lundi 11 décembre 2023

Je la sens

Quand soudain un désir.

C'est le goût d'un dehors

Indécis. Toutefois …

Je me lève et, surprise. Elle est là, invisible. Je la sens, oui c'est elle.

 

Nous sommes deux en un.

Nous marchons en cadence. Au seuil du raidillon, dans le calme des pas, nos mots sont solitudes.

Le souffle calmement déguise nos secrets. Près d'une haie touffue une flaque nous piège. Son eau comme un miroir dessine mon allure. Je m'y vois. Je suis seul. J'éprouve sa présence. Je m'arrête et observe.

Dans un arbre tout nu, un bruit et je tressaute. Elle aussi réagit à l'envol de la pie. Je me dis c'est curieux. Action et réaction. C'est comme une cascade, un flot entrainant l'autre. Ce n'est pas insolite. Cela fait quelques temps qu'elle redit mes silences, reproduit mes sursauts. Il me semble comprendre qu'au fil de nos chemins actes brusques ou secousses sont copiés à l'envi. Serait-ce sa présence qui singe mes malaises ?

C'est alors que pensif je m'arrête et me pose, interrogeant mon corps, tous ses nombreux pouvoirs. Et j'y découvre alors des régions inconnues, lieux cachés, oubliés. C'est toute une cité. D'un côté des gentils produisent du bien-être promettant de mater les douleurs usinées par des raides sans cœur.

 

Nous étions deux en un.

L'un tantôt moissonnait quand l'autre labourait.

Avant-goût d'un hiver envahissant ma vie, éloignant tout printemps.

 

© andré elleboudt

 

 

mercredi 6 décembre 2023

Un religieux silence...

C'est une impression lourde. Entre répugnance et stupeur, nausée et incrédulité.
 
C'est l'histoire d'un enfant qui était si nombreux que tout credo se délitait.Tâcher d'imaginer et refuser d'admettre. Un jour peut-être dénoncer après avoir trop pressenti. S'interroger encore, c'est permettre à ces lâches de poursuivre, peinards, un chemin corrompu, silencieux et pervers, leur chemin favori dans l'intime des petits. Et puis un jour frapper à la porte du mal. Se lâcher et cracher doutes et suspicions. Défier. S'entendre dire "mais comment osez-vous ?" Se faire traiter d'odieux par un pervers lui-même ! Et de dieux parlons-en ! Ces disciples nombreux qui, soudain exposés, versent larmes de fiel, proclamant haut et fort qu'à chaque fois, grand dieu, ils regrettent et promettent, bien sûr ils se confessent et puis rassérénés violent à nouveau. Âme en paix. Sans généraliser. Ils ne pèchent pas tous, et tous ne souillent pas.
 
Cette histoire de petits, de fragiles, des tout faibles qui, enfin publiée au grand jour dans la presse, se retrouve étouffée, enfouie, enterrée par le pouvoir occulte des mystificateurs, boni-menteurs de haut vol protégeant l'édifice ébranlé. Quant à ceux qui savaient, gardant la nébuleuse, étaient-ils écrasés par les sermons sournois des fourbes tout là-haut installés tout confort dans l'apparat doré d'un royaume mielleux ?
 
C'est l'histoire des mouflets choisis pour leur faiblesse ou leur fragilité, d'ados assurément muets qui chacun à son tour encaissait, subissait les horreurs d'un bourreau dépravé. Ils étaient abîmés et lentement détruits, simplement oubliés puis mouraient du dedans.
 
C'est l'histoire d'une élite de monstres. Une fois terminé le rite de l'office les clercs se retiraient et parfois pontifiaient d'ores et déjà absous. Comment imaginer, simplement deviner que le Mal habitait leur esprit et leur sexe, consommant à tout va autant de proies soumises. S'accumulaient alors menottes et baillons, outils des séductions du royaume des pieux, armes du mal à faire pour enfin projeter à l'insu des consciences la semence malingre. Tous ces maîtres chanteurs, riches de pénitences validées en haut lieu, cultivaient le "je sais et je reste muet". Ils avaient inventé l'immunité de caste.
 
C'est l'histoire d'enfants qui un jour ont osé exprimer l'inouï et briser l'omerta en risquant consciemment la noire vendetta. C'est folie que disaient les victimes révélant l'inouï, rassurées de ne plus rien risquer en rencontrant enfin des humains méritant cet honneur.
Loués soient nos seigneurs chantent les religions. Me reste à espérer que les sourds, les muets de nos institutions (re)découvrent sans tarder que l'humain est sacré tout autant que les dogmes, que l'humain est précieux bien plus me semble-t-il que les ors des églises. Et, si ma mémoire est bonne, il me semble avoir lu que l'humain fut créé à l'image de Dieu. Tout enfant, je le crois, est aussi un humain.  
 
andré elleboudt

Astre

Aux abonnés absents depuis beaucoup de lunes le soleil, ce seigneur, fit subir aux humains la nuit. Révolution! ...