir et le matin se prennent par la main

et construisent des jours sans début et sans fin.
L'abandon et l'ennui, envahisseurs discrets

se font âcres fumées cachant le vrai du tout,

le quotidien d'un corps en apnée d'énergie,

submergé malgré lui dans un flot de fatigue

qui n'est ni contrecoup d'un effort excessif,

ni tribut à payer au messie du jeunisme.

 

Simplement le tourment chronique, injuste et lourd

à subir chaque jour du fait d'être malade.

 

Mais sans savoir de quoi. Ignorant le pourquoi.

 

 

© andré elleboudt

lundi 9 novembre 2020

Ah, justement...

Car cela m'a touché. Profondément. Troublé.

Quand celle ou si celui auquel le cœur vous lie

se retrouve au tapis grâce aux lois du marché -

celui dont on nous dit que sans lui tout s'écroule - …

Lorsqu'on voit un enfant enfermé et taulard

d'un emploi salvateur, cadeau du Capital

redevable de tout, qu'un jour on le dégage

à quoi bon, dites-moi, croire à la tromperie

du fric et du bizniss, ces géants prétentieux ?

 

Nos enfants au travail ne sont pas, excusez,

simplement des données, variables comme on dit

d'ajustement. Horreur ! La valeur du travail

se réduit à néant, cent lieues de ce à quoi

nous avons souhaité éveiller nos enfants.

Merde, trois fois merde et même plus.

La vie ce n'est pas ça et ne pourra plus l'être.

Je m'insurge puis le crie comme tant de millions

de femmes, d'hommes et d'enfants.

Oh oui, toi notre enfant, tu mérites bien plus

que le mépris du fric, illusion d'un bonheur.

 

© andré elleboudt


samedi 7 novembre 2020

Quatre. Là...

La photo ce matin m'a mis KO. D'un coup.

Des lits, là, côte à côte, quatre, en soins intensifs.

Des tenues de couleur portées par des soignants,

debout, là à côté de ceux qui semblent loin,

si loin de nos questions, de nos débats mesquins,

quatre patients masqués reliés aux engins.

 

Elles et eux en couleur, en ballet silencieux,

posant des gestes forts, présents là à côté

de ces corps couchés là, s'abandonnant confiants.

 

Ces gens ils m'émerveillent,

me fascinent,

m'impressionnent.

 

Majesté du soignant, quelle que soit sa couleur.

Beauté des harmonies des actes médicaux,

ces vies partagées là à tirer du qui sait

quatre corps couchés-là qui n'imaginent pas.

 

© andré elleboudt

Astre

Aux abonnés absents depuis beaucoup de lunes le soleil, ce seigneur, fit subir aux humains la nuit. Révolution! ...