C'est pas moi, pensait-il.
Ce que je fais je n'ai pas en m'en blâmer
si d'autres le perçoivent mal, le pensent mauvais, le goûtent mal.
Il ruminait.
Un malheur, quoi ! Ces humeurs, des rumeurs.
Ce n'est pas moi, dit-il.
Mon passé, mon présent,
personne ne peut le juger, l'interpréter, le condamner.
Il remâchait.
Un jour de grand hasard, il se met à considérer sa bien triste humeur.
Fatigué, épuisé de porter les habits trop étroits, bavant des humeurs de tant d'autres et puis d'errer entre les murs de leurs tribunaux !
Je n'ai rien à en foutre, hurla-t-il.
Mais, à force de couper, rompre, brûler les racines de ces maux, elles se renforçaient et rejaillissaient sans cesse.
Si, se dit-il, les racines se renforcent sous terre, pourquoi d'autres rhizomes ne pourraient-ils pas se nourrir dans l'humus de mes réflexions ? Quelques radicelles se pointèrent, apportant un écho neuf de ce qu'il pensait être qui ne ressemblait pas, mais pas du tout, à ses états d'âmes affligeants.
Longtemps, très longtemps il éplucha ce qui l'engonçait, coriace comme une seconde peau.
Ce n'est pas l'accumulation des préceptes que l'on nous a inculqués qui protège du risque de vivre, c'est l'affranchissement de tout ce qui nous a construit et dont on n'a plus l'usage. La mémoire est juste un rappel, pas une injonction.
© andré elleboudt
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