C'est un juif qui un soir…
Et sa blonde au volant…
Puis l'enfant noir, très noir…
Et l'homo répondit…
Au fond de la mosquée…
…mais non, c'est une blague !
Peut-on rire de tout ?
Ose-t-on aujourd'hui
répondre à la question ?
Un jour, qui peut le dire,
on rayera des dicos
"blague" et autres gros mots.
Pensez donc, où va-t-on ?
Chansonnettes étudiantes,
allégories lascives,
caricatures, BD
et textes littéraires,
débats politiciens, …
Bientôt il nous faudra
conjuguer et manier
aux modes du correct
les objets de pensées,
les choses de la vie,
de la vie politique,
des choses religieuses,
et puis de tout ce sexe…
On jette ce qui choque
tous les esprits chagrins.
On oublie à jamais
tout cela qui offense
et tout ce qui se moque.
Surtout, par-dessus tout
on fusille à jamais
tout le second degré
que les âmes fragiles
ne peuvent supporter.
Deviendrons-nous alors
des humains sans humour
formatés au tout clean.
Mots grivois ou grossiers,
et cet humour grinçant,
tout ce qui nous fait rire,
car oui, cela fait rire.
Finito. Terminé !
On racontait des blagues,
des roses, des rosses aussi.
Mais ça c'était avant.
Le genre, la race, le sexe,
la religion, fini !
On ne rit pas de ça.
On oublia de rire.
On sourit aujourd'hui,
heureux de ne blesser,
et ça ce n'est pas rien,
aucune, je dis aucune,
susceptibilité.
Mais non, c'est une blague !
Enfin, sait-on jamais ?
© andré elleboudt