Prisonnier de toujours, il
s'était égaré au fond du précipice. Il était bien vivant. Etait-ce ça la vie? Patiemment,
lentement, il avait récolté herbes, fibres et fétus à n'en savoir que faire. Doucement,
fermement, assis il les tressait, en faisait un cordon et reprenait l'affaire en
tissant de plus belle. Au fil du temps, sa vie se parait des couleurs du vent
et des tempêtes. Mais il était heureux car l'espoir l'élevait, le libérant des
liens. Le cordon s'étirait, il sentait poindre en lui l'aube de nouveaux choix
qu'à peine il espérait.
Bouger, courir, voler. Manger,
aimer, voler. Créer, rêver, voler au firmament du ciel. Enfin il découvrait un
monde en ses beautés. Regarder et voler. Admirer et voler. S'émerveiller,
voler.
A tant et tant tirer, à trop
vouloir voler, le cordon se brisa. Puis voilà qu'il chuta si bas et si profond
que le noir désormais habitait son espoir. A force de gagner des droits, des
libertés, il avait oublié
que les liens solidaires charpentent
le cordon entre tous et chacun. Et qu'on ne peut voler sans un peu s'appuyer
sur notre humanité.
© andré elleboudt
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