dimanche 2 avril 2017

Le lombric et moi





Je sentais présent, là,
confusément d'abord,
comme un pouls clandestin,
métronome invisible
au bout des doigts plongés
dans la terre au printemps.
J'ai tout interrompu,
les deux mains immobiles
dans le trafic charnel
de la vie de la terre.
Le regard de l'humus
vint chercher mes pensées.
A l'extrême d'un doigt,
un courant s'anima,
s'émiettant soudain
à l'ensemble du corps.
Un long flux s'écoula
des mains vers les talons,
connectant tout mon être
aux forces de la terre.
Et je faisais partie
du bien plus grand que moi,
découvrant l'univers,
comprenant ses mystères.
Je n'étais que lumière.
Un ver de terre affable
me titilla le doigt.
Des sons, des mots aussi
s'échappaient, ordonnés,
de sa chair diaphane.
Ils disaient sans éclat
"faudrait que tu arrêtes
de faire ton cinéma !
Jardiner ou rêver,
faut pas tout mélanger."

© andré elleboudt

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Astre

Aux abonnés absents depuis beaucoup de lunes le soleil, ce seigneur, fit subir aux humains la nuit. Révolution! ...