samedi 2 juin 2018

L'air du temps au jardin


Dans un coin du jardin, à l'abri du pommier, conversaient, vifs et clairs, quelques pois de senteur. Loin encore de donner à tout vent en cadeau le parfum au jardin, les tendrons s'émouvaient de l'état des voisins, des idées de certains.
Les roses repoussaient, manu militari, des fourgons de vrillées qui cherchaient un abri. Évadées de là-bas où tout n'est que vertu et uniformité elles erraient au jardin espérant déposer, lasses et désespérées leur barda de misère.
Agacé par le ton du discours des voisins au pied de la maison, un fruit bien comme il faut et à l'odeur acide se lança vers le sol faisant taire à jamais par le poids de son fiel la société des pois. De survivant, aucun.
Un silence se fit.
Le jardin tout entier, ses légumes et ses fleurs, ses bourgeons et ses rêves, se voila le regard, se tut dans tous les tons. Il était malvenu de juger, pensez donc, le pommier du pouvoir licitement élu et qui représentait tout le vivant du lieu.
Et le fourgon devint malgré lui le tombeau de l'ivraie insensée qui cherchait vaillamment un champs d'humanité. Non mais c'est vrai, quoi, le jardin ne pouvait accueillir à jamais tous les gueux du parterre.

© andré elleboudt

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