dimanche 25 février 2018

Passage



Je m'étais assis là

car l'endroit me parlait.

Je venais de marcher

longtemps de vaux en pics.

Je regardais au loin;

de là-bas, tout derrière.

Refaisant le chemin,

je découvris soudain

que l'on m'avait suivi.



Mais quel idiot j'étais…

Ce n'étaient que mes pas.


Ce jour-là je perçus

combien l'histoire humaine

est marquée du passage

de tant de femmes et d'hommes.


Ces traces accumulées,

ma foi, ce n'est pas rien…


© andré elleboudt

mercredi 21 février 2018

Sans univers




Les gens, mais qui sont-ils?
Ressemblent-ils aux mots?
Leurs gestes parlent-ils?
Et que dit le regard?
Les gens, oui, qui sont-ils?
Une poignée de main?
Ou le ton de la voix?
L'expression d'un avis?
Un signe religieux?
Les gens, ah, qui sont-ils?
Le fric ou bien le frac?
La couleur et les traits?
Un métier, la fonction?
Les amours et les choix?
Les gens, quoi, qui sont-ils?
Probablement terriens?
Et parfois lunatiques?

Simplement des humains,
des morceaux d'univers.

Ah oui, sans univers…


© andré elleboudt

jeudi 15 février 2018

Le sens du débat




Car moi, je crois savoir.
Je détiens un savoir.
Je vais le faire savoir
conscient de le savoir.
C'est ça mon gai savoir.

Quand je dis mon savoir,
un gars me fait savoir
qu'aussi, il croit savoir.
J'avoue ne plus savoir
ce que je peux savoir.

© andré elleboudt

mardi 13 février 2018

Fabrice MURGIA - Le Soir 12/02/2018

 

«Un acte terroriste pour les secteurs culturels et associatifs»

Ce vendredi, au Globe Aroma, des musiciens sans-papiers témoignaient, par le langage universel de la musique et de la peinture, d’un moment d’humanité, un instant de création, de partage. Des policiers sont entrés en scène. Au sens littéral du terme. Ils ont interrompu cette parole et ont procédé à plusieurs arrestations.
Une autre époque, pas si éloignée de la nôtre (où, comme aujourd’hui, des citoyens en accueillaient secrètement d’autres pour les protéger des rafles) n’a pas pu empêcher des spectacles et des concerts de se jouer. Depuis la nuit des temps, depuis que l’Homme enterre ses morts, l’art et les récits jouent un rôle régulateur et fondamental dans le fonctionnement sociétal. Des trêves ont eu lieu, dans les tranchées de Ypres ou les immeubles de Beyrouth pour que des histoires se racontent à des individus d’opinion, d’origine, ou de philosophie différentes. Les camps de concentration sont couverts de poèmes gravés avec les ongles dans la pierre, et la poésie aide des êtres humains à surmonter de grandes difficultés et permet la résilience.
Au-delà de la fonction cathartique de la poésie, les mondes associatif et culturel sont des opposants par nature aux idées dangereuses. Ils sont indispensables à une démocratie en perpétuelle construction, avec parfois des avancées, et malheureusement fréquemment, d’effrayants reculs. Ils jettent des questions sur la place publique dont les politiciens, s’ils sont bons, peuvent s’emparer.
Le Globe Aroma se définit comme : un refuge artistique où les demandeurs d’asile et les Bruxellois, où le secteur de la migration et le domaine des arts, se rencontrent.
Doit-on demain avoir peur de poser ces questions ? Depuis vendredi, le Théâtre National devrait-il se sentir empêché de créer un spectacle avec des sans-papiers en scène, comme il l’a fait il ya trois ans avec Ceux que je n’ai jamais rencontrés ne m’ont peut-être pas vu, du Nimis Group ? Doit-on craindre que des participants sans-papiers ne se présentent plus à ces ateliers ?
Certainement, car aujourd’hui, nous avons la malchance passagère (car en politique, les mauvais ne sont que de passage) d’avoir une série d’élus déconnectés de la réalité humaine, responsables du déni de la condition humaine de certains, voire de la torture de ceux-ci. Et c’est la conséquence directe d’un choix électoral populiste. Ceux qui votent avec des idées à court-terme se retrouvent avec des dirigeants qui pensent à court-terme au point d’être justement comparés à des Trump flamand. Ils en viennent à se contredire au point d’en oublier totalement qu’en politique, il est utile de trouver un lien entre ce qu’on dit, ce qu’on fait et ce qu’on pense .
De l’inexpérience naissent les bavures. Et de bavures en bavures, le peuple se tait et compense. A l’heure où notre Premier se targue d’empêcher un « Calais » belge, il est à mille lieux de reconnaître que ce « Calais » n’existe pas grâce à la mobilisation citoyenne, salutaire désobéissance civile. Des centaines de personnes accueillent des êtres déracinés chez eux, des instituteurs oeuvrent pour le droit universel à l’éducation. Le monde associatif crée ce qu’il a toujours créé : du ciment social pour rendre une dignité à chacun.
Et depuis vendredi, notre objet social se retrouve fragilisé car on tente de nous faire peur, d’installer la terreur. Le fait qu’une rafle ait lieu en scène est perçu comme un acte terroriste pour les secteurs culturels et associatifs.
Après les rafles à domiciles, notre gouvernement est allé trop loin en entrant dans nos salles de spectacles. Demain, ils entreront dans les hôpitaux.
C’est à en oublier que la politique est une chose noble. Car nos Ministres de la Culture nous assurent être scandalisés. Et au niveau local, les conseillers communaux, proches des citoyens, doivent faire bloc face au gouvernement fédéral. Il faut exiger des élus locaux que la police locale mette une limite raisonnable à sa collaboration avec la police fédérale. Nous n’avons pas besoin d’une rafle à l’efficacité relative dans un lieu aussi symbolique que le Globe Aroma… Ce dont nous avons besoin, c’est d’un deuxième, puis un troisième Globe Aroma. Pour qu’encore une fois, le monde culturel et associatif compense le manque de vision politique, celle qui chercherait à intégrer ces personnes et d’informer sur qui elles sont vraiment : des êtres déracinés, comme l’ont été nos parents.
Que ceux-là ne posent plus un pied sur nos plateaux, car au-delà du fait d’anéantir ces individus, ils bafouent l’objet social qu’ils subventionnent avec un certain cynisme, notre raison d’être et de raconter, notre fonction dans la société. Ils auto-détruisent le système qu’ils tentent de mettre en place, se rendent impopulaires, et n’ont aucune considération pour les citoyens qui participent à la construction de notre société.
Lundi 12 février 2018.
Fabrice Murgia,
artiste et Directeur Général du Théâtre National Wallonie-Bruxelles

