Ils partent. Elles
partent. Sans un mot. Sans une main pour dire. Sans un regard qui parle. Sans
retour. Elles partent, ils partent assuré(e)s des gestes de santé, des gestes
d'affection de celles et puis de ceux qui les soignent et vivent avec eux.
Elles partent. Ils
partent. Sans revoir, sans au revoir. Sans merci, sans baiser. Sans tendresse
en retour. Sans retour de celles et de ceux qui étaient leur tout. Celles et ceux
qui nous ont aimés. Que nous avons aimés. Nous nous sommes grandis, nous nous
sommes élevés, nous avons partagé, reçu, et puis c'est arrivé. Confinés,
isolés, enfermés, consignés, internés, détachés.
Elles sont parties.
Ils s'en sont allés. Pouvons-nous simplement penser, seulement imaginer,
peut-être réaliser ce que c'est d'être seule, ce que c'est d'être seul à ce
moment-là ?
Des pensées plein
la tête on traverse la rue, on pose quelques pas et on rentre chez soi. Les
pensées en exodes, des visages en abîmes et le simple soudain qui nous semble
si loin. Ce que nous repoussions à demain ou plus tard porte violemment le
timbre de l'urgence. Être là mais pas seul, affronter sans un mot le désert du
regret. L'unisson de l'amour retentit tout à coup : silencieux faux-fuyant. Il
nous semble barbare de se tenir lucide debout face à la vie de l'être qui s'en
va qu'on ne peut reconduire qu'importe son chemin.
Nous ne serons pas
là pour les accompagner. Pouvons-nous simplement penser, seulement imaginer,
peut-être réaliser ce que, pour nous, c'est de ne pas être là, avec elles, avec
eux à ce moment-là ?
© andré elleboudt
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire