Il n'est pas si lointain le temps où quelques
mots m'avaient interrogé.Le doute, par ses questions est germe de la science. Je doute, m'ouvre aux questions; je cherche et investigue, je nourris ma
pensée.
Il est venu le temps où le doute et sa cause
détruisent le réel bien plus qu'ils ne construisent. Les jours se suivent et
puent, exhalant le fumet pervers et malveillant du doute et de sa suite. Les
habits du seigneur, symboles hier chez nous du pensé, du construit, analysés
parfois jusqu'au dernier cardage, sont devenus les nippes des hardes de
l'extrême, créateurs de l'obscur, du flou et de l'infâme ou de l'incontrôlable.
Le doute est devenu le lieu des perfidies, de
la méfiance et pis, de l'insinuation. Le mensonge est naïf : ne plus rien
travestir, simplement inventer le plus bas, le plus sale, imaginer l'infect…
Plus besoin de penser, il suffit de cracher. Le doute alors agit non plus pour
avancer, créer, améliorer. Le doute est devenu le prêtre de la nuit où plus
rien ne semble être ni le vrai ni l'envers. L'armement évolue. On passe
allègrement des missiles aux missives où tout peut être dit pourvu qu'il soit
choquant, excessif ou plausible et surtout qu'il abime.
Si cela est demain, il vaudrait alors mieux
briser plumes et claviers, brûler les logiciels, enterrer les hard-wares.
Infernale est la guerre où tout est à la fois possible ou impossible, réel ou
inventé, crédible ou incroyable. Qui serons-nous alors? Ceux que vraiment nous sommes
ou que nous croyons être? Les autres seront-ils ceux que les autres sont ou que
nous faisons être?
© andré elleboudt
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire