lundi 19 octobre 2020

Glacé

Comme un gâteau glacé, un centre d’intérêt, 

il rassemblait la vie. Tout le monde l’aimait.

Là on le grignotait et là on se goinfrait.

La vie avait le goût d’un gâteau partagé

sans trop s’interroger sur le sens de cela.

Selon son appétit chacun était joyeux

geignant ou pas content, râleur ou apaisant.

 

Le moisi apparut un matin de printemps.

Il fallut bien du temps pour piger la saveur

de cette virago jusqu’alors inconnue.

Les humeurs et les goûts, les mots et les outrances,

les cris, les remontrances, tout ce qui fait farine

aux moulins des natures déchaina les génies

cachés au fond de nous. Chacun savait, c’est sûr.

D’autres doutaient, fléaux. Tous ceux qui survivaient

avaient bien des idées, hurlaient des décisions,

des comportements sûrs, une vie large ouverte

ou des portes fermées. Le moisi s’étalait

les bras verts et suspects. Le glacis se brisait.

Le gâteau répandait le doute et ses misères,

le quotidien plongeait dans le chacun sait quoi,

et le moi je sais mieux. On regardait ceux-là,

riait de ces idiots, avait flingué les cons.

 

Pourtant, lui il savait. Pourquoi ne pas quérir

le fond de son savoir, la saveur de sa science ?

Il mourait de répondre. Personne ne mandat

ses avis, sa sagesse. Il est resté chez lui

en pariant, insolent, sur la fin de ceci

et même de ceux-ci. Un matin il se dit,

m’avait-on consulté ! Crétine humanité.

J’étais là, allongé, au soleil opalin

du salon outillé, étendu, apaisé,

peut-être un peu berné, sur un lit, entouré

de ces gens qui savaient…  qu’on ne peut pas frimer,

se vanter, s’esclaffer, baver ses mots aux vents

imaginant savoir, pourtant ignorant tout.

 

Lit médicalisé.

Certitudes entubées.

Son ego intubé.

Ah mais si, il savait… 

 

© andré elleboudt

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