samedi 31 octobre 2015

... n'ont qu'à faire un effort...

 Résultat de recherche d'images pour "migrations"

Il s'agit simplement d'apprendre, en peu de temps,
le langage courant de ceux qui les accueillent…
ces humains en errance, êtres en désespérance.
Sur un décret d'État, cela semble évident.
A bien y réfléchir, un des travaux d'Hercule.

Car là où nous naissons, nous devenons chacun
les enfants naturels des langues maternelles.
Les mots nous constituent. Imaginons un peu…

Maîtriser tous les mots du quotidien de l'autre,
de celui qui accueille, ses images et nuances.
Les mots de subsistance, du manger et du boire,
les noms de fruits, de plats; maîtriser les coutumes,
les usages et les termes d'un autre savoir-vivre.
Les mots de la rencontre, ceux de l'abord cordial,
ce que dit l'entretien, habille les retrouvailles
et ponctue l'amitié. Simplement être avec.
Les mots de la culture de l'autre et de sa vie;
son passé, ses projets, la saveur poétique,
ce qui le rend unique et permet l'empathie.
Et autant de manières de narrer son humeur,
de traduire joies et peines, de pleurer sa tristesse.
Les mots de la nature, du temps que l'on prévoit.
Et comment formuler, sur soi, l'effet du temps,
la force des saisons? Comment se dire ému
de la beauté du ciel, du parfum de la fleur?
Les mots de la technique quand on quitte effrayé
et débarque ébahi dans un univers neuf
sans glossaire éclairant, ignorant de l'usage.
Et puis dire qu'on est bien quand on sort du carnage,
que l'on voudrait aimer quand on a vu la haine:
c'est quoi un mot d'amour, comment le murmurer?
Et ce qu'on a quitté, les siens, les choses à soi,
ses secrets de famille, photos et souvenirs?
Dans quoi les transporter quand on a tout laissé?
Comment dire sa misère et sa joie d'être là
partagé cependant entre doute et espoir?
Il suffit simplement d'apprendre, en peu de temps,
le langage courant de ceux qui les accueillent…

Ce doit être cela, s'intégrer vite et bien
à ce que l'on dit être l'Europe tendant ses bras.
Avez-vous essayé, librement, de tenter
ce que nous appelons, assurément, sans rire
parcours d'intégration…?

Oh mais, faut pas pousser, n'ont qu'à faire un effort.

  
© andré elleboudt

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