vendredi 29 novembre 2019

Surprise

Par ton intimité, les recoins de ta vie,
par tes mots, tes pensées, tes gestes et tes ardeurs
je me prends à me dire que, oui, je te connais.

Dans un coin de l'esprit, je me fais si souvent
le cinéma des heures et des jours que tu vis.
Et cela me surprend d'être surpris par toi.

Dans un coin du réel alors que le temps passe,
très souvent je me dis que je crois te saisir,
que je connais déjà les chemins de tes choix.

Mais, alors que bien sûr je devine ton pas,
apparaît l'évidence qui chaque fois me heurte,
je ne sais pas du tout ce que c'est d'être l'autre.

© andré elleboudt

mercredi 20 novembre 2019

Repu


Le cynisme du temps et l'abjection des jours
nous deviennent anodins et nos contradictions,
nos justifications aboliront je crois
de nos nuits l'insomnie, de nos jours le remords.

Chaque jour on nous sert, chaque soir on avale
le défilé blafard de tous ces réfugiés
délaissant le sweet home pour un demain sans nom,
profiteurs pour les uns, malheureux pour les autres.


Elle est fille de migrant* et me donne à penser.
On quitte sa maison quand elle est devenue la gueule d'un requin.


Je les vois défiler, se cacher, tout risquer.
Puis je ferme ma gueule, comme un requin repu. 


* Warsan Shire


© andré elleboudt

samedi 16 novembre 2019

Barricades




Certains peuples ont perdu
le goût de se bouger, de se battre et lutter.
Ils ont posé au sol
le genou de leurs peurs et tremblent tout entier.
Leurs mots se font raison
et les fausses excuses deviennent religions.

Et pendant ce temps-là
d'autres peuples se lèvent aux cris de leurs misères.
Leurs mots se font refus, leurs vies s'offrent alors
aux armées de tous ceux qui craignent, doutent et pleurent.

Le monde est drôle, en fait.
T'as tout et tu te planques.
T'as rien et tu te donnes.

© andré elleboudt

mardi 12 novembre 2019

On fait quoi ?


Tout est question de mots, tant de mots dont les sens
structurent et édifient la langue et ses usages.
La webuniverselle, d'icônes d'émotions,
de lettres et de formules, brasse nos bouts de doigts.
Ce que nous inscrivons raconte notre vie ;
c'est bien à ça que sert cette expression graphique.

C'est la confrontation avec un sens unique,
un jour en tapotant, qui me mit en émoi.

Comment, m'interrogeais-je, exprimer en détail
les langueurs de mon âme, leur donner des couleurs ?
Quelle icône adopter qui dira mon amour ?
Quel sms charger du tout de ma folie ?
Se parler dans les yeux et les yeux sur l'écran
demeure un embarras à dire le non-dit.
Jusqu'aujourd'hui encore je crois que le glossaire
du cœur et puis de l'âme est parangon de sens.
Je ne rejette pas le progrès et la science.
J'apprécie simplement une liberté d'être.

Je sollicite un droit : celui de m'exprimer,
de mâchonner les mots et de les épuiser.

© andré elleboudt

samedi 9 novembre 2019

Onaka

Onaka.
Iniaka.
C'est vrai ça.
Je me souviens
avoir dit "ça".
Puis des mots d'un philosophe
ont fait trembler mon "ça".
Le monde, disait-il, n'est simple que pour les idiots.


© andré elleboudt

mardi 5 novembre 2019

Banal



Mon œil est grand ouvert. Une foule, une fête.
Le regard attentif saisi par les prunelles d'un visage, un minois.
Et le temps s'effiloche abreuvé de couleurs, d'impressions et d'élans.
Et ce visage alors qui lui aussi se teint, parle de ne rien dire.
Et devient dans la foule ce visage exalté d'être trop observé.
Et puis une pensée qui lentement s'immisce tout en moi qui regarde ce visage égaré dans l'essaim des portraits.
Et moi qui dévisage.
Et encore ce visage que longtemps je devine puis peut-être désire.

A longuement fixer ce visage, me dis-je, se noie, se fond, se perd et le cliché se fait anonyme et banal.

© andré elleboudt

vendredi 1 novembre 2019

Questions


Et le bonheur de l'autre, peut-on l'imaginer?
Apercevoir sa joie, écho de son sourire?
Se figurer son cœur à l'éclat du regard?
Goûter son ressenti au timbre de ses mots?
Trouver, là, dans son pas, l'énergie de sa paix?
Partager avec lui le cœur de son plaisir?

Entendant des amants exprimer leur amour
j'ai trouvé des réponses à bien de ces questions.


© andré elleboudt

Astre

Aux abonnés absents depuis beaucoup de lunes le soleil, ce seigneur, fit subir aux humains la nuit. Révolution! ...