jeudi 28 octobre 2021

Intime

Très riches en émotions,

les jours après les jours

défilent et me défient.

Parfois, ils  me défont

tant les mots et les sons,

paquets de sensations,

ont beau jeu de mimer

la vie et ses rigueurs.

Et je me sens miné...

tout dedans, à l'intime.

 

© andré elleboudt 


lundi 25 octobre 2021

Tout

Je suis le fond de mon miroir, 

l'horizon de mon histoire.

 

J'existe par-dessus tout,

au-delà des jugements,

des lois, des règlements,

j'existe et je suis tout.

 

Je pense et j'ai raison,

au centre, et vous en rond.
Mes goûts, mes opinions,

je pense et j'ai tout bon.

 

Je dis et ça devient

le vrai, le beau, le bien ;

mes actes, tout est mien,

le pouvoir m'appartient.

Pour tous les duplos©, ces hypertrophiés de l'ego!

© andré elleboudt 

 


vendredi 15 octobre 2021

L'idée de la vie

Je me suis assis là, le front offert au vent.

Sur le côté l'étang racontait des histoires

de source et de ruisseau. Et j'ai prêté l'oreille.

Des voix sur l'autre berge imaginaient la vie

du bout de leurs pinceaux en les posant soyeux

sur la face ridée. Ouvertes à l'inédit.

C'est un chœur en palette qui, s'élevant de l'eau,

distillait, enflammé, les mots d'une supplique.

Il fallait urgemment abreuver les eaux mères

au risque d'assoiffer l'idée même de la vie.

 

 © andré elleboudt


samedi 9 octobre 2021

Narcisse

Un jardin dans ma vie est chose capitale. Je n'y compte mes heures et le laisse advenir selon ses volontés. Je reconnais, parfois nous sommes en désaccord. Chacun sa propre vie et nous nous respectons. Chacun donne et reçoit. J'aime les floraisons, surprenantes beautés. Toutes n'apportent pas égale volupté, c'est bien cela la vie. Le jardin est rempli de petites coquettes, de grands beaux efflanqués. Narcisse est séducteur, comme tant d'autres fleurs.

Je connais un narcisse (Nartsiss Munira Petula) exécrant le bouquet. Il accepte assez mal la présence de sœurs qu'il a tôt fait, vicieux, d'étouffer, de tuer. Lot des rivalités. Ce fier narcisse et moi tâchons quand c'est possible de ne plus commercer. Ce gars-là est toxique. De cela je suis sûr.

*

Au jardin de ma vie je découvre, ébranlé, que ce seul exemplaire (Nartsiss Munira Petula) possèderait, qui sait, un pouvoir maléfique. Et si je l'interroge voilà qu'il me répond "tu ne peux inventer de telles médisances, je ne fais que porter ma beauté pour te plaire". Nartsiss Munira Petula, un chef en diversion ou peut-être un menteur, qui sévirait, rumeurs, en dehors des jardins ? Il aime qu'on l'admire, fait tout pour être vu. Et s'il peut nous séduire, ce sont ses mots alors qui nous éblouiront, captureront nos vies. Tout cela selon lui, pour notre plus grand bien. Faire ce qu'il ambitionne, son bonheur assuré. Et son plus grand plaisir, c'est nous faire payer chaque pas de côté ! A la moindre lacune, à chaque hésitation, nous devenons la proie. Alors, ô jouissance, il nous déstabilise, distille son pouvoir tel un fourbe vaccin. Pour notre bien, s'entend. Il nous sera dédié pour peu que l'on le suive. Il soigne son feuillage, il est irréprochable, vous dirait comment faire pour paraître, avoir l'air et s'il trouvait vos mots vraiment trop ordinaires, il porterait sans peur, le frac académique.

Diantre, au cœur du bouquet, c'est l'émoi et le drame. Celles qu'il a charmées, ceux qu'il a enjôlés roses tendres et bleuets, graminées et branchages fanent et puis dépérissent, se paralysent et gâtent. Il est dit que Nartsiss s'enorgueillit, royal, au rythme de nos ruines.

Cette fleur de printemps ne fait foi de ciel bleu ! Si dans notre jardin, au fond de nos parterres sommeillent des narcisses vérifions qu'ils ne sont de cette confrérie, Munira Petula. Nartsiss en son discours lentement, patiemment nous berne, abuse et trompe puis enfin débâtit. Nartsiss dont rien n'exhale comme un parfum pourtant lentement empoisonne.

"Toi tu réfléchis trop, viens donc je peux t'aider… Tu es bien trop sensible, allez, fais-moi confiance… Si vraiment tu m'écoutes, confiance, ça va aller… C'est toi qui tout inventes… Suspicion dans ta tête… Moi te vouloir du mal…"

*

J'aime bien les narcisses. Et j'aime, également, les fleurs de nos jardins, beautés sans prétention qui sans arrière-pensées embellissent la vie, heureuses d'être là entourées des semblables. Le jardin dans ma vie est un hôte de choix. Je n'y compte mes heures et le laisse advenir. Un morceau de bonheur. Une beauté gratuite.

 

© andré elleboudt


mardi 5 octobre 2021

C'est dit...

On ne le dirait pas !

 

Oui. Je ne le dis pas.

Ce qui est au-dedans

ne se dit pas toujours.

Quelque fois ça libère

et parfois ça fait mal.

 

Une canne à la main

je marche dans la rue.

On se la joue dandy,

dit un voisin, passant.

Eh oui, c'est une canne,

ça m'équilibre bien,

me sécurise aussi.

Vous avez une canne

me dit une autre voix.

Je crois, oui. Une canne !

Ça se voit semble-t-il.

Malade ? Ah j'ignorais,

on ne le dirait pas.

 

S'il fallait dévoiler

les soucis de la vie

à chaque coin de rue,

la vie se ferait plainte,

lamentation inepte.

Car oui, je suis malade,

on ne le dirait pas !

 

Cela, au moins, c'est dit.

 

© andré elleboudt

Astre

Aux abonnés absents depuis beaucoup de lunes le soleil, ce seigneur, fit subir aux humains la nuit. Révolution! ...