Comme un gâteau glacé, un centre d’intérêt,
il rassemblait la vie. Tout le monde l’aimait.
Là on le grignotait et là on se goinfrait.
La vie avait le goût d’un gâteau partagé
sans trop s’interroger sur le sens de cela.
Selon son appétit chacun était joyeux
geignant ou pas content, râleur ou apaisant.
Le moisi apparut un matin de printemps.
Il fallut bien du temps pour piger la saveur
de cette virago jusqu’alors inconnue.
Les humeurs et les goûts, les mots et les outrances,
les cris, les remontrances, tout ce qui fait farine
aux moulins des natures déchaina les génies
cachés au fond de nous. Chacun savait, c’est sûr.
D’autres doutaient, fléaux. Tous ceux qui survivaient
avaient bien des idées, hurlaient des décisions,
des comportements sûrs, une vie large ouverte
ou des portes fermées. Le moisi s’étalait
les bras verts et suspects. Le glacis se brisait.
Le gâteau répandait le doute et ses misères,
le quotidien plongeait dans le chacun sait quoi,
et le moi je sais mieux. On regardait ceux-là,
riait de ces idiots, avait flingué les cons.
Pourtant, lui il savait. Pourquoi ne pas quérir
le fond de son savoir, la saveur de sa science ?
Il mourait de répondre. Personne ne mandat
ses avis, sa sagesse. Il est resté chez lui
en pariant, insolent, sur la fin de ceci
et même de ceux-ci. Un matin il se dit,
m’avait-on consulté ! Crétine humanité.
J’étais là, allongé, au soleil opalin
du salon outillé, étendu, apaisé,
peut-être un peu berné, sur un lit, entouré
de ces gens qui savaient… qu’on ne peut pas frimer,
se vanter, s’esclaffer, baver ses mots aux vents
imaginant savoir, pourtant ignorant tout.
Lit médicalisé.
Certitudes entubées.
Son ego intubé.
Ah mais si, il savait…
© andré elleboudt
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