jeudi 30 octobre 2014

Souvenir

Le souvenir lointain
déjà comme un oubli.
Un point d'ordre du jour
sur lequel on passait.
Un rond-point sans trafic
délaissé, sans beauté.
Une porte entrouverte
sur un hall sans chaleur.
Jardin abandonné
sans vie, ni soin, ni fleur…

Je n'imaginais plus
qu'il me soit là, au cœur.
Le bonheur.

dimanche 26 octobre 2014

Puis on verrait

C'était un temps de grâce, Dieu résidait sur terre
à trois rues de chez moi. Le soir, des bruits de pas,
des paroles perdues survolaient les ruelles;
alors on entendait Bouddha dialoguant
avec lui et Allah et l'ami Yahweh.
Les prés verts embaumaient la menthe et la sarriette,
les torrents et les rus chantonnaient en cadence,
les galets s'enlaçaient et les lichens frivoles
s'encanaillaient en feu. Le temps de guerroyer
semblait à tout jamais ôté des agendas
et des calendriers. Sur les champs de batailles
s'élevaient, prétentieux, les monuments débiles
aux noms de potentats qui, enfin décédés,
ne faisaient plus trembler ni les gens ni les pierres.
En ces temps d'arcs-en-ciel, parlements, monarchies,
démocraties, pouvoirs étaient aux pages jaunes,
rubrique Antiquités. Sur la terre désormais,
redevenue carrée, flottaient de-ci, de-là,
des senteurs de bonheur, de bien-être commun.
Les femmes étaient nombreuses, les hommes tout autant,
égrenant aux veillées un vieux jeu dont le but
était de façonner demain, puis on verrait…

jeudi 23 octobre 2014

Rides

Le schiste des vallées
superpose les ans.
Les rides de nos vies
s'expriment autrement.
Tu es belle en ton âge
et je te suis.
Pas de suivre
mais bien d'être.
Comment écrire
ce que là je ressens
assis à tes côtés.
Bien.
Bon.
Et ces mots
disent mal
le fond de
mon bonheur.
Tu es là
et je suis.
Nous sommes.

vendredi 17 octobre 2014

Couvercle

Peut-on imaginer 
au dedans des tout-autres
ce qui fait le cœur du 
dedans?
Pourrait-on deviner
tout juste un seul instant
le fond du pot au feu 
à l'œuvre?
C'est un simple secret
un nuage de feu,
c'est un océan, une
ombre.
Entrer dans le dedans
c'est risquer de se perdre,
c'est risquer de heurter
la vie.
Toucher du doigt la vie, 
sa magie, ses mirages,
ses ponts et ses barrages,
touché.
S'émouvoir du mouvant
qui se dérobe aux sens
comme un sable si fin,
ému.
Marcher sur sols divers,
heurter, fouler, passer
du non-dit au non-su,
heurté.
C'est trancher des attaches,
arrimer des envies
aux voies faites de peur,
creuser.
Au fur et à mesure
que se percent les mots,
se crache un univers,
meurtrir.
De douleurs et de maux,
d'idées et de pensées,
un monde aux confins du
peut-être.
Entrer au cœur du cœur,
patte blanche en lieux sains,
soulever le couvercle
du tu.

dimanche 12 octobre 2014

Drôle de mur

Caché là, tout au bout
d'un chemin, près d'un champs
de colza ou de rien,
il attendait la vie
déguisé en un autre
pour n'être reconnu,
car il se voulait tel
sans trop savoir pourquoi.
Tous, qui que nous soyons,
disposons d'un espace
à nous, bien à l'abri.
Et, si ma foi, c'est faux,
j'affirme que pour moi
il est un lieu fermé
qui ne s'ouvre que peu
et pour quelques élus.
Ceux-ci découvrent alors
le vrai du vrai de moi,
mais n'allez donc pas croire
que je suis cachotier.
Je suis en vérité,
au quotidien des jours.
Simplement je suis plus
pour ceux qui pour moi sont.
Mais qu'ont-ils, direz-vous,
de plus que tous les autres?
Pas grand chose sinon
d'être mes préférés,
mes aimés, mes choisis.
Je les aime et l'amour
que je reçois construit
jour après jour un mur
de couleurs en pétales.
Il est là cet espace.

vendredi 10 octobre 2014

Horloge

Mon horloge est bloquée,
c'est mi-nuit, il fait noir.
Le regard qui s'entrouvre
ne voit rien puis découvre
un rien qui se déroule
sous ses yeux. Il fait noir
et lentement s'écoulent
la vie et ses pensées.

mardi 7 octobre 2014

Photo

Le visage posé là
porte le regard
au-delà de lui-même
ouvrant un monde
de neuf et d'inconnu.
Le carton glacé
apporte à sa manière
la tonalité du cœur de l'expéditeur
entre bon chic et gentil genre.
La palette et les ombres
laissent à penser,
à imaginer même
l'allure de l'endroit
et, qui sait, l'âme des gens.

J'aime assez observer
une photographie.

mercredi 1 octobre 2014

C'est trop

Chacun, à nos manières, sommes centre d'un monde régnant sur l'univers
de nos plans, de nos rêves, certains jours en bonheur et puis d'autres en labeurs,
isolés, seuls, heureux dans un cliché de soi... Et la vie va, passant,
aux diverses couleurs de ce monde sans fin où chacun nous vaquons.
Blottis dans nos bonheurs, soudain nous découvrons que des humains, là-bas,
sont cendrés de malheurs. Jamais nous ne pensions être perle et maillon
d'un collier gris nacré faisant de nous, humains, le proche et le lointain.
Voilà que certains jours nous nous sentons touchés par le bonheur des uns,
fait de rire et tout ça. Et puis, le lendemain nous tombent sur le cou
troubles, feux et misères; et le ciel est tout noir. Ce jour-là, je me sens
solidaire et humain, pour peu de temps parfois. Je suis fait de ces lois,
des lois qu'en moi génèrent le destin ou son frère, le hasard ou un dieu
qui nous trament d'oubli. Alors l'humain se terre, se tait et dégénère.
Car il est un ego.
Et être deux c'est trop.

Astre

Aux abonnés absents depuis beaucoup de lunes le soleil, ce seigneur, fit subir aux humains la nuit. Révolution! ...