jeudi 3 novembre 2011

Prendre Helvétie pour un land terne

Un gros chat des ruelles coulait des jours heureux au coin d’une poubelle pas très loin de Montreux. Il était né un jour de quatre vingt dix-neuf sous un tas dans la cour d’un immeuble tout neuf. Sans accent et très bien il parlait un mélange d’allemand, d’italien, un vieux patois romanche.

A deux, trois pas de là vivait un fier caniche, à la moustache en friche, jeune et beau Travolta. Une pointe d’accent rendait son ton plaisant ; ce chien avait, pour dire, tout pour plaire et séduire.

On l’appelait Migret, un surnom un peu fou dans un pays ou tout doit être au moins parfait. Le chat ventripotent se prénommait Dailleurs, personne ne sachant s’il avait frère ou sœur.

« J’ai bien peur, il me semble, qu’à nous tu ne ressembles. En mon pays, sais tu, tout se sait, rien n’est tu. Chez nous, sol d’abondance, tout n’est que tolérance pour autant que chacun ne diffère d’aucun. Voilà pourquoi, mon chat, j’opère des contrôles. Je sais ce n’est pas drôle mais cela c’est mon rôle. »

Migret n’ajouta rien à ce qui pour Dailleurs ressemblait aux malheurs de tristes citoyens.

« On a beau être riche, on n’en est pas moins chiche, à trop se protéger on devient névrosé. On use d’arrogance avec tant de constance qu’on coule au fond d’un lac ou s’échoue en ressac. Tu es un beau caniche, ta terre un paradis, mais tu souffres pardi d’un mal qui te défriche. A trop te vouloir être tu deviens éphémère. A quoi sert-il de naître si pour toi c’est pour n’être. »

Dailleurs fit ses bagages vu qu’on lui dit « Dégage !».

Où il crèche, on ne sait, mais on le dit pénard coulant des jours heureux au coin d’une poubelle. Migret a le cafard de tout tant contrôler. On dit sa vie cruelle,  il serait malheureux.

A chacun de choisir ce qu’il veut devenir.

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