dimanche 2 février 2020

Tramway


Je tremble du dedans comme si au fond de moi sommeillait un volcan voulant cracher au loin mes maux, mon être et tout pour enfin vivre en paix. Vivre sans trop penser, sans trop me maîtriser. Comme si vivre n'était que me laisser aller. Longtemps j'ai existé à ce rythme illusoire. J'ai ramassé un jour un tel coup au visage que ma paix fut détruite et bien des habitudes dont celles de vivoter et, pire, d'être hébété. Dans un étang poisseux j'ai voulu surnager en préservant, obtus, ce mode de penser, de survivre et, debout, m'imaginer un homme.

Des mots puis des pensées ont réhabilité en moi l'humanité en cessant de gober que mes pensées menaient mes choix, ma volonté. Il m'a fallu du temps, beaucoup d'humilité pour cheminer en paix en découvrant, surpris, que vivre est exister par-delà les pensées et les ruminations et loin du ressenti qui m'avait investi et salopé mes jours.

Et petit à petit, observant mes pensées, je commence à trouver force et lucidité pour vivre et côtoyer ce qu'avant je voulais vaincre et puis contrôler. Mes limites m'habitent. Les supprimer serait me couper de moi-même, m'asphyxier, me casser? C'est ce que je faisais voulant les maîtriser. Aujourd'hui, par à coup, je vis et me tolère. Et d'autres jours encore tristesse et asthénie font revenir hier.

A l'arrêt du tramway sur le dos du billet j'ai écrit "vers ailleurs". En construisant, me dis-je, un autre itinéraire sans halte obligatoire, simplement sur demande, je croiserai peut-être douceur envers moi-même et joie d'être au présent.

© andré elleboudt

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Astre

Aux abonnés absents depuis beaucoup de lunes le soleil, ce seigneur, fit subir aux humains la nuit. Révolution! ...