Electrique

Puis l'engin réparé,
tout pimpant, souriant,
fut alors replacé
au cœur du processus,
tout devait fonctionner !

Quand le bout audacieux
d'un doigt bien informé
poussa là où il faut,
un silence étonné
autant qu'étourdissant
envahit tout l'espace.

Puis l'engin réparé,
tout pimpant, souriant,
fut alors replacé
au cœur du processus,
tout allait fonctionner !

Technicien diplômé
prenant l'air adapté,
il se mit à penser.
Un silence engagé
autant que bouillonnant
occupa tout l'espace.

Puis l'engin réparé,
tout pimpant, souriant,
fut alors replacé
au cœur du processus,
tout pouvait fonctionner !

Un enfant regardait
et, ne pouvant se taire,
finit par agacer.
Un silence ennuyé
autant que suppliant
étouffa tout l'espace.

Puis l'engin réparé,
tout pimpant, souriant,
fut alors replacé
au cœur du processus,
tout devrait fonctionner !

Quand enfin, libéré,
le petit put parler
les mots qu'il prononça
figèrent tout l'espace :
"C'est l'électricité !
Il faut la rebrancher."

© andré elleboudt

Vertige

Assis, admiratif entre val et sommet,

prisonnier de moi-même au cœur de mon vertige.

Quand je me suis posé sur un caillou dodu

les pieds dans le versant, j'ai senti aussitôt

ce malaise connu. Tout tremblant et peu sûr,

le corps en inquiétude, trop habité de moi.

J'ai peur, car en hauteur j'imagine la chute,

improbable et pourtant cette peur m'incommode

et surtout me commande. Je m'invente des scènes,

péplum cataclysmique, mon corps dégringolant

parmi la fin du monde, de toutes les espèces.

Et voilà le soleil qui vient me réchauffer.

Il me donne à penser que je peux être bien

assis au bord d'en haut dans ce monde en brisure.

Et les cris des oiseaux, le sifflet des marmottes,

le grondement de l'eau qui sans penser dévale

viennent m'accompagner dans ma quête de paix.

© andré elleboudt

Génération

 

Car enfin, je suis grand !

j'ai appris, j'ai vécu,

j'en connais et je sais

des choses et des idées ;

ce ne sera pas toi,

si petit aujourd'hui,

qui me dira le vrai,

le juste et le réel.

Car enfin, je suis grand !

J'ai du mal à goûter

ta propre vérité

sur le sens de la vie.

© andré elleboudt

Eau, la, la !

Ah ça, c'est sûr.

La boisson

crée un lien

délicat

entre bien des humains.
L'eau

est partout

la matrone intrépide

se transformant,

mystère,

en café,

thé ou bière,

mieux encore

en whisky.

Et chacun qui se laisse

aller à succomber

sent la proximité

et le monde devient

un lieu

de connivence.

© andré elleboudt

Réparer

Debout et attentifs à la voix, aux remous

du monde et de la vie, beaucoup d'humains partout

s'interrogent et s'inquiètent. Mais que faut-il donc faire

pour que tout tourne rond. Pauvreté, migrations,

potentats et diktats, exploitation et vol,

arrogance et mépris, profanations, viols,

société inhumaine, fruit de l'humanité?

Tâcher de tout traiter, résoudre et réparer,

c'est œuvre de folie, montagne à déplacer.

Un premier pas pourtant pour sortir plus humain

des torpeurs gélatines : se soigner comme on peut

d'éphémères révoltes, d'émois momentanés.

© andré elleboudt

Tout ça

Les gens sont différents

mais c'est le même sang.

On dit que le pays

façonne les esprits.

Le paysage aussi

habille ce qui y vit.

Et la langue parlée

dit la diversité,

les sons utilisés

le chant des affidés.

Mais par-dessus cela,

les regards font les pas,

l'esprit fait réunion.

Car les gens sont tout ça.

© andré elleboudt

Le vin du patron

Quand les langues des gens

ressemblent à un menu,

que le vin du patron

gazouille à qui mieux mieux,

la vie se fait volière

et malgré le mystère

des parlers et des mots

chacun trouve le sens.

Les regards, eux aussi,

se font des apartés,

participent aux débats.

Des mots et des regards

jaillissent des éclats,

des morceaux de clarté.

© andré elleboudt

C'est flou ça!

 

Le nuage a posé

la magie de son flou.

Et voilà que soudain

tout est soie et figé.

J'ai avancé la main.

Mes doigts étaient licous.

© andré elleboudt