samedi 10 février 2018

Effffrrrraaaayyyyeeeerrrr!




Moi je peux effrayer,

faire peur, paralyser.

Le choix des mots, le ton,

le regard et le corps

tout peut contribuer

à me faire m'imposer.



Tu es vite effrayé,

peureux, paralysé,

le son des mots, le ton

mon regard et mon corps…

je peux contribuer

à te faire m'écouter.



Heureux le roitelet,

il t'a à ses mollets.

© andré elleboudt

mercredi 7 février 2018

Expulsion




C'est un curieux hiver qui me perd au dedans.
Et je chemine, épais, au cœur d'une dentelle
tressée de ressentis, de questions, d'inconfort.
Je vais, déconcerté, croyant m'identifier.
Au fil lent de mes pas je crois me percevoir.
Des mots comme en cascades me disent qui je suis
et soudain la tourmente fait tournoyer, lutins,
d'autres sons, d'autres noms racontant d'autres choses.
Puis quand le vent se tait, le silence insidieux
s'empare des tiédeurs du calme revenu.

Las, je suis expulsé vers l'horizon. Perdu.


© andré elleboudt

samedi 3 février 2018

On ne sait jamais...




Je ne dormirai pas
la nuit qui va venir.
Je crains de n'être là
à ce moment si fou
où tout peut advenir.


© andré elleboudt

jeudi 1 février 2018

Volare... Rubare...





Prisonnier de toujours, il s'était égaré au fond du précipice. Il était bien vivant. Etait-ce ça la vie? Patiemment, lentement, il avait récolté herbes, fibres et fétus à n'en savoir que faire. Doucement, fermement, assis il les tressait, en faisait un cordon et reprenait l'affaire en tissant de plus belle. Au fil du temps, sa vie se parait des couleurs du vent et des tempêtes. Mais il était heureux car l'espoir l'élevait, le libérant des liens. Le cordon s'étirait, il sentait poindre en lui l'aube de nouveaux choix qu'à peine il espérait.



Bouger, courir, voler. Manger, aimer, voler. Créer, rêver, voler au firmament du ciel. Enfin il découvrait un monde en ses beautés. Regarder et voler. Admirer et voler. S'émerveiller, voler.



A tant et tant tirer, à trop vouloir voler, le cordon se brisa. Puis voilà qu'il chuta si bas et si profond que le noir désormais habitait son espoir. A force de gagner des droits, des libertés, il avait oublié

que les liens solidaires charpentent le cordon entre tous et chacun. Et qu'on ne peut voler sans un peu s'appuyer sur notre humanité. 


© andré elleboudt

Astre

Aux abonnés absents depuis beaucoup de lunes le soleil, ce seigneur, fit subir aux humains la nuit. Révolution! ...