mardi 16 juin 2020

Métaphore



Un jour, inattendu, mon corps se rebiffa. Simplement il disait 'ça va, j'en ai assez'. Surpris, ma décision ne tarda pas : debout ! Je fais face à l'ennui. Et puis j'en viens à bout. Ce n'était qu'un moment. Je vais bien en sortir.

Mon corps m'avait parlé ; je l'avais ressenti sans même l'écouter. J'avais exagéré. Et de mois en années, de ruades en maux j'ai tout redémarré. Je me suis affalé. Ce sera un moment. Je vais bien m'en sortir.

Surchauffe du bonheur, surdité du vouloir et passage obligé au triste cabinet, contrôle des excès et rêves contrariés. J'ai bien dû m'arrêter, enfin me raisonner. Ce n'était qu'un moment. Je devais m'en sortir.

Et de semaines en mois, de chutes en faux pas, la chimie en appui. Mais je tombe quand même. Mère chimie s'agite et trébuche et se tait. Abîme d'impuissance, symptômes inconnus. Ce sera un moment. Je vais ressusciter.

Très vite alors les mots y perdent leur latin. Volonté muselée : résilience se fige, courage se dissout ; le corps, ma vie, mon cœur manipulent l'esprit et l'âme qui s'assèchent. Ce n'était qu'un moment. Comment vais-je en sortir ?

Et des années durant, tout dut être pensé, il fallut tout peser, doser et négocier afin de rebâtir la mécanique en or de mon corps détraqué, saccagé à jamais. Et j'en étais la cause. C'était un long, très long tourment. Désolation.

Un matin, au repos forcé, fuit, détesté j'ai vu dans mon état, comme une métaphore : la terre qui fulmine de tant être blessée, contrariée, asséchée, détraquée, saccagée. C'était la faute à qui ?

C'était à ce moment, aujourd'hui, maintenant.

© andré elleboudt

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Astre

Aux abonnés absents depuis beaucoup de lunes le soleil, ce seigneur, fit subir aux humains la nuit. Révolution! ...