dimanche 5 juin 2016

Wallonie



Le train a démarré chargé de deux pandas.
En bout de voie ferrée un piquet l'attendait.
Des pneus et des palettes se consumaient pénards
sur le pont d'autoroute bloqué par des routiers.
Un airbus égaré se connectait en vain
à la tour de contrôle, isolée, esseulée.
Dans la cour de prison, des militaires inquiets
interrogeaient, méfiants, un délégué aphone:
"Quel serait le menu du repas de midi?".
Adossé à son bus, un chauffeur créatif
tapissait les parois d'un teck de qualité.

Le vété impatient menaçait d'être en grève
et de laisser mourir un petit bout de chair
que l'univers entier nous aurait échangé
contre la clé dorée d'une vraie paix sociale.
Imaginant alors le risque et le danger
d'un tel compromis fou, tous les gouvernements
bien rangés à l'abri dans un semi-remorque
aux couleurs de l'ONU et de la NVA
décidèrent, audacieux, d'offrir aux syndicats,
sans négociations, tout ce qu'ils exigeaient.
Le vété s'en alla rejoindre les pandas.
Les routiers échangèrent leurs revendications
contre l'album complet des Diables panini.
Les agents des prisons transformèrent, courageux,
leur liste de batailles contre un choix de recettes
sur barbecues-palettes pour l'été qui tardait.
A l'intérieur des bus les clients enchantés
découvrirent, fiérots, un mobilier classieux
rendant le goût au luxe, le seul emblème wallon.
C'est tout ça mon pays, je suis fier d'iesse wallon.
 


© andré elleboudt

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