jeudi 13 août 2015

Forêt




Je suis un arbre dans une forêt dont les couleurs, certains jours, sont plus obscures et tristes. Des arbres s'abattent, se tournent le tronc, se traitent de vieilles branches quand d'autres revendiquent le statut de jeunes pousses. Si je scrute un instant le bois autour de moi, il me semble que beaucoup de ceux-ci dans la forêt universelle deviennent durs de la branche et que même parfois ils s'endurcissent le cœur. Leur ramure qui jadis les ouvrait sur les autres et faisait la beauté de ce coin de nature, large ouvert sur le ciel et accueillant au monde, leur ramure aujourd'hui se ferme. Ils ne se touchent plus mais au contraire s'observent au point même que la taille, cette source de vie, devient pour eux soudain, moyen de s'isoler. Alors chacun s'enferme. Le chêne qui toujours était roi se referme, il s'isole et rejette les ethnies d'un vert sombre ou les feuilles moins lisses, il est comme enchaîné à ceux qui lui ressemblent. Le bouleau, là si seul, se perd dans son travail; il plonge ses racines qui deviennent carrées, n'irriguent plus le cœur. Le hêtre quant à lui cherche un sens à l'essence, les peupliers raidissent, seuls les fruitiers ont la pêche. Voulant tous être entre eux, purs et durs d'un côté, tendres et frêles de l'autre, ils forment des parcelles. Oubliant qu'en forêt tous ont un sol commun, ils se groupent en bosquets. Mais ils oublient ainsi que ceux de la lisière, que l'on dit marginaux et qui sont différents, se tenaient là debout et qu'ils les protégeaient du vent de la tempête. Rejetant les futaies, la survie est en jeu. A se croire futés, ils devenaient fragiles. Je trouve cela sciant, j'y perds même quelques feuilles.

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