dimanche 30 avril 2017

Rêve




La goutte de musique a mis au monde au sol un univers de rêve.
La goutte advint lagon et le sol se fit la. Comme un dièse en rêve.
La goutte ainsi flattée s'inventa être un si. Comme on fait quand on rêve.
La goutte sur son do emporta la portée et sa vie devint rêve.
La goutte en son orgueil s'imagina opus, impérieuse en son rêve.
La goutte est éphémère et dans sa chute au sol elle altéra le rêve.

© andré elleboudt

mardi 25 avril 2017

Jaseurs





Le grand peuple des mots
un jour se rassembla.
A l'ordre des débats:
"Serions-nous des robots?"

Ils en avaient assez
d'être dits sans penser
par tant de discoureurs
ou d'affabulateurs.

Ils n'étaient automates
ni machines, ni primates.

On ne rit pas du sens
ni ne raille le verbe.
Le propos ampoulé
ne peut qu'être jeté.

Les mots désespéraient.
Fallait-il assiéger
l'Académie, tuer
tous les vils foutriquets?

Faire grève, se suicider,
se coucher au tombeau
 et par l'absence forcée
empêcher ces idiots?

Ils n'étaient majordomes
et moins encore sous-hommes.

Un accord unanime
se dévoila un soir
au coeur d'une maxime
à garder en mémoire.

Les jaseurs s'y plièrent
car sans les mots, que faire?
"Tout ce que je vais dire,
je jure, je vais le vivre!"

Mais ils mentaient les hommes!
Quant aux mots, un pogrome.

© andré elleboudt

vendredi 21 avril 2017

Rage



 
Sur le filament gris d'un sentiment déçu
jonglait une colère, à mémoire nourricière.
Elle remontait, goulue, l'histoire et ses misères
et construisait, sans peur, un coup bien de son cru.
Pour qui se prenaient-ils ceux qui, d'inconnaissance,
imaginaient forcer de leur cran le destin?
Il n'est d'arme plus faible que celle de l'insouciance,
molle et velléitaire, oh, vraiment moins que rien.
Pour mériter, pour sûr, le nobel du courroux
il faut  plus qu'un office et plus goûteux qu'un roux.
C'est par macération, par la flamme peinarde
du feu de la rancoeur qu'il faut la préparer,
puis la goûter, cracher, poser sur la bavarde
le fruit sec du chaos et enfin l'expulser.
 Alors, mais juste alors, invectiver tout sec
le juteux tant infâme et le toucher du bec.


© andré elleboudt

mardi 18 avril 2017

LoL





Grandiose, étonnant.
La nouvelle est énorme.
Réjouis-toi, la terre
et vous aussi les hommes.
Il est grand notre temps !

Un Etat donne au monde
une autre bête immonde,
la répand sur les ondes :
elle est là, elle est née,
tant pis pour Firouzeh
et tous les nouveaux nés…

Elle est mère, elle est folle,
elle est mère, fi des lol.
La folie à l'extrême,
on la fête et on l'aime :
la mère de tous les maux,
du pouvoir, des héros.

Grande et belle, élancée,
la voilà explosée
aux visages du monde.
L'accoucheuse du mal,
matrice des misères,
génitrice en douleurs,
la mère
de tant
de bombes,
terreur
de tant
de tombes.


© andré elleboudt

samedi 15 avril 2017

A/Encre





J'ai jeté, loin devant,
l'ancre de l'émotion
espérant bien happer
l'ampoule des passions.

Alors que dans le flot
s'enroulait le filin
du désir aux doux bras
d'ivresses insensées,
l'encre de ma plume
s'étourdissait, lubrique,
au goût du papier nu,
les mots s'assoupissaient,
les sons, dans leur étreinte,
libéraient une sève.

Prudent je rebouchai
la carafe aux passions.

© andré elleboudt

mardi 11 avril 2017

Gerbe




Elle s'est posée sans pleur
comme on dépose au sol
la gerbe tricolore
au monument aux morts.
Jamais elle n’a eu peur
qu’on l’imagine folle.
Nul n’enviait son sort
pas plus que ses remords.
Elle aimait tant les fleurs
et détestait l’école;
pour elle vivre dehors
était plus qu’un trésor.
Ce matin sans rancoeur,
enterrant son viol,
elle a fait plus encore
et s’est donné la mort.


© andré elleboudt

samedi 8 avril 2017

Terre, terre!





As-tu vu, me dit-il,
en regardant du ciel
les failles de la terre,
qu'au sein caché de toutes
git un corps, esseulé.
C'est l'âme d'un chercheur
du beau, du pacifié,
faisant le tri curieux
des recoins oubliés
du primitif Eden.
Il lui semble aujourd'hui
que la terre était une,
mélange délicat
du ferme et du fluide,
du mêlé et du vierge.
C'était, dit-il, un temps
où être heureux rimait
avec la jouissance
d'être tous et chacun
ravis de son bien être.
J'ai agrippé ma bêche
et me suis mis en tête
de transformer les failles
en un pré partagé,
gracieux, égal, uni.
Sot! J'avais oublié
que la grâce et le luxe
germaient dans le mélange,
que la diversité
est le sein de la vie.
J'ai posé mon outil,
chaussé mes godillots,
allant à la rencontre
de ce que je n'étais.

Oh! Vue de tout là-haut
la terre abonnissait.

© andré elleboudt

dimanche 2 avril 2017

Le lombric et moi





Je sentais présent, là,
confusément d'abord,
comme un pouls clandestin,
métronome invisible
au bout des doigts plongés
dans la terre au printemps.
J'ai tout interrompu,
les deux mains immobiles
dans le trafic charnel
de la vie de la terre.
Le regard de l'humus
vint chercher mes pensées.
A l'extrême d'un doigt,
un courant s'anima,
s'émiettant soudain
à l'ensemble du corps.
Un long flux s'écoula
des mains vers les talons,
connectant tout mon être
aux forces de la terre.
Et je faisais partie
du bien plus grand que moi,
découvrant l'univers,
comprenant ses mystères.
Je n'étais que lumière.
Un ver de terre affable
me titilla le doigt.
Des sons, des mots aussi
s'échappaient, ordonnés,
de sa chair diaphane.
Ils disaient sans éclat
"faudrait que tu arrêtes
de faire ton cinéma !
Jardiner ou rêver,
faut pas tout mélanger."

© andré elleboudt

Astre

Aux abonnés absents depuis beaucoup de lunes le soleil, ce seigneur, fit subir aux humains la nuit. Révolution! ...